3. L'abandon de Jussieu et le déménagement de Paris VI : une solution irréaliste ?

a) Un programme de mise en sécurité et de rénovation encore relativement peu avancé

Comme le rappelait le président du comité anti-amiante de Jussieu dans une lettre ouverte au président de la République, en juillet 2002, afin de stigmatiser l'extrême lenteur des travaux, force est de constater que cinq ans après la création de l'EPCJ, seuls 2,5 % de la surface à traiter ont été désamiantés, mis aux normes de sécurité et livrés à Paris VI, et que des travaux n'ont été engagés que sur 17,5 % des surfaces.

Après revalorisation de l'enveloppe prévisionnelle commandée par l'accélération du chantier, décidée en interministériel le 14 novembre 2001, pour un montant de 681 millions d'euros (soit plus de 4,4 milliards de francs), les crédits engagés à la fin 2002, s'élevaient respectivement à 212,5 millions d'euros et les crédits mandatés à 137,5 millions d'euros. 82( * )

Au total, au 31 décembre 2002, moins du tiers des crédits étaient engagés et un peu plus du cinquième de ces crédits étaient mandatés.


Le déplacement sur site de la mission lui a permis de prendre la hauteur nécessaire sur ce dossier : du haut de la tour administrative, elle a pris la mesure du caractère monumental du campus, des dimensions des bâtiments en forme de quadrilatère et des 22 cours à rénover, des travaux effectués et surtout de l'ampleur de ceux à réaliser jusqu'à la fin de la décennie.

Si les travaux en cours apparaissent en effet spectaculaires au sol, leur réalité en altitude est tout autre...

On rappellera à cet égard que le campus de Jussieu comporte 37 barres, une tour monumentale, un socle qui regroupe des locaux en rez-de-chaussée et en sous-sols.

Depuis le début des travaux en 1998, une barre prototype désamiantée et rénovée a été remise en service à la fin 2000, trois barres devaient être livrées fin 2002 et les quatre dernières barres de ce secteur, dit des techniciens, devraient être livrées après désamiantage et rénovation en juillet 2003.

Au total, 8 barres auront été livrées en 2003, et 18 nouvelles barres devraient être mises en chantier sur la période 2003-2006. L'engagement des opérations de mise en sécurité et de rénovation sur les barres restantes est commandé par le déménagement complet de Paris VII sur la ZAC Rive gauche, prévu à la rentrée 2005, les barres de Cassan devant être sécurisées contre l'incendie et remodelées en 2008, tandis que les opérations de désamiantage sur la tour devraient commencer à la rentrée 2003, après déménagement des services administratifs dans l'immeuble RFF en février, et dans l'immeuble rue Voltaire en avril.

Force est donc de constater que le programme du sécurisation et de réhabilitation du campus de Jussieu n'est que très partiellement engagé et que sa réalisation totale n'a rien d'inéluctable pour peu qu'une volonté se manifeste pour stopper les opérations en cours et programmées, et reloger Paris VI dans des conditions rapides et satisfaisantes.

b) Un nouveau pôle scientifique à la Villette ?

Comme il a été dit, le transfert de Jussieu et de Paris VII a été envisagé il y a quelques années par M. Claude Allègre et par le rapport Payan, qui prévoyait la création d'un grand pôle scientifique à la Villette.

D'après les indications qui ont été fournies à la mission, un nouveau pôle scientifique disposant de 60 000 m 2 pourrait être envisagé pour accueillir, provisoirement ou non, une partie des locaux scientifiques de Paris VI. Son coût serait de l'ordre de 900 millions de francs, hors foncier, qui pourrait être apporté par la Ville -qui n'est pour l'instant que « spectateur » dans l'opération Jussieu-, celle-ci disposant de terrains disponibles dans le              &n bsp;

XIXe arrondissement, notamment sur le site de l'ancien Hôpital Claude Bernard, boulevard Macdonald. Un consortium d'entreprises serait en mesure de mener à bien les constructions et de livrer les bâtiments à Paris VI en quatre ans, soit bien avant le terme prévu du programme de rénovation de Jussieu...

Cette solution permettrait de libérer plus rapidement l'ensemble des locaux dangereux et amiantés, qui pourraient être démolis au profit de la reconstruction de bâtiments neufs pour Paris VI, et d'une valorisation des terrains ainsi libérés permettant d'équilibrer financièrement l'opération.

Une telle formule permettrait, conformément aux souhaits d'une partie de la communauté des enseignants-chercheurs parisiens, de préserver le potentiel de recherche de la capitale, en maintenant la première université scientifique française à Paris.

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