C. LE MODE DE FONCTIONNEMENT DU COMPTE : EFFET DE PROFIL ET EFFET DE SOLDE
Le
compte d'avances sur impôts locaux suscite une triple charge pour
l'Etat :
- une
charge budgétaire
liée aux
dégrèvements ordinaires et admissions en non-valeur ;
- une
charge de trésorerie
, découlant du décalage
temporel entre les emplois du compte, étalés sur les douze mois
de l'année, et ses ressources, survenant de manière beaucoup
moins régulière (
« effet de
profil »)
;
- une
charge au statut hybride
, entraînée par les
déficits répétés subis par le compte en fin
d'exercice entre 1978 et 1996 (
« effet de solde »).
1. L'effet de profil : la moitié des recettes recouvrées sur les trois derniers mois de l'année
a) Présentation de l'effet de profil
Avances aux collectivités locales et recouvrements des impôts directs locaux évoluent dans le courant de l'exercice selon un calendrier distinct. Les avances sont versées par douzième chaque mois. Les impôts directs locaux sont recouvrés, plutôt en fin d'année selon le tableau ci-dessous.
Date de recouvrement des impôts locaux
|
DATES (Métropole et DOM) |
|||
Rôles généraux |
Mise en recouvrement |
Majoration |
||
Taxes Foncières |
31 août |
15 octobre |
||
Taxe d'Habitation |
1 ère émission |
2 ème émission |
1 ère émission |
2 ème émission |
30 septembre |
31 octobre |
15 novembre |
15 décembre |
|
Taxe sur les Logements Vacants |
31 octobre |
15 décembre |
||
Taxe professionnelle |
31 octobre |
15 décembre |
Le profil du compte d'avances pour l'année 2002 illustre le décalage entre recettes et dépenses :
Évolution mensuelle du compte d'avances des collectivités locales en 2002
(en
millions d'euros)
En dépenses, la courbe des avances est évidemment très
régulière. En recettes, la courbe est plus heurtée :
seul le produit provenant des contribuables mensualisés est porté
en crédit du compte entre janvier et mai. Au 15 juin est
versé par les entreprises un acompte sur leur taxe professionnelle
égal à 50 %, au-delà d'un montant de 3.000 euros.
C'est seulement en fin d'année que le rythme de recouvrement des
impôts locaux s'accélère.
Plus de la moitié des
recettes du compte sont recouvrées dans les trois derniers mois de
l'année.
Évolution du solde entre avances et crédit sur le compte 903-54 en 2002
(en millions d'euros)
|
AVANCES |
CREDIT |
SOLDE |
Janvier |
4 407 |
1 678 |
-2 729 |
Février |
8 883 |
3 063 |
-5 820 |
Mars |
13 325 |
4 776 |
-8 549 |
Avril |
17 774 |
5 700 |
-12 074 |
Mai |
22 471 |
6 907 |
-15 564 |
Juin |
27 122 |
15 505 |
-11 617 |
Juillet |
31 789 |
17 919 |
-13 870 |
Août |
36 314 |
19 626 |
-16 688 |
Septembre |
40 754 |
22 212 |
-18 542 |
Octobre |
45 334 |
38 563 |
-6 771 |
Novembre |
50 226 |
44 617 |
-5 609 |
Décembre |
56 221 |
56 566 |
345 |
Le décalage calendaire entre recettes et dépenses a un coût en trésorerie pour l'État. Celui-ci s'efforce de réduire ce coût au moyen de deux instruments permettant de lisser les recettes : la mensualisation et le prélèvement à échéance.
b) La progression du taux de mensualisation et du prélèvement à échéance
Le taux de mensualisation du paiement de l'impôt progresse continuellement en France. Toutefois, alors que ce taux est supérieur à 55 % pour l'impôt sur le revenu, le taux de mensualisation reste faible pour les impôts locaux malgré des progrès récents. Il est de 27,34 % pour la taxe d'habitation, 19,90 % pour la taxe foncière et de seulement 2,95 % pour la taxe professionnelle.
Taux de mensualisation par type d'impôt local
|
Taxe d'habitation |
Taxes foncières |
Taxe professionnelle |
au 31/12/1992 |
13,75 |
- |
- |
au 31/12/1993 |
16,51 |
8,37 |
- |
au 31/12/1994 |
19,09 |
10,21 |
- |
au 31/12/1995 |
21,32 |
12,70 |
- |
au 31/12/1996 |
23,16 |
14,76 |
1,73 |
au 31/12/1997 |
24,36 |
16,26 |
2,13 |
au 31/12/1998 |
24,95 |
17,34 |
2,29 |
au 31/12/1999 |
25,80 |
18,31 |
2,47 |
au 31/12/2000 |
28,22 |
19,32 |
2,74 |
au 31/12/2001 |
27,28 |
19,34 |
2,69 |
au 31/12/2002 |
27,34 |
19,90 |
2,95 |
Évolution des taux de mensualisation
(en %)
L'évolution illustrée par le graphique
ci-dessus, si
elle est sans doute trop lente, ne peut qu'être favorable au compte
d'avances et résorber une part de l'effet de profil.
De même, l'autorisation de prélèvement automatique à
la date limite de paiement a un impact positif sur le profil de compte
d'avances puisqu'elle permet d'avancer significativement la date de
recouvrement effectif de l'impôt.
Taux de prélèvement à la date limite de paiement
|
Taxe d'habitation |
Taxes foncières |
Taxe professionnelle |
au 31/12/2002 |
3,69 |
4,08 |
3,13 |
c) L'absence de résorption de l'effet de profil
Malgré ces efforts, votre rapporteur spécial constate que l'effet de profil ne s'est pas résorbé au cours des dernières années, bien au contraire :
L'évolution de l'effet de profil entre 1994 et 2002
(en millions d'euros)
Une
analyse infra-annuelle du solde du compte d'avances pour les année 1994,
1998 et 2002 montre que le solde des premiers mois de l'année, jusqu'en
septembre, a eu tendance à s'aggraver entre 1994 et 2002. En revanche,
des progrès ont été accomplis en fin d'année :
le profil du compte se redresse beaucoup plus fortement en 2002 qu'en 1998, en
1998 qu'en 1994. L'impact de la mensualisation et du taux de
prélèvement à la date limite de paiement n'est donc pas
aussi significatif que l'on pourrait le penser sur le profil du compte.
Les
progrès de la mensualisation ne compensent pas en effet les effets de
l'augmentation des impôts directs locaux sur le fonctionnement du compte.
Le tableau ci-dessous présente les taux de prélèvement
moyen depuis 1993 pour les quatre taxes directes locales :
Taux
de prélèvement moyen pour la taxe d'habitation, la taxe sur le
foncier bâti et non bâti et la taxe professionnelle
Dans les
premiers mois de l'année, la prise en compte de l'augmentation de la
fiscalité dans le versement des douzièmes aux
collectivités locales est très rapide ; en revanche, en
recettes, les contribuables mensualisés effectuent leurs versements sur
la base de leur imposition de l'année précédente
jusqu'à octobre ; la régularisation n'est effectuée
qu'en fin d'année.
La tendance à la hausse
5(
*
)
de la fiscalité locale a donc
joué sur le profil du compte d'avances en sens inverse des efforts de
l'administration fiscale pour développer la mensualisation.
d) Le coût de l'effet de profil
Le coût de l'effet de profil peut être chiffré avec précision : il dépend à la fois du solde infra-annuel du compte d'avances et du coût de la recette marginale dont l'évolution en 2002 aura été particulièrement favorable. Le coût de la recette marginale correspond au taux d'intérêt moyen des bons du Trésor à taux fixe (BTF) émis au cours de chaque année de référence.
Évolution du coût de la recette marginale (en %)
|
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
Coût de la recette marginale |
8,74 |
5,70 |
6,35 |
3,73 |
3,24 |
3,35 |
2,74 |
4,19 |
4,03 |
3,14 |
Source : direction du Trésor
Coût de l'effet de profil en 2002
|
Solde mensuel (M €) |
Taux annuel (%) |
Taux mensuel (%) |
Coût ou gain en trésorerie (M €) |
Janvier |
- 2 729 |
3,29 % |
0,27 % |
- 7 |
Février |
- 5 820 |
3,32 % |
0,28% |
- 16 |
Mars |
- 8 549 |
3,41 % |
0,28% |
- 24 |
Avril |
- 12 074 |
3,46 % |
0,29% |
- 35 |
Mai |
- 15 564 |
3,51 % |
0,29% |
- 45 |
Juin |
- 11 617 |
3,51 % |
0,29% |
- 34 |
Juillet |
- 13 870 |
3,36 % |
0,28% |
- 39 |
Août |
- 16 688 |
3,26 % |
0,27% |
- 45 |
Septembre |
- 18 542 |
3,15 % |
0,26% |
- 49 |
Octobre |
- 6 771 |
3,03 % |
0,25% |
- 17 |
Novembre |
- 5 609 |
2,94 % |
0,24% |
- 14 |
Décembre |
345 |
2,78 % |
0,23% |
1 |
Total |
|
|
|
- 325 |
Le
coût de trésorerie pour l'Etat du compte d'avances aux
collectivités locale se sera élevé pour l'exercice 2002
à 325 millions d'euros, contre 393 millions d'euros en 2001 et
394 millions d'euros en 2000.
Le graphique ci-dessous
montre l'intérêt pour l'Etat
d'améliorer le recouvrement des impôts locaux dans les premiers
mois de l'année et de mieux lisser les rentrées fiscales :
Évolution du solde du compte d'avances et coût lié à l'effet de profil en 2002
(en millions d'euros)
2. L'effet de solde : déficit courant et déficits antérieurs
Le compte d'avances devrait, en théorie, être parfaitement équilibré. En effet, toute émission de rôle au titre d'une année N devrait donner lieu, au cours de cette même année N, à recouvrement, dégrèvement ou admission en non-valeur (constatation de créances fiscales irrécupérables).
a) Les causes de l'effet de solde
En réalité, votre rapporteur spécial l'a évoqué plus haut, tous les impôts émis au titre d'une année N ne sont pas susceptibles d'être recouvrés au cours de cette même année : certains contribuables n'acquittent que très tardivement leur cotisation et les rôles ne sont parfois recouvrables que lors de l'exercice suivant (lorsqu'ils sont émis en décembre). A supposer que le taux de recouvrement reste constant et que le produit voté reste stable, ce point devrait rester sans incidence sur le compte d'avances.
Illustration
- le
produit voté total est égal à 100 en N-2, N-1 et N ;
- le taux de recouvrement s'établit à 90 % au titre des
impôts de N, à 50 % des restes à recouvrer au titre de
N-1 et à 25 % de ces restes au titre de N-2 ;
- en N devraient être recouvrés :
100 * 0,90 au titre de N = 90,
10 * 0,5 au titre de N-1 = 5,
5 * 0,25 au titre de N-2 = 2,5,
- ainsi, en 1990, 97,5 devraient être recouvrés, les 2,5 restants
étant admis en non-valeur (puisqu'il n'y a pas eu de recouvrement au
bout de trois ans) ;
- le total recouvré en N (ou admis en non-valeur ou
dégrevé) est donc égal au produit voté, soit 100.
Ce cas idéal a été perturbé, pour l'essentiel
depuis les lois de décentralisation, par l'augmentation du produit
voté. Si le produit voté augmente en effet, les recouvrements
opérés au titre des années antérieures sont, par
construction, d'un montant insuffisant pour équilibrer les manques
à gagner imputables au caractère partiel du recouvrement au titre
de l'année N : 10 % d'une somme égale par exemple
à 110 (ces 10 % représentant la fraction non
recouvrée du produit voté de l'année N) sont,
mécaniquement, supérieurs à 5 % d'une somme
égale à 105 (produit voté de N-1) auxquels s'ajoutent
5 % d'une somme égale à 100 (produit voté de N-2).
Le compte d'avances a dès lors été considéré
comme structurellement déficitaire par les spécialistes des
finances publiques
6(
*
)
.
Historiquement, cela n'a pas pourtant pas toujours été le
cas.
Outre l'évolution du produit voté, à la hausse ou
à la baisse, une autre variable doit être prise en
considération : l'évolution du taux de recouvrement qui
entraîne mécaniquement, à la hausse ou à la baisse
par rapport aux exercices antérieurs, les mêmes effets de solde.
Solde annuel du compte d'avances aux collectivités locales
(en millions d'euros)
En pourcentage des dépenses du
compte d'avance d'avances, les
déficits annuels ont d'ailleurs rarement évolué
en-deçà des - 3 à - 4 %, les
excédents restant eux-aussi modérés, en-dessous des
2 %.
Solde annuel en % des dépenses du compte
b) Les déficits antérieurs et le statut du culot
Néanmoins a été posée la question du statut du solde du compte d'avances aux collectivités locales, et surtout du solde cumulé, le « culot ».
Évolution du solde et du culot du compte d'avances
(en millions d'euros)
|
AVANCES |
Variation des avances |
RECETTES |
Variation des recettes |
SOLDE |
solde / avances |
CULOT |
Variation du culot |
1993 |
40 607 |
9,5 % |
39 119 |
10,0 % |
- 1 489 |
- 3,67 % |
-13 377 |
12,5 % |
1994 |
43 949 |
8,2 % |
42 390 |
8,4 % |
- 1 559 |
- 3,55 % |
-14 936 |
11,7 % |
1995 |
46 268 |
5,3 % |
43 934 |
3,6 % |
- 2 334 |
- 5,04 % |
-17 270 |
15,6 % |
1996 |
49 538 |
7,1 % |
49 834 |
13,4 % |
295 |
0,60 % |
-16 975 |
- 1,7 % |
1997 |
51 919 |
4,8 % |
51 942 |
4,2 % |
23 |
0,04 % |
-16 952 |
- 0,1 % |
1998 |
54 076 |
4,2 % |
54 161 |
4,3 % |
85 |
0,16 % |
-16 867 |
- 0,5 % |
1999 |
54 776 |
1,3 % |
55 421 |
2,3 % |
645 |
1,18 % |
-16 222 |
- 3,8 % |
2000 |
55 649 |
1,6 % |
56 731 |
2,4 % |
1 082 |
1,94 % |
-15 140 |
- 6,7 % |
2001 |
55 137 |
- 0,9 % |
55 437 |
- 2,3 % |
300 |
0,54 % |
-14 841 |
- 2,0 % |
2002 |
56 221 |
2,0 % |
56 566 |
2,0 % |
345 |
0,61 % |
-14 496 |
- 2,3 % |
Comme le
soulignait votre rapporteur spécial dans son rapport d'information de
1989 sur la gestion de trésorerie des collectivités locales,
«
le déficit de fin d'année n'est pas repris en
charge de l'exercice suivant ; son statut comptable est donc ambigu :
on peut soit considérer qu'il s'agit d'une charge budgétaire
définitive, imputable à chaque exercice, soit estimer que le
montant cumulé des déficits (le « culot » du
compte) constitue une créance de l'Etat sur les contribuables locaux et
que la détention de cette créance implique une charge de
trésorerie
».
Sur le plan comptable, le
déficit ou l'excédent du compte,
qui entre dans le calcul du solde d'exécution budgétaire, n'est
pas pris en compte au titre des découverts du Trésor. Il est
reporté d'année en année dans une classe de compte
particulière : la classe 0 « résultats des lois de
règlements et compte d'ordre ». A l'intérieur de la
classe 0, les subdivisions du compte 03 enregistrent le solde cumulé au
31 décembre de chacun des comptes spéciaux en activité
(compte 039.0354 pour le compte d'avances 903-54).
Quelle est la signification en trésorerie du culot ?
Celui-ci
correspond aux restes à recouvrer
, sauf durant la période
1974-1977 où la réforme de la taxe professionnelle et où
une grève des agents des services fiscaux ont fortement
altéré le fonctionnement du compte. Ceci signifie que
mécaniquement, les restes à recouvrer doivent conduire, soit
à un recouvrement effectif, soit à un dégrèvement
ou une admission en non-valeur. Dans les deux cas, il y a bien versement en
recettes des restes à recouvrer sur le compte d'avances. Le culot
devrait donc être limité en volume ; s'il ne l'est pas, c'est
parce que la comptabilité publique a omis de passer les écritures
permettant de conduire pour un certain nombre d'impositions à des
admissions en non-valeur. Le culot n'a pas été
« apuré » et porte donc les scories d'exercices
passés.
Certes, le solde du compte d'avances entraîne une variation du
déficit budgétaire de l'Etat, celui-ci devant être
financé par la dette. L'endettement de l'Etat au titre des soldes
successifs du compte pourrait avoir comme contrepartie une créance
détenue sur les collectivités locales au titre du régime
des avances par douzièmes.
Encore faudrait-il que le montant du compte d'avances soit incontestable. Ceci
n'est pas le cas pour plusieurs raisons : le culot comprend encore des
restes à recouvrer anciens, antérieurs à 1957, dont la
signification au regard de l'érosion monétaire sur la
période est limitée. Il existe, comme le montre les courbes
ci-dessus, des années « aberrantes » comme
l'année 1974. Enfin, jusqu'en 1996, les services locaux du Trésor
ne distinguaient pas les impôts locaux des impôts des impôts
d'Etat. Les taux de recouvrement étaient évalués sur une
base forfaitaire commune. La prise en compte en 1996 du taux de recouvrement
des impôts locaux sur une base réelle a amélioré le
solde du compte de 600 millions d'euros. On peut imaginer par
« rétropolation » ce qu'aurait été le
solde « exact » du compte si le taux de recouvrement
n'avait pas été calculé de manière forfaitaire...
Évolution des taux de recouvrement depuis 1957
répartis entre recouvrements sur impositions de l'année et restes
à recouvrer
3. Quelle charge globale pour l'Etat ?
Pour les
raisons évoquées plus haut, la charge pour l'Etat liée
à l'existence du compte d'avances est difficile à évaluer.
Votre rapporteur spécial propose dans le présent rapport deux
évaluations, l'une tenant simplement compte du solde, ce qui lui
paraît être la méthode la plus cohérente, l'autre
prenant en compte le culot.
En plus des coûts liés au profil et au solde du compte, qui
permettent aux communes, départements et régions de disposer de
ressources de trésorerie régulières quelque soit le rythme
de rentrée des recettes fiscales, l'État assume la charge de la
garantie accordée aux collectivités locales de recevoir
intégralement le produit qu'elles ont votés, à travers
d'une part les
frais liés aux dégrèvements et
admissions en non-valeur
et d'autre part les
frais d'assiette, de
contrôle et de recouvrement
.
a) Le coût des admissions en non-valeur
Depuis 1998, les coûts liés aux admissions en non-valeur en matière d'impôts locaux sont connus avec précision :
Admission en non-valeur en matière de fiscalité directe locale
(en millions d'euros)
|
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
Admissions en non-valeur |
592 |
669 |
629 |
565 |
461 |
b) Le coût des dégrèvements ordinaires
En ce qui concerne les dégrèvements ordinaires en matière de fiscalité directe locale, ceux-ci ont évolué ainsi depuis 1993 :
Dégrèvements ordinaires en matière de fiscalité directe locale
(en millions d'euros)
|
Dégrèvements de taxe d'habitation autres que législatifs |
Dégrèvements de taxe foncière autres que législatifs |
Dégrèvements de taxe professionnelle autres que législatifs |
1993 |
407 |
140 |
1076 |
1994 |
378 |
190 |
1138 |
1995 |
385 |
270 |
1210 |
1996 |
415 |
276 |
1092 |
1997 |
444 |
320 |
1112 |
1998 |
471 |
281 |
1117 |
1999 |
423 |
294 |
983 |
2000 |
333 |
351 |
954 |
2001 |
264 |
373 |
882 |
2002 |
326 |
429 |
882 |
c) Les coûts d'assiette et de recouvrement
Les
progrès de la comptabilité analytique permettent de mieux
identifier les
coût liés à l'établissement de
l'assiette et au recouvrement des impôts directs locaux
.
Pour l'assiette et le contrôle, qui dépendent de la Direction
générale des impôts (DGI), les coûts sont
présentés dans le tableau suivant :
Coût brut de gestion d'assiette et de contrôle des impôts locaux
(en millions d'euros)
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
629,89 |
638,18 |
641,03 |
672,96 |
708,51 |
694,57 |
Par
ailleurs, le réseau du Trésor public effectue le recouvrement
indifférencié de l'ensemble des impôts sur rôles,
qu'ils soient perçus au profit de l'Etat (impôt sur le revenu) ou
au profit des collectivités locales (taxe d'habitation, taxes
foncières, taxe professionnelle).
Pour autant, les progrès méthodologiques enregistrés dans
la connaissance des coûts permettent désormais à la
direction générale de la comptabilité publique, depuis
1999, de procéder à une estimation annuelle des coûts de
gestion relatifs au recouvrement de chaque impôt. La démarche de
nature analytique mise en oeuvre à cet effet permet ainsi
d'évaluer les coûts complets du recouvrement des impôts
directs locaux. Ces informations sont publiées dans le
« bleu » budgétaire du ministère de
l'économie des finances et de l'industrie du projet de loi de finances.
Cette estimation aboutit aux résultats suivants au titre des quatre
dernières années :
Coûts complets du recouvrement
(en millions d'euros)
|
1999 |
2000 |
2001 7( * ) |
2002 |
Taxe d'habitation |
207 |
222 |
226,66 |
234,05 |
Taxes foncières |
150 |
154 |
202,68 |
207,26 |
Taxe professionnelle |
49 |
52 |
53,09 |
56,68 |
Ensemble |
406 |
428 |
482,43 |
497,99 |
L'augmentation constatée entre 1999 et 2000 pour le coût de recouvrement tient notamment à la prise en compte dans les calculs de l'année 2000 des frais de poursuites par voie d'huissiers liquidés sur le budget des charges communes, qui n'étaient jusqu'alors pas intégrés.
d) Les prélèvements de l'Etat pour frais d'assiette et pour dégrèvements
En
contrepartie de ces charges, l'Etat perçoit sur les montants qu'il
recouvre au profit des collectivités locales des frais d'assiette et de
recouvrement, des frais de dégrèvement et de non-valeurs, par
application des dispositions de l'article 1641 du code général
des impôts. Les cotisations de fiscalité locale demandées
aux contribuables sont ainsi majorées et la majoration imputée au
budget général sans passer par le compte d'avances.
Ainsi, l'Etat perçoit
3,6 %
pour frais de
dégrèvement et de non-valeurs (article 1641-I du code
général des impôts) du montant des taxes perçues au
profit des collectivités locales et de leurs groupements.
En matière de taxe d'habitation, ce prélèvement de
3,60 % supprimé en 1982, a été rétabli
à compter de 1989 pour les impositions affectées uniquement aux
locaux meublés non affectés à l'habitation principale.
Le tableau ci-dessous présente depuis 1993 le montant des frais de
dégrèvements et non-valeurs :
Frais perçus en matière de dégrèvements et de non-valeur
(en milliards d'euros)
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
1,17 |
1,28 |
1,38 |
1,46 |
1,54 |
1,6 |
1,61 |
1,63 |
1,63 |
1,66 |
Ces
montants sont hors majorations FNPTP, hors prélèvements sur
valeurs locatives de taxe d'habitation, hors rôles supplémentaires
au profit de l'Etat et hors reversements de dégrèvements indus et
cotisations transférés au nom du redevable légal.
S'agissant des frais d'assiette et de recouvrement (article 1641-II du code
général des impôts), l'Etat prélève
4,4 %
du montant de la taxe professionnelle, de la taxe
d'habitation et des taxes foncières et notamment de la taxe
d'enlèvement des ordures ménagères au profit des
collectivités locales et de leurs groupements.
Le tableau ci-dessous présente depuis 1993 le montant des frais
d'assiette et de recouvrement :
Frais d'assiette et de recouvrement
(en milliards d'euros)
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
1,76 |
1,91 |
2,06 |
2,2 |
2,3 |
2,4 |
2,44 |
2,47 |
2,45 |
2,5 |
e) Une charge pour l'Etat négative en 2002
Au
total, la charge pour l'Etat liée au compte d'avances s'élevait
en 2002 à :
Méthode 1 (prise en compte du solde)
Charge brute (en millions d'euros) :
- effet de profil :
325
- effet de solde : (-) 345
- admissions en non-valeur :
461
- dégrèvements ordinaires : 1.637
- assiette et
recouvrement : 1.192,56
Total : 3.152,56 millions d'euros
Charge nette (en millions d'euros) :
- charge brute :
3.152,56
- prélèvement de l'Etat pour
dégrèvement et non-valeur : 1.664
-
prélèvement de l'Etat pour frais d'assiette et
recouvrement : 2.497
Total : - 890,44 millions d'euros
Avec cette méthode, la charge nette pour l'Etat liée au compte
d'avances est fortement négative de 890,44 millions d'euros.
Méthode 2 (prise en compte du culot)
Charge brute (en millions d'euros) :
- effet de profil :
325
- effet de solde : 455,17 (14.496 (culot) * 3,14 % (recette
marginale du Trésor de l'année)
- admissions en
non-valeur : 461
- dégrèvements ordinaires :
1.519
- assiette et recouvrement : 1.192,56
Total : 3.952,73 millions d'euros
Charge nette (en millions d'euros) :
- charge brute :
3.952,73
- prélèvement de l'Etat pour
dégrèvement et non-valeur : 1.630
-
prélèvement de l'Etat pour frais d'assiette et
recouvrement : 2.450
Total : - 90,27 millions d'euros
Avec cette méthode, la charge nette pour l'Etat liée au compte
d'avances reste négative de 90,27 millions d'euros.
Sur une période de trois années, la charge pour l'Etat
liée au fonctionnement du compte d'avances est la suivante :
Méthode 1 (prise en compte du solde)
|
2000 |
2001 |
2002 |
Charge brute |
2 679,96 |
3 367,94 |
3 152,56 |
Charge nette |
- 1 420,04 |
- 712,06 |
- 890,44 |
Méthode 2 (prise en compte du culot)
|
2000 |
2001 |
2002 |
Charge brute |
4 360,06 |
4 302,31 |
3 952,73 |
Charge nette |
260,06 |
222,31 |
- 90,27 |
En la matière, l'évolution à la baisse des taux d'intérêt joue à plein et participe à la résorption de la charge nette supportée par l'Etat à raison du fonctionnement du compte d'avances. La charge nette a même été négative en 2002 8( * ) .