2. La moindre efficacité des politiques de soutien public

Ces évolutions réduisent ainsi l'efficacité des outils et leur bonne adaptation aux problématiques locales. Mais la concurrence des territoires et des organismes de soutien affecte aussi la pertinence des solutions proposées, de même que l'impossibilité de s'adosser aux grandes entreprises publiques.

a) La banalisation et le manque de pertinence des offres de conversion

Compte tenu de la multiplication des bassins industriels en crise et de leur caractère diffus, l'Etat ne crée plus de dispositifs fiscaux ou sociaux d'exception. Dès lors, la concurrence entre les sociétés de conversion d'une part, et entre les collectivités locales d'autre part, rend difficile la distinction des bassins d'emplois prioritaires . La différenciation entre les territoires en reconversion et les territoires de droit commun se réduit. L'effort de solidarité nationale au profit d'un territoire disparaît, avec pour effet une moindre attractivité des projets mobiles dans les territoires les plus en difficulté .

De plus, la multiplication des projets et leur mise en concurrence aboutit paradoxalement à une banalisation des prestations . En effet, bien des mesures proposées manquent de pertinence au regard des conditions objectives de développement du site. Ainsi, par exemple, l'appui à la réalisation de nouvelles zones logistiques ou industrielles apparaît systématiquement parmi les mesures de reconversion, au détriment d'une réflexion plus orientée vers de nouvelles activités, notamment tertiaires.

Les bassins industriels de Picardie et Champagne-Ardenne, comme Givet, Charleville-Mézières, Soissons, Laon, Troyes, Saint-Dizier, ont été récemment affectés par des pertes d'emploi et ne disposent pas de zones d'activités. Toutefois la programmation de plusieurs centaines d'hectares de nouvelles zones s'ajoutant à des projets locaux (Vatry, Amiens) déjà engagés et souvent mieux conçus, n'est pas fondée sur des prévisions d'une demande économique effective.

Dès lors, le risque existe d'une offre pléthorique de zones dont les coûts de réalisation auront absorbé une part essentielle de l'effort de reconversion, ce qui, à la fois, réduit les moyens permettant un repositionnement de ces bassins dans des activités à plus forte valeur ajoutée et empêche une saine différenciation des sites. Le directeur de CAP Développement, agence de développement du département de l'Aisne, souligne à cet égard que « les élus et les populations acceptent de financer des zones et la prospection aléatoire de projets industriels et logistiques mais ne sont pas prêts à entendre que la mutation vers les services serait plus porteuse » .

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