II. UNE RÉELLE PROFESSIONALISATION DES MÉTHODES PÉDAGOGIQUES

De par sa technicité et son caractère éminemment pratique, la gestion requiert une pédagogie adaptée pour une assimilation réussie et une mise en oeuvre opérationnelle immédiate. La complexité de la gestion appliquée à la justice (nouvelles procédures induites par la LOLF, difficulté à maîtriser les dépenses afférentes aux frais de justice, multiplicité des acteurs...) accroît encore cette exigence.

Face à ce défi, la formation dispensée aux magistrats et aux greffiers en chef dans ce domaine se caractérise par un effort pédagogique certain et une bonne adaptation aux spécificités de la matière.

Si un point de référence devait être retenu, les écoles de commerce françaises pourraient constituer un étalon fiable. Or, sous cet angle et avec les contraintes qui lui sont propres, la formation à la gestion proposée aux magistrats et aux greffiers en chef soutient très honorablement la comparaison, en se rapprochant sur de nombreux points des méthodes de travail qui font le succès de ces écoles.

Au total, cette formation a su prendre le tournant de la modernité et de l'efficacité, notamment en tirant profit des compétences internes au ministère de la justice et en ayant judicieusement recours aux partenariats. Il convient, désormais, de soutenir cet effort en faveur d'une pédagogie adaptée aux exigences de la matière, tandis que le système d'évaluation des cours dispensés doit, pour sa part, être encore perfectionné .

A. LA PLACE PRÉPONDÉRANTE DES PRATICIENS DANS LA TRANSMISSION DU SAVOIR

Les praticiens de la gestion sont souvent, aussi, les meilleurs enseignants de cette matière. Vivant les problématiques budgétaires et utilisant au quotidien les outils à la disposition du gestionnaire, ils sont à même de bien les enseigner, d'en faire saisir l'importance au public à former et de transmettre les méthodes les plus efficaces pour traiter un problème donné.

Les formations à la gestion offerte aux auditeurs de justice, aux élèves de l'ENG, ainsi qu'en formation continue, tant à l'ENM, qu'à l'ENG ou dans les cours d'appel, reposent précisément largement sur l'intervention et l'expérience des praticiens.

1. Les magistrats, pivots de l'enseignement dispensé par l'ENM

A l'ENM, l'équipe pédagogique permanente est constituée de trente cinq magistrats, détachés pour trois ans renouvelables en qualité de chargés de formation. Ces chargés de formation permanents sont des magistrats à l'expérience confirmée et validée par sept d'exercice professionnel au minimum . Ils bénéficient, en outre, dès leur arrivée à l'école, et de façon régulière par la suite, d'une formation spécifique dans les domaines de l'ingénierie pédagogique et de formation. Le « centre nerveux » de la formation des auditeurs de justice et des magistrats est, donc, composé de professionnels, issus des juridictions, ayant fait le choix de transmettre leurs savoirs.

Cette équipe pédagogique est renforcée par des conférenciers occasionnels, issus des juridictions ou extérieurs au ministère de la justice, qui viennent partager leur expertise dans des domaines spécifiques. Ces intervenants extérieurs peuvent également être « directeurs d'étude », c'est-à-dire se voir confier la responsabilité de concevoir et de monter en pratique un module de formation.

La session de formation « Administration et justice, la justice dans l'Etat », proposée par l'ENM en formation continue tant aux magistrats qu'aux greffiers, illustre cette ouverture aux praticiens et la grande mixité des profils des intervenants. Composée de six séquences de deux jours, cette formation vise à offrir une ouverture à d'autres administrations, souvent confrontées à des préoccupations managériales comparables à celles des juridictions. Elle est co-dirigée, en 2006, par MM. Eric Négron, Président du tribunal de grande instance de Châteauroux, et Serge Vallemont, Ingénieur général honoraire des Ponts et Chaussées et ancien directeur du personnel au ministère de l'équipement. Interviennent au cours de cette session des représentants d'origines très diverses, tels que, notamment, MM. Jean-Marc Sauvé, alors Secrétaire général du gouvernement, Yves Cannac, Président de l'Observatoire de la dépense publique, Président de la commission Qualité des services publics (2003-2004) et membre de la commission d'évaluation des stratégies ministérielles de réforme, Jean-Marie Huet, directeur des affaires criminelles et des grâces, Dominique Charvet, Premier président de la cour d'appel de Chambéry, ou encore Mme Odile Pouchot, coordonnateur du SAR de la cour d'appel de Chambéry.

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