C. LE DÉFI MAJEUR DE L'EXODE RURAL

La croissance démographique, le faible dynamisme de l'agriculture, l'extrême faiblesse des infrastructures, le maintien des structures sociales traditionnelles et la grande pauvreté qui résulte de la combinaison de ces différents éléments sont à l'origine d' un exode rural important. Paradoxalement, les efforts de relance de la productivité agricole ne pourront conduire qu'à intensifier l'exode rural en direction des villes .

Les membres de la délégation ont interrogé plusieurs de leurs interlocuteurs indiens, et en particulier M. Montek Singh Ahluwalia, responsable de la commission du Plan, sur les conditions dans lesquelles cet exode rural allait se dérouler. Il ne semble pas y avoir de réponse très précise sur ce point.

M. Montek Singh Ahluwalia a considéré qu'il n'était pas envisageable que cet exode rural continue à se focaliser sur les grandes villes, qui connaissent déjà une croissance anarchique non maîtrisée se traduisant par la constitution de gigantesques bidonvilles. Il a donc émis le souhait que la croissance démographique se répartisse également sur les bourgs et les petites et moyennes villes. Les moyens par lesquels ce voeu serait exaucé ne sont pas apparus aux membres de la délégation.

La comparaison de la situation indienne avec l'exode rural qu'ont connu les pays développés ou celui que connaît la Chine ouvre des interrogations . En effet, la population active urbaine issue de l'exode rural trouve, traditionnellement, à s'employer dans les industries de main d'oeuvre ne demandant pas ou peu de qualification préalable. Or, l'Inde s'appuie proportionnellement moins sur l'industrie, pour assurer son décollage économique, que ne le prévoit le modèle classique. L'essor des services ne peut compenser ce moindre développement industriel, car il repose largement sur une demande de main d'oeuvre ayant une qualification minimale. La question de l'emploi, et donc de la survie de ces nouvelles masses urbaines, sera donc posée dans les années à venir.

D'ores et déjà, l'Inde peine à mettre en place un réel urbanisme de ses grandes villes. En effet, indépendamment même de la question cruciale du financement des investissements nécessaires, les plans d'urbanisme sont en permanence dépassés par l'extension des bidonvilles et les constructions illégales. S'ajoute également un grave problème de spéculation foncière. La délégation a pu ainsi constater que la ville entière de Bangalore était corsetée par des terrains gelés par leurs propriétaires à seule fin de spéculation.

Plusieurs membres de la délégation ont été frappés de l'ampleur du défi que représentait d'exode rural, et du contraste existant entre l'importance du défi et le caractère très général des réponses fournies par les interlocuteurs indiens sur ce point.

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