b) Les plaintes enregistrées dans le cadre de « l'espace public de débat » du ministère de la parité
Des publicités jugées dégradantes et vécues comme une atteinte au respect de la dignité de la personne humaine ont également été dénoncées dans le cadre de l' « espace public de débat » mis en place par le ministère de la parité à la suite de la déclaration commune avec le BVP de 2003 13 ( * ) .
Plus d'un millier de messages ont été enregistrés entre début février et fin 2004 dans le cadre de cet « espace public de débat » qui n'a pas été utilisé majoritairement par des associations et pas exclusivement par des femmes (un quart des participants étaient des hommes).
Ces plaintes concernaient pour la moitié des publicités diffusées par affichage, pour 11 % des publicités télévisées et pour 4 % seulement des publicités parues dans la presse. La question des couvertures de magazine affichées sur les devantures des kiosques a été soulevée, de même que celle des publicités véhiculées par Internet.
Un quart du total des plaintes a concerné les seules publicités pour des marques de lingerie.
38 % des publicités critiquées le sont pour des motifs de décence, mais moins de la moitié des publicités pour lingerie a été critiquée pour ces motifs (atteinte à la pudeur, hyper sexualisation de la nudité féminine...).
40 % des publicités critiquées l'ont été pour des motifs de discrimination. Un quart de ces publicités jugées discriminantes concernait des marques de lingerie ; dans ces publicités, c'est moins la vision du corps nu qui choquait que la présentation différenciée des corps de femmes et d'hommes et les références au rapport de domination/soumission.
Enfin, 18 % des publicités critiquées l'ont été pour des problèmes de violence. Il s'agit en général de violence symbolique. Certains messages ont dénoncé la pression psychologique sur les femmes qui se sentent obligées de se conformer à un modèle dominant d'esthétisme.
Surtout, de nombreuses contributions ont souligné que la fréquente représentation par voie d'affichage de femmes dénudées ou hyper sexualisées pouvait être interprétée comme une incitation à un moindre respect des femmes, voire à la violence, notamment sexuelle, à leur égard.
Or les consommateurs qui sont choqués par des publicités attentatoires à l'image de la femme ne sont pas toujours en mesure de réagir, faute de savoir à qui s'adresser et de connaître la possibilité de se plaindre auprès du BVP.
Pour faciliter les réactions des consommateurs confrontés à des publicités portant atteinte à l'image de la femme, le rapport de synthèse de « l'espace public de débat » avait recommandé que soit prévue l'obligation de faire figurer explicitement sur chaque affiche ou publicité dans la presse (au moins pour les campagnes nationales) la mention du nom et de l'adresse de l'annonceur, ainsi que, en accord avec celui-ci, les coordonnées du BVP, celui-ci étant habilité à recueillir des protestations de consommateurs.
* 13 Cf. la « synthèse de l'espace public de débat sur l'image des femmes dans la publicité », publiée par le ministère de la parité en mars 2005.