IV. LES RECOMMANDATIONS : POUR UNE VISION STRATÉGIQUE DE LA GESTION DU RISQUE TSUNAMI
A. DES ENJEUX CONSIDÉRABLES
Si la mise en place d'un système d'alerte aux tsunamis a pour principal objectif d'assurer la sécurité des populations en bord de littoral, d'autres enjeux économiques, géostratégiques et scientifiques importants sont associés à la participation française au dispositif d'alerte.
1. Les enjeux de sécurité
Ces enjeux ayant été déjà évoqués précédemment, votre rapporteur se contentera donc de rappeler que la France se glorifie de ses 10 millions de km² de zone économique exclusive répartis dans tous les océans, mais que cet essaimage territorial souligne sa vulnérabilité au risque de tsunami. La mise en place, au niveau international, de systèmes d'alerte aux tsunamis constitue donc une chance pour la France puisqu'elle permet d'assurer l'efficacité du dispositif en multipliant le nombre de données sismiques et marégraphiques à la disposition des Etats et de mutualiser les investissements en instrument de mesure.
Toutefois, compte tenu des enjeux de sécurité nationaux, elle a intérêt à jouer un rôle moteur au sein des groupes intergouvernementaux de coordination afin que les dispositifs d'alerte soient rapidement opérationnels et adaptés à ses contraintes de sécurité.
En outre, elle ne peut pas s'affranchir d'une réflexion au niveau national visant à définir l'architecture la plus adaptée pour protéger de manière efficace et à un coût acceptable l'ensemble de son littoral. Si, comme le souhaite votre rapporteur, la France créait un centre d'alerte aux tsunamis en Méditerranée, il faudrait s'assurer qu'il soit également en charge de la surveillance des côtes françaises dans l'océan Indien et dans les Caraïbes.
2. Les enjeux économiques
Les enjeux économiques ne doivent pas non plus être sous-estimés : le tourisme constitue une ressource fondamentale pour notre pays. Un tsunami dévastateur dont il apparaîtrait ultérieurement que les conséquences auraient pu être limitées en présence d'un système d'alerte opérationnel aurait un impact catastrophique sur la renommée de nos côtes.
A cet égard, votre rapporteur est persuadé que l'aversion au risque dans les sociétés développées ne fera que s'accroître, notamment en raison de leur confiance dans la science pour les protéger contre les catastrophes naturelles. Il faut donc cesser de croire que le fait de communiquer sur les risques entrave le développement économique mais, au contraire, replacer la notion d'aléa dans un cadre plus général et positif de politique de prévention des risques naturels.
Sous l'influence des médias avides d'images fortes et prompts à rechercher des responsables, la pression sociale sur les autorités publiques se ne fera qu'augmenter pour le développement d'une politique efficace de prévention des risques.