8. Rapprocher les abattoirs des lieux de production et réduire les transports

La localisation des abattoirs et leur périmètre d'approvisionnement doivent être revus de façon rationnelle et en tenant compte des réalités locales, en vue d'un meilleur maillage territorial. Il serait opportun, à cet égard, de favoriser l'implantation de petites unités d'abattage à « taille humaine » réparties sur des « micro territoires » d'éleveurs ovins .

Le financement des abattoirs publics devra sans doute être également revu . S'il est actuellement pris en charge essentiellement par les communes, et accessoirement par les départements, les collectivités territoriales devront s'y investir davantage en vue de maintenir ceux existants et d'en créer de nouveaux. Les professionnels doivent par ailleurs faire appel à l'ensemble des subventions et solutions de financement existantes : ainsi, la création d'un abattoir par une organisation de producteurs est aidée à hauteur de 40 % si l'on inclue le cofinancement communautaire.

Enfin, il conviendrait de renforcer et de clarifier la réglementation sur les relations entre lieu d'abattage et appellation de la viande commercialisée . En effet, le bénéfice de l'appellation du lieu d'abattage donné à des viandes produites et transformées dans d'autres lieux, parfois très lointains, peut être assimilé à une forme de « tromperie » du consommateur. Or, ce n'est pas parce qu'un agneau a été abattu dans un abattoir donné (par exemple, Sisteron) qu'il a été élevé dans la région d'abattage. Il faudrait donc imposer, aux côtés de l'indication du lieu d'abattage, qui doit demeurer secondaire et accessoire, celle du lieu d'élevage, qui doit être l'élément principal d'information du consommateur.

9. Renforcer et personnaliser la promotion auprès des consommateurs

a) Mieux utiliser les crédits européens

Le système de promotion communautaire repose sur l'initiative presque exclusive des professionnels et, dans des cas limités, de la Commission européenne ou des Etats membres. Présélectionnés par ces derniers, puis sélectionnés par la Commission, les projets font l'objet d'un financement tripartite : 50 % au maximum est supporté par l'Union européenne, 20 % au minimum par les professionnels et le reste par les Etats membres. La seule condition pour être promotionné et pouvoir indiquer le pays ou la région de production ou de transformation du produit est l'obtention d'un label européen.

Or, si, comme le montre le tableau suivant, la France s'est vue octroyer à ce titre un budget conséquent pour la période 2000-2007 -puisqu'il constitue le deuxième de l'Union européenne après l'Italie-, cela ne donne lieu qu'à un nombre limité, en proportion des autres pays membres, de programmes de promotion. Il conviendrait donc pour l'interprofession et l'ensemble de la filière de davantage faire appel aux crédits communautaires et de s'en servir comme « effet levier » pour lancer des campagnes de promotion .

Par ailleurs, il serait opportun de réfléchir autour d'une communication générique en faveur de la viande d'agneau à l'échelle européenne . Dans un marché globalisé où la concurrence provient avant tout de pays tiers et où l'essentiel de nos exportations s'effectue au sein de l'Union, la promotion de l'agneau à l'échelle européenne, qui permet en outre de mobiliser des crédits plus importants qu'à la seule échelle nationale, ne doit pas être négligée.

RÉPARTITION DU BUDGET ET DES PROGRAMMES EUROPÉENS DE PROMOTION PAR ETAT MEMBRE POUR LA PÉRIODE 2000-2007

Source : direction générale « agriculture » de la Commission européenne

b) Mieux communiquer envers les consommateurs

Il revient aux professionnels de prendre l'initiative d'une meilleure communication à l'égard du grand public, et de redonner l'envie au consommateur d'acheter de l'agneau français.

Dans un contexte général où les notions de promotion d'un développement durable et de respect de la biodiversité sont systématiquement mises en avant, que ce soit à l'échelle européenne -avec une révision future de la PAC qui va donner une place de plus en plus prééminente à l'éco conditionnalité- comme à l'échelle nationale -avec le « Grenelle de l'environnement » et ses traductions législatives-, la dimension environnementale de l'élevage ovin devrait être beaucoup plus valorisée .

Très fortement sensibilisée à ces problématiques, l'opinion publique serait très certainement réceptive à des messages mettant en avant le caractère naturel des productions ovines et leur rôle irremplaçable dans la préservation et la valorisation des espaces naturels. Ce message devra également être prioritaire dans les relations avec les institutions, notamment européennes, dont dépendra pour partie l'avenir de la filière.

L'interprofession, qui rassemble l'ensemble des acteurs de la filière, constitue le cadre idéal pour ce type de campagne . Outre la communication sur les aspects traditionnellement porteurs de la viande ovine (authenticité, typicité, saveur, ancrage dans les territoires d'élevage...), l'accent devrait être mis sur sa préparation culinaire. Nombreux sont en effet les consommateurs ignorant les multiples plats qu'il est possible de cuisiner à partir de l'agneau, dont ils ont une vision réductrice se limitant souvent au gigot ou à la côtelette. C'est ainsi qu'il pourrait être opportun de faire appel à des grands chefs, qui expliqueraient leurs recettes à base d'agneau et la grande diversité de préparations possibles.

Parallèlement à des actions d'ampleur nationale portées par l'interprofession et intéressant l'ensemble du territoire, il est également utile de porter des démarches plus locales . C'est ce qu'ont fait par exemple les professionnels de la région Provence Alpes Côte d'Azur en organisant, au cours de l'année 2005, les assises régionales de l'élevage. Leur but était ainsi de reconnaître la fonction de gestionnaire des espaces naturels de l'élevage et de conforter ses relations avec la société en mettant en avant ses effets agri environnementaux.

D'autre part , il serait sans doute opportun de nuancer les messages envoyés en direction du grand public dans les campagnes nutritionnelles . Comme l'ont fait remarquer certaines personnes auditionnées, le fait que l'agneau soit présenté dans le programme national nutrition santé (PNNS) comme une viande excessivement grasse n'a pu que renforcer sa mauvaise perception par les consommateurs.

Or, cet élément doit être nuancé : il est toujours possible de privilégier l'achat d'agneaux jeunes, dont la période d'engraissage est de fait plus courte que celle des plus âgés. De plus, la graisse d'agneau, très apparente, est des plus faciles à retirer. Enfin, l'agneau possède des qualités nutritives intéressantes 20 ( * ) , qui pourraient davantage être mises en avant.

c) Faire le bilan du système de promotion de l'origine et de la qualité

Comme cela a déjà été indiqué, un grand nombre de signes valorisants est susceptible d'être utilisé pour la viande ovine. Cependant, le recours aux labels rouges, aux IGP et aux CCP est inégalement développé dans la filière. Ainsi, en Aveyron, premier département d'élevage ovin en France, la création d'un label rouge n'a conduit à ne commercialiser que 20 % de la production sous ce signe de qualité.

En tout état de cause, ainsi qu'il a été indiqué à vos rapporteurs lors des auditions, il n'est pas certain que ces mentions aient eu les effets positifs attendus en termes commerciaux. La multiplication de ces signes, qui ne s'est pas accompagnée d'un travail d'information auprès des consommateurs sur leur signification, n'a sans doute pas permis de valoriser ces produits de qualité et de terroir autant qu'ils auraient pu l'être.

A cet égard, il serait sans doute opportun de faire le bilan de ces signes, en mettant en regard les charges qu'ils induisent et la plus-value qu'ils peuvent laisser espérer pour le producteur. Il serait sans doute également nécessaire de segmenter davantage le marché français et d'établir une véritable stratégie de valorisation autour de signes déterminés.

* 20 Voir supra .

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