B. LES ENJEUX DE LA COOPÉRATION FRANCO-ROUMAINE EN MATIÈRE DE PATRIMOINE

1. Un domaine majeur de notre coopération culturelle

La France est le premier partenaire de la Roumanie dans le domaine du patrimoine. La coopération dans ce domaine y est particulièrement active.


• Elle s'est traduite, notamment, dans le cadre d'un « arrangement administratif » signé en 2005 entre le ministère de la culture et de la communication français et son homologue roumain, concernant un ensemble de projets dans le domaine de l'archéologie, du patrimoine et de la formation des personnels .

Cette coopération s'est intensifiée depuis la prise de fonction du ministre de la culture roumain Theodor Paleologu, qui souhaite faire de la protection du patrimoine une priorité de son mandat.

Ainsi, à l'issue d'un comité de pilotage tenu à Bucarest le 5 mars 2009, un programme de travail comprenant une dizaine d'actions concrètes a été défini pour la période 2009-2010 : outre des « chantiers-écoles » pour la restauration de demeures typiques, l'expertise française est mobilisée, notamment, pour un projet de création d'une « maison du patrimoine » à Bucarest . Ce programme fera l'objet d'un cofinancement.

Enfin, un « Séminaire Malraux » consacré au thème « Patrimoine et économie de la culture » a réuni en mars 2009 une cinquantaine de spécialistes. Rappelons qu'une récente étude réalisée par la direction de l'architecture et du patrimoine du ministère de la culture a permis de mesurer les retombées économiques et touristiques du patrimoine en France ; une telle analyse serait intéressante à décliner en Roumanie en vue de sensibiliser les acteurs publics, tant nationaux que locaux, aux enjeux de la protection du patrimoine et de sa mise en valeur.


• Par ailleurs, dans le cadre du programme de coopération défini entre l'ambassade de France et le ministère de la culture roumain, divers projets sont en préparation et contribueront à sensibiliser le grand public à la défense du patrimoine :

- une exposition de photographies sur Bucarest - intitulée « Bucarest, la mal-aimée » - sera présentée à partir du 30 septembre ; elle permettra de voir les transformations de la ville, à travers la confrontation de clichés pris dans les années 1930 et d'images contemporaines réalisées par le photographe Ferrante Ferranti et huit jeunes professionnels roumains ;

- une exposition retraçant les quinze années de partenariat entre l'Ecole de Chaillot et l'Université Ion Mincu présentera, au moment des Journées européennes du patrimoine, les « ateliers croisés » réalisés par des étudiants français et roumains.

2. Des attentes fortes de nos partenaires roumains

a) Des échanges de savoir-faire et d'expertise à intensifier

Lors de son entretien avec la délégation, M. Theodor Paleologu, a exprimé de très fortes attentes à l'égard de la France dans le domaine de la protection du patrimoine . Il a également exprimé très clairement cette demande à Mme Christine Albanel, alors ministre de la culture et de la communication, lors d'un entretien à Paris le 20 mars 2009, souhaitant renforcer cette coopération et l'étendre, par ailleurs, à d'autres domaines. Lors d'une nouvelle visite en France, en juillet, il a pu également sensibiliser M. Frédéric Mitterrand à ces enjeux.

L'expertise française est notamment sollicitée dans deux champs d'action prioritaires :

- le développement du mécénat , qui est encore à un stade embryonnaire en Roumanie ; la législation française dans ce domaine suscite l'intérêt de nos partenaires roumains, qui souhaiteraient la décliner dans leur pays ; une « culture du mécénat » est à développer : il reste encore un grand travail de sensibilisation des acteurs privés à accomplir pour que de tels outils puissent fonctionner ; il s'agit cependant d'un enjeu important compte tenu du très faible niveau du budget du ministère de la culture et, plus généralement, des dotations publiques consacrées à la restauration et à l'entretien du patrimoine ;

- le renforcement de la législation sur les « espaces protégés » ; un projet de loi est en cours d'examen en vue d'améliorer le cadre juridique de la protection des sites et des monuments.

Afin de soutenir ces projets, il est important que les services du ministère de la culture de nos deux pays puissent coopérer, par le biais d'échanges d'expériences, de savoir-faire et de bonnes pratiques .

Les coopérations entre professionnels ou acteurs associatifs pourraient également s'avérer fort utiles. De tels échanges existent déjà, à travers notamment les partenariats internationaux noués depuis 2000 par l'Association nationale des villes et pays d'art et d'histoire et des villes à secteurs sauvegardés et protégés avec des pays d'Europe du Sud-Est, par exemple avec l'Association roumaine des villes et zones historiques et d'art (ALZIAR). A l'initiative de ce réseau de villes historiques, deux séminaires sur le thème du patrimoine - « Patrimoine, diversités culturelles et développement local » et « Patrimoine et coopération décentralisée » - se sont ainsi tenus en Roumanie en 2004 et 2005.

Par ailleurs, la formation des professionnels, des cadres et des élus locaux roumains est indispensable : la France a un rôle à jouer dans ce domaine, compte tenu de l'expertise qui lui est reconnue. Des initiatives comme les stages de formation professionnelle permettent déjà de former des spécialistes roumains de la protection du patrimoine. Des échanges entre universitaires sur le sujet du patrimoine pourraient également être développés.

b) Renforcer la coopération décentralisée


• Les jumelages entre collectivités locales constituent un levier essentiel de la coopération franco-roumaine, en favorisant les échanges éducatifs et culturels, ou encore les partenariats, autour de projets concrets, dans les domaines de l'économie, de l'environnement, de l'urbanisme, du développement local, de la gestion des services publics, des politiques sociales, etc...

Cette coopération décentralisée est active : elle concerne plus de 400 communes, quinze départements et quatre régions françaises.

Le partenariat entre le conseil général d'Ille-et-Vilaine et le Judet de Sibiu, qui se double d'un jumelage entre les villes de Rennes et de Sibiu, constitue un exemple particulièrement abouti. La promotion du tourisme rural fait partie des principaux axes de cette coopération ; celle-ci bénéficie du soutien de nombreux opérateurs français (chambres d'agriculture, entreprises, comité départemental du tourisme...). Relevons également les actions mené par des associations et acteurs locaux dans le cadre de l' Opération villages roumains , née en 1988, pour soutenir le développement rural, les échanges culturels, le tourisme intégré, mais aussi la démocratie locale ou encore la formation des professionnels de santé.


• Les actions de coopération décentralisée pourraient s'orienter plus fréquemment vers des projets intégrant la valorisation du patrimoine
, compte tenu de l'implication forte des collectivités locales françaises dans ce domaine et de leur expertise. Cela permettrait de sensibiliser les autorités locales roumaines aux enjeux de la protection du patrimoine et de leur faire prendre conscience de la richesse et de l'atout, y compris économique, qu'il constitue.

Rappelons que dans le rapport d'information, précité, sur la réforme de l'action culturelle extérieure de la France, votre commission et la commission des affaires étrangères ont mis en avant l'implication croissante et désormais décisive des collectivités territoriales, en France comme dans les autres pays européens. Elles estimaient néanmoins indispensable de renforcer la coordination entre l'action extérieure des collectivités locales et la politique de l'Etat, en associant celles-ci à la définition de notre stratégie culturelle à l'étranger au sein d'un conseil d'orientation stratégique.

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