d) Que veut Khaled Mechaal ?

Vos rapporteurs ont estimé qu'il était impossible d'évaluer la situation sans entendre le point de vue d'un des acteurs clés du conflit israélo-palestinien : le Hamas. C'est dans le cadre de leur déplacement à Damas qu'ils ont souhaité rencontrer le leader politique du Hamas, Khaled Mechaal.

L'entretien a eu lieu le 20 janvier 2009 à Damas, au lendemain du cessez-le-feu. Il a été organisé sans le concours de l'Ambassade de France qui n'est pas autorisée à prendre contact avec le Hamas. Les éléments suivants en ressortent 23 ( * ) .

S'agissant de la tragédie de Gaza, Khaled Mechaal a souligné que toutes les tentatives pour éliminer le Hamas par la force ont échoué. Le mouvement a désormais une double légitimité, électorale et combattante, pour avoir survécu à l'épreuve de force qu'Israël lui a imposée à Gaza. L'échec d'Israël a aussi montré qu'en dépit de toute sa puissance Israël ne peut pas défaire les Palestiniens et que la paix passera obligatoirement par la reconnaissance de leurs droits.

S'agissant de la durée de la trêve de dix ans avec Israël, dont la perspective est acceptée par le Hamas, Khaled Mechaal n'exclut pas qu'elle puisse devenir permanente, mais il exige, en préalable au débat, qu'Israël se retire auparavant des territoires occupés en Cisjordanie et permette la naissance d'un Etat palestinien.

Concernant la désignation d'un bon interlocuteur palestinien pour conduire les négociations de paix, c'est-à-dire d'un Gouvernement d'union nationale, il a indiqué que la question principale était de respecter le Hamas en tant qu'acteur incontournable de la scène palestinienne.

Enfin, concernant la possibilité d'amender la Charte du Hamas et de reconnaître l'Etat d'Israël, Khaled Mechaal répond :

« qu'est-ce que Mahmoud Abbas et, avant lui, Yasser Arafat ont obtenu en échange de la reconnaissance d'Israël et en renonçant à la Charte de l'OLP ? Rien.

« Les Arabes ont fait une offre généreuse de paix en 2002 (« l'initiative arabe de paix » du Prince Abdallah d'Arabie saoudite). Israël a-t-il répondu ? Non. Le Hamas lui-même a fait une offre généreuse en 2006, lorsque nous sommes parvenus à un consensus entre les factions palestiniennes après la réconciliation.

« Nous avons implicitement accepté de reconnaître Israël dans ses frontières de 1967, à condition évidemment que les droits des Palestiniens soient reconnus et qu'ils jouissent d'une authentique souveraineté. (...) En conséquence, la reconnaissance d'Israël n'est pas un problème. (...) La solution est de rendre possible un Etat palestinien, puis de demander à cet Etat de reconnaître Israël. »

* 23 Voir entretien complet en annexe 4.

Page mise à jour le

Partager cette page