2. Des débouchés naturels en question
a) Le débouché interne : la consommation intérieure en berne

Les Français consomment 25,8 kg de viande bovine par an, ce qui constitue la plus importante consommation en Europe, après les danois (26,1 kg), et loin devant la moyenne européenne, qui s'est établie en 2008 à 17,5 kg 17 ( * ) .

Or, la tendance est, partout en Europe, à la baisse de la consommation de viande bovine. La commission européenne estimait en 2008 que cette baisse pourrait être de 0,6 kg par personne et par an entre 2008 et 2015.

La crise économique depuis 2008 a accéléré cette tendance. La viande bovine est en effet plus onéreuse que la volaille ou le porc . Des effets de substitution de consommation sont donc à l'oeuvre. De même, la consommation de viande bovine a tendance à s'orienter vers les formes les moins coûteuses du produit. Cet arbitrage du consommateur en défaveur des morceaux plus nobles mais plus coûteux dégrade la capacité à bien valoriser les animaux.

Les prévisions des professionnels sur le marché intérieur ne sont pas celles d'un effondrement de la consommation de viande bovine mais d'une stabilisation voire d'une érosion, au rythme d'environ 1 % par an et par personne, comme cela est constaté depuis une dizaine d'années. La consommation nationale n'a donc pas vocation à tirer vers le haut la production. Au contraire, avec des exigences de stabilité des prix à la consommation, le marché intérieur fait peser une contrainte forte sur les prix de vente des producteurs.

b) Les débouchés externes : des perspectives médiocres

Les débouchés extérieurs de la France sont essentiellement constitués des exportations de vif maigre. Les mouvements d'animaux vifs non finis, destinés à être engraissés, constituent une des caractéristiques de l'élevage français. Les principaux clients de ce marché sont l'Italie et, dans une moindre mesure, l'Espagne et la Grèce.

Or, le marché italien des broutards montre des signes d'essoufflement. Il s'est contracté de 12 % sur les trois dernières années sous l'effet, d'une part, d'une réorientation de sa consommation vers des viandes importées après abattage et, d'autre part, de la fin annoncée des avantages qui étaient consentis aux engraisseurs italiens : prime d'engraissement et dérogation à la directive nitrate pour l'épandage des effluents.

Si l'Italie constitue encore un débouché majeur pour les broutards français, la perte de dynamisme de ce marché pose un redoutable défi aux naisseurs français.

L'export de viande fraîche ou congelée s'élève à 260 000 tonnes équivalent carcasse par an, ce qui n'est pas négligeable. La France représente ainsi entre 7 et 8 % des exportations mondiales de viande fraîche. Cependant, on constate une érosion lente des parts de marché de la France à l'export, qui révèle des difficultés de compétitivité analysées par le rapport Rouault précité.


* 17 Source : Les cahiers de FranceAgrimer - Edition 2009 - Élevage.

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