3. Une filière qui connaît un problème de charges
a) Les charges structurelles des exploitations agricoles à la hausse

A côté de charges variables, qui peuvent peser lourdement dans les charges d'exploitation lorsque la conjoncture est défavorable, comme l'alimentation animale, les éleveurs doivent faire face à des charges fixes qui ont tendance à s'élever et obèrent une stratégie de compétitivité par la réduction des coûts.

Votre rapporteur en retient deux, dont le chiffrage n'est cependant pas aisé :

Le premier est celui des normes sanitaires et environnementales . La mise aux normes des bâtiments d'élevage a été rendue nécessaire pour la récupération des effluents, dans le cadre du programme de maîtrise des pollutions d'origine agricole (PMPOA). Elle a induit un investissement qui n'apporte que très peu de retour financier pour l'éleveur, dans la mesure où il n'a pu répercuter ses hausses de coût dans son prix de vente.

Par ailleurs, certaines normes environnementales sont appliquées en France, alors que d'autres producteurs en Europe ont des contraintes moins fortes alors que la directive nitrate impose un plafond d'épandage à 170 kilos d'azote par hectare, l'Allemagne, l'Irlande ou l'Italie bénéficient d'un plafond moins contraignant à 230 kilos.

Le deuxième surcoût structurel a trait aux charges financières , qui s'élèvent à mesure que le capital d'exploitation devient plus important. Cette charge structurelle est particulièrement élevée pour les jeunes agriculteurs ou ceux qui viennent d'investir (qui sont souvent les mêmes), qui peuvent facilement entrer dans une spirale de surendettement professionnel.

b) Des charges importantes pour l'appareil industriel

L'industrie de la viande est également pénalisée par des charges importantes, dont le syndicat national des industries de la viande (SNIV) a fait l'inventaire dans un mémorandum publié en octobre 2010.

Ces charges dégradent la compétitivité des viandes françaises vis-à-vis notamment de l'Allemagne. Plusieurs postes ont été identifiés :

La main d'oeuvre représente une dépense stratégique dans les abattoirs. Or, l'Institut de l'élevage a estimé qu'environ 60 % des employés des abattoirs en Allemagne ne coûtaient que 7,5 € par heure à leur employeur, net de charges, dans la mesure où les abattoirs allemands emploient massivement des salariés étrangers, travaillant aux conditions salariales et sociales de leur pays d'origine. Cette distorsion de concurrence représente un différentiel estimé entre 5 et 10 centimes par kilo.

La prise en charge de l'équarrissage relève en Allemagne des Länder alors qu'il est financé en France par la filière, depuis la réforme du service public de l'équarrissage.

L'interdiction de l'usage des suifs de bovins issus de la fente vertébrale des carcasses coûte également quelques millions d'euros chaque année à la filière.

Au total, les abatteurs français craignent des pertes de parts de marchés au profit de leurs voisins allemands, plus compétitifs.

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