e) La méthanisation : nouveau débouché pour les effluents d'élevage
Déjà pratiquée dans d'autres pays européens comme l'Allemagne, la méthanisation constitue une voie de valorisation des effluents d'élevage alternative à l'épandage direct .
La LMAP a encouragé la création d'unités de méthanisation collective, dont la production est assimilée à un produit agricole du point de vue fiscal et social.
La méthanisation produit du biogaz, qui peut soit être utilisé comme tel soit être transformé en électricité. L'unité de méthanisation produit également un digestat, qui peut être utilisé comme engrais organique et intégré dans le plan d'épandage et qui présente une meilleure valeur agronomique que les effluents bruts. Le digestat est de plus hygiénisé et désodorisé lors de son passage dans le digesteur du méthaniseur.
La France ne compte qu'une dizaine d'unités de méthanisation opérationnelles, contre près de 6 000 en Allemagne.
Le retard français s'explique par la faiblesse des tarifs de rachat de l'électricité produite à partir du biogaz, qui se situent entre 10 et 15 centimes d'euro par kWh, contre 15 à 26 centimes d'euro par kWh en Allemagne.
Il s'explique aussi par l'importance de l'investissement que représente l'installation d'une unité de méthanisation. Variable selon la taille de l'équipement, l'investissement est estimé par l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie à 5 000 euros le kWe pour une installation de 100 kWe, soit un investissement de 500 000 euros, sans compter les investissements de raccordement au réseau électrique existant, qui peuvent être élevés.
Par ailleurs, les exploitations ont besoin d'être alimentées régulièrement. Or les éleveurs ne récupèrent plus de lisier lorsque les bêtes sont en pâture. La gestion technique reste donc une difficulté.
Lors de son déplacement en Corrèze, votre rapporteur a rencontré un groupe d'agriculteurs, porteurs d'un projet de construction d'une unité de méthanisation collective, en partenariat avec les collectivités territoriales, qui pourraient compléter les apports au méthaniseur par des déchets ménagers de ville si la réglementation le permettait. Un tel projet est probablement porteur de valeur ajoutée pour les agriculteurs. Mais il est difficile pour les agriculteurs de dégager des moyens financiers suffisant pour assumer seuls la charge de l'investissement, nécessitant l'intervention de soutiens de l'État et des collectivités.
Votre rapporteur suggère également de mobiliser les moyens du deuxième pilier de la PAC pour encourager de tels dispositifs.