II. L'INSTITUT INTERNATIONAL DE RECHERCHE SUR LES POLITIQUES ALIMENTAIRES (INTERNATIONAL FOOD POLICY RESEARCH INSTITUTE - IFPRI) 2005

L'IFPRI présente plusieurs scénarios à 2050 qui varient selon les hypothèses de politique agricole et de commerce international.

Le premier scénario : « croissance agricole et développement rural » suppose que les investissements publics des pays en développement (PED) et les dépenses publiques pour l'agriculture et le développement rural augmentent au cours de la première décennie de la projection pour se stabiliser ensuite. Le taux d'amélioration des technologies agricoles est élevé grâce à l'investissement accru dans la R&D agricole. L'efficacité de l'irrigation et de l'utilisation de l'eau s'accroissent. En outre, l'aide à la production dans les pays riches diminue sensiblement, tombant à la moitié des niveaux courants en 2010, puis encore à la moitié de ce niveau en 2020.

En bref, ce scenario repose sur le développement agricole des pays du Sud en insistant sur deux de ses conditions : l'investissement agricole et la libéralisation des échanges internationaux.

Le deuxième scénario : « échec des politiques » voit persister les conflits commerciaux et politiques, sans progrès des négociations commerciales agricoles multilatérales et avec des niveaux élevés de restrictions commerciales dans le monde entier. La croissance des rendements ralentit pour toutes les récoltes et la pêche. Il en va de même pour la croissance du bétail. Les investissements dans les services sociaux et dans la recherche et développement agricoles sont faibles . Là également, l'institut attribue, mais en négatif, à la libéralisation des échanges commerciaux agricoles un rôle moteur pour le développement de la production agricole.

Dans le troisième scénario : « ruptures techno-naturelles » la mauvaise gestion de l'irrigation, le manque d'adaptation au changement climatique et des problèmes de parasites dans l'agriculture interviennent. Les investissements agricoles sont faibles ainsi que le développement de nouvelles technologies agricoles.

Le premier scénario , favorable, parie sur le rééquilibrage des productions agricoles dans le monde à la suite d'une réduction des avantages comparatifs (ou des « distorsions de concurrence », comme on veut) tirés par les pays développés des soutiens publics à leur agriculture. Les dépenses publiques dans les pays en voie de développement s'accroissent de leur côté, ce qui permet d'accroître la production sans devoir mobiliser beaucoup plus de terres cultivables, grâce à l'élévation des rendements agricoles.

Fondé sur une appréciation très favorable à la dérégulation agricole dans les pays du Nord, couplée à l'adoption de politiques agricoles dans les pays du Sud, ce scénario peut être considéré, du point de vue agronomique, comme un scénario de rattrapage des pays en développement réalisé au moyen d'investissements propices à l'augmentation des rendements agricoles.

Projections des rendements céréaliers mondiaux

Source : Ministère de l'alimentation, de l'agriculture et de la pêche

C'est l'évolution des rendements - sur le graphique ci-dessus, les rendements céréaliers - qui distingue les trois scénarios

À leur tour, ces différentes évolutions sont directement dépendantes de l'instauration d'un contexte favorable qui passe, dans l'étude de l'IFPRI, par la modification du système d'incitations économiques à l'oeuvre dans les pays en voie de développement : baisse des protections dans les pays industriels, essor de l'investissement dans les pays en développement notamment grâce à des subventionnements publics.

Les résultats de ces trois scénarios en termes de sécurité alimentaire sont très fortement contrastés.

Il en va ainsi pour la disponibilité moyenne en calories par tête.

Disponibilités caloriques quotidienne par tête dans les pays en développement

Source : Ministère de l'alimentation, de l'agriculture et de la pêche

La sous-nutrition révèle une même sensibilité aux trois scénarios

Nombre d'enfants sous-nutris dans l'Afrique subsaharienne

Source : Ministère de l'alimentation, de l'agriculture et de la pêche

Il existe dans ces scénarios, un lien, habituel dans les prospectives, entre les progrès réalisés dans les rendements agricoles et la préservation des terres cultivables non cultivées. Moins les rendements progressent, plus la pression est forte sur les terres marginales, mais éventuellement précieuses pour l'équilibre environnemental du monde. Toutefois, il reste à s'assurer que l'augmentation des rendements, économes de terres, soit bien compatible avec d'autres impératifs écologiques.

Les scénarios de l'IFPRI nous semblent marqués par un assez haut niveau d'abstraction et fondés sur une vision un peu désincarnée des effets de la libéralisation agricole et des multiplicateurs des dépenses publiques sur la production agricole.

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