III. CONCLUSION DU CHAPITRE II : LA RESTRUCTURATION DE L'ÉCONOMIE RUSSE OFFRE UNE CHANCE À SAISIR

L'ouverture au monde représenté par l'adhésion de la Russie à l'OMC représente un défi pour une économie bâtie à l'abri de la concurrence étrangère et ne pouvant compter que sur de rares secteurs pour se procurer les devises nécessaires à l'importation de certains biens manufacturés. L'admission à l'OMC sera donc un accélérateur de réformes dont l'étape initiale sera souvent douloureuse, comme pour toute restructuration. Le secteur énergétique ne subira vraisemblablement aucun effet sensible, contrairement à la production agricole, singulièrement la filière porcine, qui joue un grand rôle dans l'alimentation des Russes. La métallurgie était très hostile à cette évolution. C'était particulièrement vrai pour les industries de l'aluminium.

Des turbulences paraissent donc probables, mais cela n'empêche pas le marché russe d'être solvable et prometteur. Obtenir que les entreprises européennes s'y implantent est un véritable enjeu de croissance pour l'Union dans son ensemble. D'après l'Observatoire franco-russe à Moscou, 93% des entreprises européennes implantées en Russie veulent y rester. Parmi celles-ci, Auchan est le premier employeur étranger en Russie, Renault est devenu le premier constructeur automobile russe. La participation de Total au projet de GPL dans le Grand Nord a déjà été mentionnée. Il est bon d'ajouter que GDF-Suez possède 9 % des actions de North Stream , filiale de Gazprom à 51 %.

Dans ce contexte, il est permis de s'interroger sur l'application rigoureuse de la « clause anti Gazprom » inscrite dans le troisième paquet énergétique pour interdire la possession du réseau de distribution gazier par une entreprise fournissant du gaz. Le célèbre opérateur russe a construit sur ses ressources des gazoducs cohérents avec les livraisons envisagées. Ce n'est pas absurde. S'il doit céder 50 % des capacités à d'autres opérateurs - dont on peine à distinguer de qui il pourrait bien s'agir à court terme - comment Gazprom pourrait-il honorer les contrats ? Cette question, posée à vos rapporteurs par M. Khandoga, chef de la division « gestion des projets internationaux d'infrastructures » de Gazprom, est loin d'être dénuée de pertinence. L'Union européenne ayant besoin d'importer ce que la Russie a besoin d'exporter, il doit être possible d'aboutir à des conditions acceptables pour chacun et durables sur le long terme.

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