B. INSCRIRE LE PARTENARIAT STRATÉGIQUE AVEC LE GROENLAND DANS UNE POLITIQUE GLOBALE DE L'UNION EUROPÉENNE POUR L'ARCTIQUE

Les institutions européennes ont récemment pris conscience de l'intérêt stratégique de la zone arctique et un mouvement est désormais lancé pour aboutir à une véritable politique européenne pour la région. Commission, Parlement et Conseil sont désormais d'accord pour élaborer une telle stratégie.

Dès le 26 juin 2012, la Commission et la Haute Représentante ont publié une Communication conjointe : « Développer une politique de l'Union européenne envers la région arctique : progrès depuis 2008 et prochaines étapes », visant à renforcer l'engagement de l'Union envers l'Arctique en rationalisant son approche et à consolider le dossier de sa candidature au statut d'observateur du Conseil arctique. Le document présente précisément comment s'incarne déjà la présence de l'Union européenne en Arctique. Puis, il définit trois axes prioritaires d'amélioration : développer la connaissance de l'Arctique pour remédier aux défis environnementaux et liés au changement climatique ; agir de façon responsable pour contribuer à un développement économique de la région basé sur un usage durable des ressources et une expertise environnementale ; intensifier engagement et dialogue avec les pays de la région, les populations autochtones et les autres partenaires.

Si l'impression fut donnée que cette communication allait rester lettre morte, le premier semestre 2014 s'est révélé décisif avec le vote d'une résolution par le Parlement européen le 10 mars 2014 et l'adoption par le Conseil de conclusions le 12 mai 2014. Ces dernières sont notamment porteuses d'un message fort, puisque le Conseil demande à la Commission et à la Haute Représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité de présenter avant la fin de 2015, « des propositions sur la poursuite du développement d'une politique intégrée et cohérente pour la région arctique ».

Le Conseil a donc ouvert la voie à une politique plus ambitieuse de l'Union européenne dans la région arctique . C'est primordial, car l'évolution de l'Arctique représente un enjeu mondial et les grandes puissances cherchent toutes à renforcer leur présence dans la région, quand bien même elles n'en font pas partie. La voix de l'Europe doit, elle aussi, se faire entendre dans ce concert. Elle est légitime, car une partie de l'Union européenne est en Arctique et c'est elle qui mène la politique commune de la pêche ou encore la politique climatique ou de soutien à la recherche. Elle est nécessaire, car le message sur la lutte contre le réchauffement climatique, la protection de l'environnement, la gestion durable des pêcheries porté par l'Union européenne doit être entendu en Arctique aussi.

Au centre des enjeux arctiques, se trouve le Groenland qui, comme on l'a vu, n'est pas en mesure de faire face seul aux défis qui sont devant lui. La relation historique qu'il entretient avec l'Europe doit être exploitée dans l'intérêt des deux parties. L'Union européenne peut aider le Groenland à se développer durablement. Celui-ci, de par sa position stratégique peut offrir « une fenêtre arctique » à l'Union européenne dont elle aurait tort de se passer. Il peut également présenter un certain nombre d'opportunités d'investissement fructueux. Enfin et surtout, son rôle pour la recherche mondiale doit être ardemment maintenu et défendu par l'Europe, dans la continuité de ce qu'elle a fait jusqu'à présent.

Pour l'ensemble de ces raisons, l'Union européenne devrait mettre le Groenland au coeur de sa politique arctique en lui prouvant qu'un partenariat approfondi serait la meilleure des opportunités pour assurer son développement.

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