CONCLUSION

Si le pragmatisme et le bons sens ont quelques chances de l'emporter et si l'euroscepticisme britannique peut être considéré comme une tournure d'esprit plus propice à la négociation qu'à la fin de non-recevoir, il n'en reste pas moins vrai que le Royaume-Uni est à la veille d'une élection législative rendue incertaine par la montée et les assauts de deux acteurs extrémistes et populistes : M. Nigel Farage (UKIP) et Mme Nicola Sturgeon (SNP). Le premier menace de priver les Conservateurs d'une majorité absolue nécessaire pour gouverner et la seconde joue le même rôle auprès des Travaillistes.

Le bipartisme est donc menacé et cette déstabilisation du système politique britannique pourrait avoir des conséquences malheureuses pour l'ensemble du pays qui ne serait plus gouverné que par des gouvernements faibles et instables. On s'inquiète aussi et, à juste titre, d'une régionalisation du vote et d'une partition politique de facto du pays avec l'Écosse aux mains du SNP, le nord de l'Angleterre votant Labour et le sud, Conservateur.

Aujourd'hui, on annonce une élection serrée et un Parlement sans majorité, car les Conservateurs et les Travaillistes sont donnés au coude à coude avec plus ou moins 35 % des votes chacun ce qui ne les met pas en position d'obtenir une majorité absolue des sièges au Parlement. En outre, l'incertitude se renforce avec le risque d'une abstention qui promet d'être très élevée.

Les Libéraux Démocrates sont crédités de 8 % des voix, l'UKIP de 16 % et les Verts de 5 %. Le scrutin uninominal à un tour jusqu'à présent pénalise toutes les petites formations, mais leur présence dans un très grand nombre de circonscriptions change la donne pour le bipartisme traditionnel. Les petits partis ne peuvent pas vraiment gagner, mais ils peuvent faire perdre.

Enfin en Ecosse, comme il a été dit, le SNP (à gauche de la gauche) s'apprête, à déstabiliser les travaillistes pourtant bien implantés.

Avec 35 % des voix chacun, les deux partis principaux n'ont jamais réalisé un score combiné aussi bas si bien que ce scrutin est le plus incertain qu'ait connu le Royaume depuis un siècle. Si ces pronostics sont confirmés par les électeurs le 7 mai prochain, des alliances seront nécessaires comme ce fut le cas pour Cameron en 2010 qui s'est allié aux Libéraux Démocrates au sein d'une coalition qui s'est révélée solide contre toute attente et qui pourrait bien être renouvelée si les Libéraux Démocrates retrouvent leurs sièges, ce qui semble peu probable, car leur électorat s'est effondré.

On sait que le Parti Conservateur ne veut pas s'unir à UKIP qui de toute manière n'obtiendra que 5 sièges, s'il les obtient. L'appui des Unionistes irlandais ne peut être que limité à sans doute 10 sièges. Quant aux Travaillistes, ils ont annoncé qu'ils ne feraient pas alliance avec le Parti Indépendantiste Ecossais qui pourrait obtenir plus de quarante sièges. Ils pourront sans doute se rapprocher des Lib-Dem qui sont prêts à travailler avec les Travaillistes après avoir travaillé avec les Conservateurs.

Si les Travaillistes devaient l'emporter de justesse, ils seraient contraints de s'allier aux Lib-Dem et à tenir en respect le Parti Indépendantiste écossais.

Il y a peu de chance que l'UKIP fasse le plein des voix et entre triomphalement au Parlement et comme il a été dit, le SNP indépendantiste écossais devrait entrer massivement au Parlement mais uniquement pour avancer son projet indépendantiste.

Le scenario le plus probable, mais toujours incertain quinze jours avant le scrutin, est celui d'une reconduction de l'actuelle coalition, ce qui entraînera à terme un référendum sur le maintien de la Grande Bretagne dans l'Union après renégociation des divers points jugés sensibles par les Britanniques.

Si les Conservateurs l'emportent, nous devrons nous préparer à un référendum sur le maintien du Royaume-Uni dans l'Europe ; mais nous devrions cesser d'en parler comme d'une roulette russe, sauf à remarquer, comme nous le disait un fin observateur de la vie politique anglaise, que Cameron a eu l'habileté d'ajouter régulièrement une balle de plus dans le barillet.

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