B. 2008-2015 : LA PART DES OPÉRATIONS MENÉES EN AUTONOMIE S'ACCROÎT

Depuis 2008, la part des opérations menées en autonomie s'est accrue, mais elles sont souvent associées sur le même théâtre à des actions menées par des organisations internationales.

Si l`on conserve la même pondération par les coûts nets pour la France des opérations qu'elle a menées ou auxquelles elle a participé, il est clair que le retrait d'Afghanistan et du Kosovo a réduit la part des opérations menées dans un cadre multilatéral, alors que le développement des opérations en Afrique (Serval, Barkhane, Sangaris) remet au premier plan les opérations en autonomie.

Cette observation doit néanmoins être nuancée car ces dernières opérations sont combinées avec le déploiement d'opérations de maintien de la paix des Nations unies (ou de forces régionales) et de missions de formation militaire de l'Union européenne et souvent elles sont conçues dès l'origine selon ce mode coopératif, la France portant auprès du Conseil de sécurité des demandes de déploiement d'opérations de maintien de la paix et une implication plus importante de ces partenaires européens.

En fait, se met en place un nouveau modèle d'OPEX dans lequel la France, souvent à l'initiative, fournit la capacité d'entrée en premier et le levier militaire qui permet ensuite le déploiement de forces internationales plus nombreuses en charge de la stabilisation au sein de missions multidimensionnelles selon une approche globale prenant en charge la restauration des institutions et des services publics, les processus de désarmement et de réconciliation,... et la réorganisation des forces armées et de sécurité locales (mission souvent confiée à l'Union européenne), l'objectif étant qu'au fur et à mesure de l'amélioration de la situation sécuritaire le retrait des forces armées françaises est amorcée, le relais étant pris par les forces internationales ( bridging operation ). Les exemples malien et centrafricain illustrent ce modèle émergent. Outre, un échelonnement dans le temps qui voit la France prendre l'initiative des premiers déploiements de force, ce modèle conduit également à une spécialisation, la France assume les opérations les plus dures au contact des forces armées ennemies, les forces multinationales prenant le relais dans une situation plus apaisée, avec, dans un premier temps, le soutien des forces françaises qui agissent comme un force de réaction rapide au profit des forces multinationales.

Ce modèle devait également permettre à la France de limiter sa présence dans le temps et de conduire à son terme, qui peut être lointain, l'opération de stabilisation, désormais prise en charge dans ce modèle par les Nations unies ou une force régionale et dès lors d'éviter de maintenir des effectifs trop nombreux sur le théâtre d'opérations. Ce modèle est cohérent avec la réduction du format des armées poursuivi depuis les années 1990 .

L'action en coalition, en revanche, s'impose lorsque la capacité d'entrée en premier sur un théâtre d'opérations est challengée par des adversaires plus robustes ou lorsque la nécessité d'une coalition internationale s'impose par la défense d'intérêt commun (Afghanistan, Irak-Syrie, Libye). Reste effectivement posée la question du poids au sein de la coalition : autant il a pu être très significatif sur la conduite des opérations en Libye en 2011 (la France conservant d'ailleurs la maîtrise de son dispositif naval au sein de la coalition), autant malgré l'investissement des forces françaises sur le terrain a-t-il été plus faible en Afghanistan, voire même au Levant (5 à 10% des frappes aériennes selon la présence ou non du porte-avion sur zone), en raison de la présence massive des forces américaines.

Le cas des forces multinationales onusiennes ou européennes constitue un cas particulier : la France est présente souvent, à « dose homéopathique », mais à un haut niveau au sein des états-majors ce qui lui confère une certaine influence surtout lorsqu'elle agit en autonomie sur le même théâtre. Lorsqu'elle arme de façon plus conséquente les forces déployées (FINUL, ou les forces européennes en RCA ou au Mali dans la phase de démarrage), elle dispose d'une influence considérable, d'autant plus si elle est présente en autonomie sur le même théâtre.

Le groupe de travail confirme son attachement à la possibilité de conduire des opérations extérieures en autonomie, condition et expression de la liberté politique et de la souveraineté.

Coût des OPEX menées par la France depuis 2011 par mode d'action

en millions d'euros

2011

2012

2013

2014

2015

Cumul

MULTINATIONAL

1 005,89

614,55

348,77

262,43

342,30

2 573,94

Nations unies

79,62

77,54

59,73

61,62

60,88

339,39

Union européenne

29,51

33,82

31,00

43,78

14,45

152,56

OTAN

528,26

499,61

258,34

139,29

44,04

1 469,54

OSCE

5,65

3,18

8,83

Union africaine

0,46

0,46

Coalition ad hoc

368,50

3,58

11,63

219,75

603,46

AUTONOMIE

233,88

255,68

900,54

841,72

750,32

2 982,14

Autonomie complète

182,02

203,75

177,21

230,68

28,95

822,61

Autonomie partenariale

51,86

51,93

723,33

611,04

721,37

2 159,53

non répartis

6,39

3,19

0,89

13,93

15,99

40,39

TOTAL

1246,55

872,62

1250,22

1118,08

1102,02

5589,49

en %

2011

2012

2013

2014

2015

Cumul

MULTINATIONAL

81,14%

70,62%

27,92%

23,77%

31,33%

46,33%

Nations unies

6,42%

8,91%

4,78%

5,58%

5,57%

6,11%

Union européenne

2,38%

3,89%

2,48%

3,97%

1,32%

2,75%

OTAN

42,61%

57,41%

20,68%

12,62%

4,03%

26,45%

OSCE

0,51%

0,29%

0,16%

Union africaine

0,04%

0,01%

Coalition ad hoc

29,72%

0,41%

1,05%

20,11%

10,86%

AUTONOMIE

18,86%

29,38%

72,08%

76,23%

68,67%

53,67%

Autonomie complète

14,68%

23,41%

14,18%

20,89%

2,65%

14,81%

Autonomie partenariale

4,18%

5,97%

57,90%

55,34%

66,02%

38,87%

TOTAL

100,00%

100,00%

100,00%

100,00%

100,00%

100,00%

Tableau réalisé par le groupe de travail à partir des données fournies par le ministère de la défense.

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