C. LE CARACTÈRE INCONTOURNABLE DE LA TURQUIE POUR LA RÉSOLUTION POLITIQUE DE LA CRISE SYRIENNE

Si le soutien apporté par la France aux Kurdes de Syrie dans la lutte contre Daech est considéré comme un grave « irritant » par la Turquie, en revanche, s'agissant de la résolution de la crise syrienne dans son ensemble, les positions françaises et turques sont convergentes , ainsi que l'a souligné le vice-ministre des affaires étrangères lorsque la mission l'a rencontré à Ankara et de nouveau lors de son audition devant votre commission.

Les deux pays soutiennent une solution politique, et non pas militaire, à la crise syrienne, avec la nomination du Comité constitutionnel sur lequel les différentes parties ne parvenaient toujours pas, en juin 2019, à s'entendre.

Placée dans une situation particulièrement délicate dans le nord-ouest de la Syrie, le régime syrien ayant en avril 2019 repris l'offensive dans la région d'Idlib malgré l'accord de Sotchi (septembre 2017), la Turquie a ainsi besoin de la France et de ses autres alliés de l'OTAN pour faire pression sur la Russie , afin d'éviter, d'une part, un bain de sang dans le nord de la Syrie parmi des groupes rebelles dont beaucoup sont alliées de la Turquie, et, d'autre part, un nouvel afflux de réfugiés que la Turquie aurait de grandes difficultés à assumer compte tenu de la situation désormais très dégradée de son économie.

Il s'agit ainsi d'oeuvrer pour un rapprochement entre, d'une part, le « small group » (Allemagne, Arabie saoudite, Égypte, États-Unis, France, Jordanie et Royaume-uni), qui a chargé l'envoyé spécial des Nations unies, à la fin de 2018, de réunir aussitôt que possible une commission constitutionnelle qui engagera les travaux de rédaction d'une nouvelle Constitution syrienne et établira les bases d'élections libres et, d'autre part, les pays du format d'Astana. Il s'agit également pour la France d'appuyer un accord dans le nord-est syrien entre les États-Unis et la Turquie, afin d'aboutir à une gouvernance inclusive dans cette région.

La convergence d'intérêt entre la France et la Turquie existe également sur la question de l'Iran : il s'agit de maintenir autant que possible les effets du JCPoA, de ne pas isoler et rompre le dialogue avec l'Iran, sans ignorer toutefois ses actions déstabilisatrices.

Plus généralement, cette importance de la relation sur les dossiers syrien et iranien montre bien que la France et l'Europe continuent à avoir besoin que la Turquie, ce pôle de stabilité relative au Moyen-Orient, demeure ancré au sein des alliances stratégiques occidentales .

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