III. UNE RÉACTION SOUVENT RAPIDE DES ÉTATS AFRICAINS, DES ORGANISMES INTERNATIONAUX ET DES LABORATOIRES

Il convient de souligner que les États africains ont réagi relativement rapidement à la crise . Des mesures importantes ont été prises rapidement, telles que la fermeture des établissements relevant du public, des restrictions de circulation dans les transports publics, la fermeture des frontières et des aéroports, l'instauration de couvre-feux ou encore l'interdiction des rassemblements. L'Afrique du Sud a déclaré l'état de catastrophe nationale et a confiné sa population jusqu'à la fin avril, la Côte d'Ivoire a rendu obligatoire le port du masque dans la capitale et a confiné à domicile les personnes fragiles, etc.

Lors de son audition, Amadou Sall a également salué « l'engagement communautaire » qui a permis selon lui de s'adapter à la situation. Ainsi, au Sénégal, les mesures draconiennes qui ont été prises ont été bien reçues grâce aux leaders d'opinion, qui ont soutenu l'annulation des rassemblements publics. Le « surpeuplement » n'est donc pas nécessairement un obstacle, certaines difficultés pouvant être surmontées en mettant davantage à contribution les communautés, en s'écartant ainsi d'un simple « copier-coller » des mesures prises en Asie ou en Europe.

Par ailleurs, le Centre africain de contrôle et de prévention des maladies (CDC) et l'Union africaine ont mis en place une « Africa Task Force for Novel Coronavirus (AFCOR) », dirigé par le Maroc, l'Afrique du Sud, le Sénégal, le Nigeria et le Kenya, afin d'améliorer la capacité de réponse africaine à l'épidémie. Une semaine après le premier cas en Égypte le 14 février, le CDC a réuni l'ensemble des ministres de la santé africains et a lancé une stratégie de coordination continentale. L'institut Pasteur de Dakar a contribué à cette opération et s'est vu confié par trois institutions - le CDC, l'OMS, l'Organisation ouest-africaine de la santé -, une mission régionale d'appui à un certain nombre de laboratoires d'autres pays. Grâce à ces efforts, le nombre de pays capables de réaliser des tests a été décuplé en quelques semaines, passant de 2 à 43. Un total de 4 000 cliniciens ont été formés par le CDC, 39 pays ont été formés sur les mesures de prévention et de contrôle, 600 intervenants ont été déployés. Lors de son audition, Amadou Sall a par ailleurs rappelé que la France était partie prenante au projet de production de tests rapides par l'institut Pasteur de Dakar dans le cadre de l'initiative Diatropix soutenue depuis 2018 par la Fondation Mérieux et l'Institut de recherche pour le développement (IRD).

Toutefois, le directeur du CDC a estimé qu'il était nécessaire d'être en capacité de passer de 1,3 millions de personnes testées à 13 millions, soit 1 % de la population africaine, d'où l'initiative « Partenariat pour accélérer les tests COVID 19 en Afrique » lancé par le CDC, visant à passer à 15 millions de tests d'ici 3 mois, à déployer 1 million de travailleurs communautaires et à mettre en place une plateforme commune d'achats en commun de matériels de lutte contre le coronavirus.

Par ailleurs, des ponts humanitaires ont été mis en place pour contourner la crise des transports. Des hubs logistiques ont été mis en place, notamment à Dubaï. Le 8 juin, Janez Lenarèiè, commissaire de l'Union européenne en charge de la gestion des crises, Jean-Yves Le Drian, ministre des affaires étrangères et Philippe Goffin, ministre des affaires étrangères et de la défense belge, ont annoncé la mise en place d'un pont aérien de l'UE vers la RDC pour transporter des médicaments et du matériel médical malgré la fermeture des frontières en raison de la pandémie. Deux autres vols sont prévus pour acheminer au total 40 tonnes de fret de matériel médical et humanitaire vers la RDC.

Enfin, l'Union européenne s'est singularisée par la précocité de sa réponse, avec 20 milliards mobilisés par la Commission et les États-membres avant même que les grandes institutions multilatérales n'annoncent leurs plans.

Page mise à jour le

Partager cette page