B. DES RÉSULTATS NATIONAUX GLOBALEMENT ENCOURAGEANTS, MAIS QUI CACHENT DES ÉCARTS IMPORTANTS ENTRE LES PARCOURS DE FORMATION ET ENTRE LES UNIVERSITÉS

1. Une augmentation du nombre d'admis en MMOP et un début de diversification des profils, plus ou moins marqué selon les universités

D'après les données transmises par le MESRI (cf. tableau ci-dessous), 56 860 étudiants étaient inscrits, à l'échelle nationale, en première année d'études de santé au titre de l'année universitaire 2020-2021, dont 42 284 en PASS/L.AS (la différence correspond au nombre de doublants PACES).

Sur ces 42 284 étudiants issus des nouveaux parcours, 21 177 ont validé leur année , soit 50,1 %. Parmi eux, 10 096 ont été admis en MMOP , soit 47,7 %.

En y ajoutant les 6 504 étudiants admis au titre de la PACES et les 684 reçus au titre des dispositifs « passerelle », 17 284 étudiants ont, au total, été admis en deuxième année des filières de santé à la rentrée universitaire 2021 , soit une augmentation globale de 15,5 % du nombre d'admis par rapport à la rentrée universitaire 2020.

La filière médecine a enregistré, à elle seule, une augmentation de 19,5 %, avec 11 187 admis contre 9 361 en 2020. La filière pharmacie confirme son manque d'attractivité , l'essentiel des places non pourvues se concentrant sur ce cursus et, dans une moindre mesure, sur la filière maïeutique.

Sur les 10 096 étudiants des nouveaux parcours admis en MMOP , 7 222 sont issus de PASS et 2 874 de L.AS, soit une proportion respective de 71,5 % et de 28,5 % . Cette répartition est conforme à la dérogation ayant permis aux universités de réserver, pour la rentrée universitaires 2021, 70 % des places ouvertes en deuxième année d'études de santé à un même parcours (contre les 50 % initialement prévus par l'arrêté du 4 novembre 2019).

Résultats nationaux des admissions en 2 ème année de filières MMOP
à l'issue de l'année universitaire 2020-2021

Nombre d'admissions en MMOP

Médecine

Pharmacie

Odontologie

Maïeutique

Total

PACES

3 684

1 643

635

542

6 504

PASS

4 997

1 336

504

385

7 222

L.AS

2 060

458

213

143

2 874

PACES+PASS+L.AS

10 741

3 437

1 352

1 070

16 600

Passerelles/hors UE

446

129

58

51

684

Total

11 187

3 566

1 410

1 121

17 284

Source : ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation (MESRI)

Si ces résultats nationaux traduisent une amorce de diversification des profils académiques en MMOP - qui est l'un des principaux objectifs de la réforme -, une approche micro, au niveau des universités, montre que celle-ci n'est pas au rendez-vous partout. Ainsi, dans certains établissements (par exemple, à l'Université de Bourgogne ou à l'Université de Montpellier), le ratio d'admis en MMOP est de l'ordre de 90 % de PASS/10 % de L.AS.

Plusieurs raisons semblent expliquer ce déséquilibre dans la répartition des profils : un niveau insuffisant des étudiants de L.AS, qui n'ont pas été en mesure d'acquérir les prérequis nécessaires à l'accès en filières de santé, des abandons en cours d'année et, par voie de conséquence, un déficit de candidatures en MMOP - lequel s'est traduit par la réaffectation, en application du principe de fongibilité, des places non pourvues par les étudiants de L.AS aux étudiants de PASS afin de ne pas laisser des places vacantes (cf. infra ).

2. Le difficile suivi des étudiants de PASS/L.AS n'ayant pas été admis en MMOP, faute de données consolidées

Parmi les 11 081 étudiants de PASS/L.AS ayant validé leur première année sans avoir été reçus en MMOP , le MESRI estime - les chiffres ne sont, à ce jour, pas encore stabilisés - que plus de 1 450 auraient intégré la filière kinésithérapie et 5 200 se seraient inscrits en L.AS 2 .

Que sont alors devenus les quelque 4 400 étudiants « restants » - qui représentent 20,7 % des effectifs PASS/L.AS ayant validé leur année - ? Force est de constater que les données font défaut, aussi bien du côté du ministère que des établissements.

Des remontées font état, dans certains établissements, de nombreux départs à l'étranger (médecine en Roumanie, dentaire en Espagne, pharmacie en Belgique...), sans que ce phénomène soit précisément quantifiable. Lors de son audition, le doyen de la faculté de pharmacie de l'Université de Montpellier a toutefois parlé de « préoccupation majeure ». Pour sa part, le ministère a indiqué « ne pas avoir de données sur ce point » .

Un certain nombre d'étudiants se sont sans doute réorientés vers d'autres filières de santé (notamment les instituts de formation en soins infirmiers (IFSI)) ou vers d'autres licences .

Le collectif national PASS/L.AS parle d'« un grand nombre d'éjectés du système » et de cas de « rétrogradation » dans des licences non choisies, ces constats n'étant toutefois pas assortis de données chiffrées consolidées.

Pour sa part, la Conférence des présidents d'université (CPU) évalue « les pertes en ligne » entre 10 % et 25 % des effectifs de la première promotion PASS/L.AS .

3. Des résultats de la première promotion PASS/L.AS très différents d'un établissement à l'autre

Des auditions menées par la rapporteure auprès de plusieurs universités ayant opté pour des modalités de mise en oeuvre de la réforme différentes, il ressort que les résultats de la promotion PASS/L.AS 2020-2021 sont très variables d'un établissement à l'autre, ce qui rend difficile toute conclusion nationale .

Il faudra vraisemblablement attendre les résultats des prochaines promotions pour dresser un bilan plus précis des effets de la réforme en termes de réussite étudiante et de diversification des profils.

Les résultats obtenus dans certaines des universités auditionnées

L'Université de Strasbourg a fait le choix d' une voie unique d'accès aux filières MMOPK : la licence mention « Sciences pour la Santé » (SpS), qui se décline en 11 parcours différents 5 ( * ) .

Sur 1 311 étudiants inscrits en L1SpS en 2020-21, 630 étudiants ont validé la L1SpS (soit 48 %) et 512 ont validé le bloc santé (soit 40 %), obligatoire pour participer à la sélection en vue d'intégrer MMOPK.

À l'issue de la L1SpS, 375 étudiants ont été admis en MMOPK (soit 28,60 % de la promotion), 139 en L2 santé (soit 10,6 %), 53 en L2 hors santé (soit 4 %), 91 ont redoublé (soit 7 %), et 20 se sont réorientés en L1SpS dans un autre parcours que celui suivi la première année (soit 1,5 %).

La diversification des profils s'observe de facto puisque 10 % des meilleurs de chaque parcours disciplinaire (qui ont validé l'année et le bloc santé) sont acceptés en MMOPK, à hauteur de 50 % des places disponibles dans chaque filière.

L'Université de Bourgogne a mis en place un système PASS/L.AS pour l'accès aux études de santé.

Le taux d'accès en 2 ème année d'une des filières de santé - calculé en excluant les étudiants en situation d'abandon - atteint 59,3% pour les doublants PACES, 53,4 % pour les étudiants de L.AS et 42,7 % pour les étudiants de PASS. En prenant en compte les abandons en cours d'année, le taux d'accès à une filière de santé n'est plus que de 17 % pour les étudiants de L.AS et de 35 % pour les étudiants de PASS (soit un taux de 31 % pour les étudiants de PASS et de L.AS réunis), mais reste relativement stable pour les étudiants de PACES (58 %). Ces résultats interpellent sur l'importance des abandons en cours d'année, particulièrement en L.AS où le taux de défection atteint 68 %.

L'Université de Caen a opté pour une formule unique composée de 10 licences avec option « accès santé » (L.AS) 6 ( * ) .

Sur 925 étudiants inscrits, 510 ont validé leur première année de L.AS. Parmi eux, 292 ont été admis en MMOP - soit un taux d'accès en deuxième année des études de santé de 55 % - et 218 étudiants ont intégré une L.AS 2. Peu de cas de déperdition ont été constatés .

II. UNE DEUXIÈME ANNÉE DE MISE EN oeUVRE DE LA RÉFORME QUI SE CARACTÉRISE, CERTES, PAR UNE MEILLEURE APPROPRIATION GÉNÉRALE, MAIS AUSSI PAR DES DISPARITÉS ET DES DYSFONCTIONNEMENTS PERSISTANTS


* 5 Chimie, droit, économie et gestion, mathématiques, physique, psychologie, sciences sociales, sciences et techniques des activités physiques et sportives (STAPS), sciences et technologies, sciences de la terre et de l'univers, sciences de la vie.

* 6 Physique, chimie, informatique, mathématiques, psychologie, STAPS, économie, droit, sciences pour la santé, science de la vie.

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