B. UNE AUGMENTATION DE 30 % DU NOMBRE DE SENIORS EN DÉPENDANCE D'ICI 2030

Le vieillissement de la population martiniquaise présente des caractéristiques qui le distinguent de celui de la France hexagonale avec une entrée en dépendance plus rapide. La question de la santé des personnes âgées, et notamment l'organisation de la prise en charge des personnes en situation d'incapacité, y est devenue un enjeu majeur de santé publique.

Le contexte socio-économique de la Martinique se traduit par un taux de pauvreté 2 fois supérieur à celui de l'Hexagone, et un taux de chômage supérieur de 5 points. Selon l'Insee, en 2018, 23,4 % des personnes âgées de 60 à 74 ans et 31,2 % des 75 ans et plus vivaient sous le seuil de pauvreté (contre 10,5 % et 9,7 % en France hexagonale). Le minimum vieillesse est aussi beaucoup plus répandu en Martinique qu'en France hexagonale. Fin 2018, 13,2 % des Martiniquais âgés de 60 ans et plus le percevaient contre 2,9 % dans l'Hexagone.

Dans ce contexte, les personnes âgées sont confrontées à un risque de perte d'autonomie précoce et plus fréquent que dans l'Hexagone en raison notamment d'un état de santé plus dégradé. D'ici 2030, la Martinique subira une augmentation de 30 % du nombre de personnes âgées de 60 ans et plus en dépendance sévère.

En 2016, le taux d'institutionnalisation des GIR 1-2 était de 30 % contre 65 % en France hexagonale. Ce taux passe à 5 % pour les GIR 3-4 contre 20 % en France hexagonale. Un mécanisme de solidarités familiales permet pour l'heure le maintien à domicile. Toutefois, les phénomènes démographiques et migratoires évoqués précédemment limitent le nombre d'aidants familiaux que les personnes âgées fortement dépendantes pourraient solliciter.

Ainsi, l'enjeu du maintien à domicile de ces personnes âgées fortement dépendantes deviendra majeur, dans les prochaines décennies, au regard des différents scénarios d'évolution des taux d'institutionnalisation et du taux d'équipement en places.

L'allocation personnalisée d'autonomie (APA) est versée par le département à 276 bénéficiaires pour 1 000 personnes âgées de 75 ans ou plus en Martinique. En comparaison la moyenne nationale est à 222 bénéficiaires sur 1 000.

Cet accroissement du niveau de dépendance se traduit notamment par une progression du nombre de bénéficiaires de l'allocation personnalisée d'autonomie (APA) à domicile servie par la collectivité territoriale. La part totale des bénéficiaires de l'APA (à domicile et en établissement) est quant à elle plus élevée que dans l'Hexagone (9 % des 60 ans et plus et 26,1 % des 75 ans et plus contre respectivement 7,5 % et 20,9 % au 1er janvier 2019).

Sur le territoire martiniquais, l'APA est plus de huit fois sur dix perçue à domicile alors qu'elle l'est moins de six fois sur dix dans l'Hexagone. 20,5 % de ces bénéficiaires de la région sont fortement dépendants.

Le « reste à charge » pour les patients en Martinique est l'un des plus élevés : environ 7,50 euros de l'heure d'aide à domicile.

On note également une part bien plus importante de bénéficiaires de l'aide sociale. Par exemple, entre 96 % et 97 % des résidents d'établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) de Martinique perçoivent cette aide.