III. DES RISQUES DE PÉNURIES DE RESSOURCES HUMAINES ET DES MOYENS FINANCIERS À CONSOLIDER

A. LA PRISE EN CHARGE DES PERSONNES ÂGÉES DÉPENDANTES SUPPOSE DES MOYENS HUMAINS IMPORTANTS

En Martinique, le secteur médico-social souffre d'un manque d'attractivité et rencontre des difficultés pour recruter. Cette problématique est beaucoup plus aiguë qu'en France hexagonale pour plusieurs raisons, la principale étant l'insuffisance de moyens humains.

En Martinique, une grande majorité des personnes âgées dépendantes est aujourd'hui prise en charge à domicile, par un ensemble de prestataires de services dans le domaine sanitaire, médico-social et social (services de soins infirmiers à domicile, infirmiers libéraux, centres de soins infirmiers, aides-soignants, réseaux de services d'aide à la personne). Tous les interlocuteurs de la délégation sénatoriale ont insisté sur le fait que le maintien à domicile, « garder les anciens à la maison », faisait partie intégrante de la culture locale.

Le maintien à domicile mobiliserait environ 6 000 ETP (5 890 ETP) en 2030. En institution, ce nombre s'élèverait à 1 270 ETP. Entre 2020 et 2030, les besoins en emplois augmenteraient d'environ 25 %. Cela représenterait 1 420 ETP supplémentaires, soit 1 180 ETP à domicile et 240 ETP en institution.

Malheureusement, la situation démographique de l'île ajoute une tension supplémentaire sur ces besoins en personnel. Il n'est pas sûr que la population active disponible puisse répondre à cette demande. Les représentants des employeurs ont lancé des alertes sur le sujet et notre collègue Catherine Conconne a pris des initiatives pour encourager le retour des jeunes Martiniquais sur l'île.

L'insularité de l'île ajoute une difficulté spécifique supplémentaire qui touche à l'attractivité de certains secteurs. Cette situation est partie due à des différences entre secteurs public et privé. Les représentants de la Fehap qui gère 35 établissements sur l'île ont fait part aux sénateurs de difficultés spécifiques à leur secteur : la prime de vie chère est de 20 % dans le privé et de 40% dans le public.

La crise de la démographie médicale est aussi plus aiguë. La formation des infirmières et des aides-soignants reste calée sur une logique hospitalière et n'a pas encore été ajustée aux attentes du secteur médico-social. Des initiatives sont en cours, comme la semaine de l'attractivité des métiers du médico-social qui a eu lieu juste après notre passage, tout comme une réflexion à plus long terme sur la possibilité d'augmenter le nombre de places de formation pour les infirmières par exemple.

Si la première difficulté à laquelle sont confrontés les acteurs en charge des personnes âgées est la difficulté de recruter des personnels, cette difficulté se répercute au niveau des familles et des aidants. Sur un territoire qui considère que le maintien à domicile est une solution privilégiée (8 bénéficiaires de l'APA sur 10 sont à domicile), il y a beaucoup d'aidants mais des aidants âgés.