II. L'IMPÉRATIF DE L'ATTRACTIVITÉ : RÉ-ENCHANTER LE TRAVAIL, ADAPTER LES EMPLOIS

La pandémie de Covid-19 a mis en lumière les évolutions des attentes des Français vis-à-vis de leur emploi. Sans qu'il n'existe réellement de « Grande démission » (« Big Quit ») ni de rejet du travail, les considérations relatives à la mobilité professionnelle, au travail à distance ou encore au « sens » du travail ont certainement pris de l'importance.

30 métiers subissent une crise d'attractivité

57 % des salariés envisagent une évolution professionnelle dans les deux ans à venir

Une trentaine de professions connaissent une réelle crise d'attractivité (notamment dans les métiers de l'hôtellerie-restauration ou de l'aide à domicile), qui s'explique par un déficit d'image ou des conditions organisationnelles et matérielles jugées insuffisantes.

L'adaptation des emplois à ces attentes nouvelles est un levier important d'attractivité et de fidélisation, pour enrayer cette dynamique de perte d'attractivité et renverser la tendance.

Il faut mobiliser tous les leviers pour INFORMER, COMMUNIQUER, et PROMOUVOIR les métiers en tension. Les rapporteurs recommandent de :

Ø À l'école...

faire de la connaissance des métiers un objectif à part entière de l'enseignement, dès le collège, via un temps dédié en classe de cinquième et de seconde ;

Ø améliorer l'information des élèves et de leurs familles aux périodes charnières de l'orientation, grâce à des éléments comparatifs entre filières de formation initiale (rémunération, insertion, débouchés...) ;

Ø mieux former les enseignants au monde professionnel, dès le début et tout au long de leur carrière ;

Dans les entreprises...

Ø mieux valoriser le sens des métiers, l'engagement sociétal des entreprises, et la « marque employeur », en particulier dans les PME ;

Ø accentuer la promotion des métiers et secteurs qui recrutent, notamment par le biais des opérateurs de compétences (OPCO).

Il faut aussi ACCOMPAGNER L'ÉVOLUTION DES EMPLOIS au regard des attentes nouvelles des Français.



Développer et simplifier le partage de la valeur au sein des entreprises, notamment les TPE-PME



Accompagner l'effort en faveur de la qualité de vie au travail


Promouvoir l'intégration de nouveaux modes
de management
et d'organisation
du travail

III. POURSUIVRE LA RÉNOVATION DE LA FORMATION INITIALE ET DE L'ALTERNANCE, POUR ALLIER INSERTION FACILITÉE VERS L'EMPLOI ET SOCLE DE COMPÉTENCES SOLIDE

La France fait face à trois grandes transitions, qui entraîneront à court terme une forte mutation des besoins de compétences de l'économie et de la société.

Afin de former les compétences et les jeunes de demain, le système de formation initiale doit très rapidement intégrer ces besoins nouveaux, pour s'assurer que les cursus existants les prennent bien en compte, ou créer de nouveaux cursus.

Mais la formation initiale en France peine à répondre à ses nombreux défis :

Une offre de formation évoluant trop peu et trop difficilement

Un maillage territorial et sectoriel fragilisé

La dégradation de la maîtrise
du socle de compétences

Seuls 59 % des élèves de lycée suivaient en 2022 un enseignement de mathématiques

Un moindre accès des femmes aux filières scientifiques

33 % de taux de féminisation des écoles d'ingénieur, contre 85 % des formations paramédicales et sociales

Zoom 1 - Pérenniser le succès de l'apprentissage

L'apprentissage est un succès indéniable dans les chiffres et dans les têtes.

L'instauration de nouvelles aides plus lisibles, l'élargissement des publics concernés et la libéralisation de l'offre ont entraîné un vrai « boom », salué par les entreprises, qui participe de la revalorisation de la voie professionnelle.

Mais deux défis doivent encore être relevés : le développement de l'apprentissage dans les formations à niveau de qualification baccalauréat ou infra-baccalauréat ; et la sécurisation d'un modèle de financement pérenne et adéquat.

Or, le financement actuel, basé sur les contributions des entreprises, ne suffit plus : France compétences a dû bénéficier de 14 milliards d'euros de « rallonges » de l'Etat depuis 2020 pour boucler son budget, et s'endetter fortement.

Les rapporteurs proposent :

Ø de maintenir l'aide exceptionnelle annoncée en 2020 et reconduite jusqu'en 2023 ; et éviter la tentation d'une augmentation des prélèvements sur les entreprises ;

Ø de sécuriser le financement de l'apprentissage en provisionnant annuellement une dotation budgétaire de l'État, pour équilibrer le budget de France compétences ;

Ø d'éviter une baisse insoutenable des niveaux de prise en charge (NPEC) et soutenir l'investissement dans les centres de formation d'apprentis.

980 000 contrats d'apprentissage fin 2022,
contre environ 450 000 entre 2012 et 2018.

Zoom 2 - Revaloriser la voie professionnelle
auprès des jeunes et des entreprises

Le lycée professionnel est encore perçu comme insuffisamment attirant, insérant et professionnalisant. Pourtant, une grande partie des métiers en tension et des métiers d'avenir relève de la voie professionnelle.

Les rapporteurs proposent :

Ø d'améliorer la qualité de l'orientation en amont, pour passer de parcours subis à des parcours choisis et susciter les vocations ;

Ø de développer les dispositifs de spécialisation concrète, comme les « colorations » et les « formations complémentaires d'initiative locale » ;

Ø surtout, d'inciter les lycées professionnels à aller vers les entreprises, par exemple en intégrant des éléments relatifs à la relation aux entreprises locales parmi les indicateurs de résultat des lycées professionnels ;

Ø enfin, pour prévenir le décrochage à la sortie du lycée, d'assurer un suivi et un accompagnement à l'insertion des jeunes diplômés de la voie professionnelle.

La moitié
des diplômés de CAP ne trouvent pas d'emploi sous deux ans

61 %
du décrochage intervient en lycée professionnel

1 lycéen sur 3
est scolarisé en lycée professionnel

mais...

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