B. LE PROJET EUCANSCREEN POUR SOUTENIR LES ÉTATS MEMBRES DANS LA MISE EN oeUVRE DE CETTE RECOMMANDATION

L'action commune EUcanSCREEN doit permettre d'harmoniser les programmes de dépistage de l'Union afin d'assurer la performance de ces programmes et de réduire les inégalités. Cette initiative, lancée en juin 2024 avec un financement de l'Union à hauteur de 38,5 millions d'euros, réunit 29 États38(*) autour d'objectifs communs parmi lesquels assurer la mise en oeuvre complète de programmes de dépistage du cancer du sein, du cancer du col de l'utérus et du cancer colorectal, garantir l'égalité d'accès des citoyens européens éligibles aux programmes de dépistage et renforcer les capacités en matière de dépistage du cancer.

Cette initiative est complétée par trois projets visant respectivement à définir des lignes directrices et des méthodes de dépistage adaptées pour le cancer de l'estomac, le cancer de la prostate et le cancer du poumon.

Ainsi, le projet TOGAS vise à aider les États membres à intégrer le dépistage du cancer gastrique dans leur politique de santé, en évaluant la faisabilité et l'efficacité des différentes méthodes de dépistage.

Le projet SOLACE, quant à lui, concerne la mise en oeuvre du dépistage du cancer du poumon par scanner à faible dose de rayons, et vise à proposer des recommandations adaptées au contexte de chaque État membre. Il vise également à permettre une participation plus importante des femmes et des populations défavorisées aux programmes de dépistage. En outre, il doit permettre d'évaluer l'intérêt d'une politique ciblée de dépistage pour les fumeurs et les personnes exposées à des agents cancérigènes.

Enfin, le projet PRAISE-U concerne le cancer de la prostate. Il vise à harmoniser les protocoles et les lignes directrices en matière de dépistage entre les États membres et à permettre la collecte et la diffusion de données pertinentes.

C. UN AXE QU'IL CONVIENT DE CONTINUER À DÉVELOPPER

Les rapporteurs estiment que la politique de dépistage est essentielle pour permettre de réduire la mortalité liée au cancer.

1. L'enjeu de la lutte contre les inégalités

L'association ECO a présenté aux rapporteurs des données mettant en avant les inégalités en matière de dépistage du cancer selon l'État membre de résidence et les revenus.

Ainsi, en 2019, le taux de dépistage du cancer du sein variait de 9 % en Roumanie à 95 % en Suède. Il était de 70 % en France. En 2019 également, en Roumanie, parmi les personnes ayant de très faibles revenus, 85 % n'avaient jamais effectué un dépistage du cancer du sein. Ce taux tombait à 54,7 % pour les personnes ayant des revenus très élevés.

Il est donc nécessaire d'une part, d'améliorer le taux de dépistage dans certains États membres sur la base des recommandations du Conseil mais également, au sein de chaque État membre, de mener des politiques ciblées vers des publics particuliers pour inciter au dépistage. C'est le cas notamment en France où les personnes ayant un niveau socio-économique moindre participent moins aux programmes de dépistage.

2. La prise en compte de l'hérédité et de l'âge

Les personnes présentant un risque de cancer héréditaire devraient bénéficier d'une information spécifique et faire l'objet d'un suivi particulier. Une action de l'Union pourrait permettre de réfléchir aux conditions dans lesquelles ces personnes pourraient être informées et aux outils qui pourraient être utilisés. Un projet de recherche pourrait permettre de déterminer selon les types de cancer des lignes directrices spécifiques pour le dépistage.

De même, avec l'allongement de l'espérance de vie, le dépistage doit davantage concerner les personnes âgées avec une politique adaptée et des personnels mieux formés à l'oncologie gériatrique.

3. Le développement de méthodes de dépistage non invasives

Le Sénat a adopté, le 6 mai 2025, une résolution visant à promouvoir la recherche fondamentale et l'innovation de rupture dans le domaine des ARN extracellulaires et des vésicules extracellulaires39(*). En effet, l'ARN extracellulaire peut être utilisé comme biomarqueur pour le dépistage du cancer. Une analyse d'échantillons de sang ou d'urine pourrait permettre de suspecter un cancer et d'orienter les patients vers des examens plus poussés.

La recherche translationnelle qui associe recherche exploratoire et recherche clinique devrait être développée pour promouvoir des méthodes de dépistage non invasives.


* 38 25 États membres de l'Union, l'Ukraine, la Moldavie, la Norvège et l'Islande

* 39 https://www.senat.fr/dossier-legislatif/ppr24-457.html

Partager cette page