III. STIMULER LA RECHERCHE POUR RENFORCER LE PLAN CANCER

A. DES STRUCTURES ET DES OUTILS POUR SOUTENIR LA RECHERCHE

1. La création du centre de connaissances sur le cancer avec un registre européen des inégalités en matière de cancer

Le centre de connaissances sur le cancer a bien été créé le 30 juin 2021. Il fait partie du centre commun de recherche (Joint research center), un service de la Commission européenne qui vise à soutenir ses politiques et initiatives grâce à des données scientifiques produites de manière indépendante vis-à-vis des intérêts commerciaux privés et nationaux.

Le centre de connaissances sur le cancer inclut :

- le système européen d'information sur le cancer qui permet de suivre la charge que représente le cancer en Europe grâce aux données du réseau européen des registres du cancer8(*) : afin de renforcer la production de données, l'Union a accordé des subventions aux États membres pour un montant global de 13 millions d'euros ;

- le registre européen des inégalités en matière de cancer : il s'agit d'une initiative phare du plan cancer qui vise à recenser les tendances, les disparités et les inégalités entre les États membres et en leur sein : la création de ce registre a été confiée à l'OCDE par la Commission européenne. Des rapports par pays sont publiés tous les deux ans. L'Institut national du cancer est le point focal pour fournir les informations concernant la France pour laquelle deux rapports ont été publiés, le premier en 20239(*) et le second en 202510(*) ;

- le portail de connaissances sur la promotion de la santé et la prévention des maladies qui depuis 2021 a publié 13 nouvelles notes d'information, y compris sur des cancers spécifiques et leurs déterminants ;

- les lignes directrices et les systèmes européens d'assurance de la qualité pour le dépistage et le diagnostic du cancer qui permettent notamment d'établir les recommandations du Conseil en la matière : des lignes directrices ont déjà été établies pour le dépistage et le diagnostic du cancer du sein avec au total quatre-vingts recommandations fondées sur des données probantes. Des lignes directrices sont en cours d'élaboration pour le cancer colorectal, le cancer de la prostate et le cancer du poumon ;

- la plateforme de l'Union européenne sur l'enregistrement des maladies rares qui intègre et soutient les registres des cancers rares : 20 % des 161 registres des maladies rares concernent des cancers.

L'entrée en vigueur du règlement visant à créer un espace européen des données de santé permettra de favoriser les activités du centre. À ce sujet, les rapporteurs rappellent la résolution du Sénat n° 165 (2022-2023) du 17 juillet 2023 par laquelle le Sénat soutient le principe d'un traitement des données de santé à des fins de recherche dans l'intérêt des patients.

Les rapporteurs se félicitent donc de la création du centre européen de connaissances sur le cancer. Ils rappellent toutefois la nécessité de continuer à soutenir les États membres pour la production de données.

2. Le développement de nombreux outils pour stimuler la recherche

Plusieurs initiatives sont en cours de développement pour soutenir la recherche.

a) L'initiative UNCAN.eu pour mieux comprendre la maladie

L'initiative phare UNCAN.eu, financée sur les fonds de la mission « cancer », a pour objectif de créer une plateforme européenne de données de recherche sur le cancer dans le but de mieux comprendre les mécanismes de la maladie et de repérer les personnes à risque. Cette initiative est en cours de développement. Plusieurs projets sont financés dans ce cadre. Ainsi, le projet DISCERN doit permettre de mieux comprendre les causes du cancer du rein, du cancer du pancréas et du cancer colorectal. Le projet HIT GLIO vise, quant à lui, à comprendre les interactions entre la tumeur et l'hôte dans les gliomes malins pédiatriques.

L'initiative « cancers pédiatriques et cancers chez les adolescents et les jeunes adultes » doit permettre d'améliorer la compréhension des facteurs de déclenchement du cancer et de sa progression, et de stimuler la transformation de la prise en charge du cancer pédiatrique grâce à des informations fondées sur des données probantes. Lancée en 2024, cette initiative est en cours de développement.

b) Un atlas européen des images liées au cancer

Une initiative européenne pour l'imagerie du cancer a été lancée en décembre 2022. L'objectif principal de cette initiative est de créer une infrastructure européenne fédérée pour héberger des images du cancer. Cette infrastructure est en cours de déploiement dans le cadre du projet EUCAIM (European federation for cancer images). Une première version de la plateforme a été présentée en septembre 2023. En décembre 2024, celle-ci reliait 57 ensembles de données d'imagerie couvrant neuf types de cancer présentés par plus de 47 000 sujets.

Le projet EUCAIM, financé par le programme « pour un Europe numérique » avec un budget de 18 millions d'euros sur quatre ans, rassemble soixante-dix-neuf partenaires européens avec pour objectif de déployer une infrastructure fédérée numérique européenne d'images interopérables et anonymes liées au cancer. Cet atlas européen permettra notamment d'entraîner et de valider des algorithmes d'intelligence artificielle. Côté français, l'AP-HP fait partie des sites cliniques impliqués dans la création de cette plateforme. Lorsque celle-ci sera opérationnelle, l'Institut national du cancer aura pour objectif d'encourager son utilisation et le partage des données par les parties prenantes françaises.

Pour l'Institut national du cancer, la coordination entre les projets EUCAIM et UNCAN est essentielle pour garantir l'intégration des données sur une même plateforme. C'est également ce que recommandent les rapporteurs.

c) Le projet « génomique pour la santé publique »

La Commission développe le projet « génomique pour la santé publique » qui vise à créer une plateforme donnant accès à au moins 1 million de génomes afin de soutenir le développement de la médecine personnalisée. Cette initiative ne concerne pas spécifiquement la lutte contre le cancer mais elle sera également utile pour mieux comprendre les mécanismes favorisant le développement de cette maladie.

d) Le repositionnement de médicaments

La réaffectation de médicaments déjà sur le marché au traitement du cancer est une piste prometteuse pour développer de nouvelles thérapies. Pour soutenir la recherche dans ce domaine, la Commission a lancé le projet NEWROAD qui doit permettre de créer une plateforme ouverte et collaborative utilisant des capacités d'intelligence artificielle pour évaluer les données relatives à un cancer donné en lien avec la pharmacopée existante.


* 8 A noter que la France ne dispose toujours pas d'un registre du cancer conforme aux standards de l'Union, contrairement à 22 autres États membres de l'Union qui ont intégré le Réseau européen des registres du cancer, et ce malgré l'adoption au Sénat de la proposition de loi n° 546 (2023-2024)

* 9 https://www.oecd.org/content/dam/oecd/fr/publications/reports/2023/02/eu-country-cancer-profile-france-2023_bf3c2485/1dd7dd7f-fr.pdf

* 10 https://www.oecd.org/content/dam/oecd/fr/publications/reports/2025/02/eu-country-cancer-profile-france-2025_12099cae/00068bb5-fr.pdf

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