D. UNE COOPÉRATION UNIVERSITAIRE ET CULTURELLE TRÈS RICHE
La coopération culturelle est riche, avec une forte présence de l'IRD et celle de l'Institut français d'études andines, l'IFEA. Lors de son entretien avec la délégation, le ministre des relations extérieures péruvien a ainsi déclaré que la France avait créé l'archéologie péruvienne. En outre, le réseau des Alliances françaises rassemble plus de 40 000 apprenants, dont 11 000 pour la seule Alliance de Lima, la première au monde.
E. UN INVESTISSEMENT À RENFORCER DANS LA RELATION DE DÉFENSE
Le développement de la coopération dans le Pacifique Sud entre la France et les pays andins reste un parent pauvre de la stratégie indo-pacifique française3(*). À cet égard, l'un des sujets de coopération naturels avec le Pérou, qui figure parmi les dix plus grands producteurs de pêche de capture au monde, est la lutte contre la pêche illégale.
Globalement, celle-ci priverait les pays d'Amérique du Sud de plus de 15 % de leur capture annuelle. Avec plus de 3 000 km de côtes, l'Océan péruvien est l'un des plus productifs du monde, fort d'une biodiversité exceptionnelle. Toutefois les ressources halieutiques sont déjà gravement surexploitées dans cette partie du Pacifique où il n'existe pas de réglementation ou de quotas sur le modèle de ceux mis en place au large de l'Europe. Les navires chinois représenteraient les trois quarts des bateaux étrangers présents dans les zones économiques exclusives (ZEE) de ces pays, avec en permanence plus de 500 bateaux. En outre, les navires impliqués sont souvent de véritables « bateaux-prisons » où la main-d'oeuvre est exploitée pendant des mois.
Sur ce dossier et d'autres qui concernent le Pacifique, les autorités françaises coopèrent avec le Centre de fusion d'informations maritimes pour l'Amérique latine (IFC), équivalent péruvien du MICA Center de Brest et premier en son genre en Amérique du Sud, doté de plateformes numériques de surveillance en temps réel de la sécurité maritime dans le Pacifique Sud, que la délégation a pu visiter. La présence d'un réserviste français au sein de cet organisme permet de contribuer à la constitution d'un réseau des pays jouant un rôle en matière de fusion des informations maritimes, au bénéfice de l'influence française. Par ailleurs, des patrouilles communes pourraient être organisées à l'occasion d'escales et des accords de « shipriding4(*) » pourraient éventuellement être négociés, à l'instar de ce qui existe entre les États qui participent chaque année au sommet régional des ministres de la Défense du Pacifique sud (auxquels participe le Chili mais non le Pérou).
Parmi les actions de coopération entre les marines nationales des deux pays, on peut également mentionner, en mai 2024, l'escale du groupe Jeanne d'Arc (réunissant un porte-hélicoptère amphibie et une frégate) à Callao, le port situé près de Lima, après un entraînement de transit sous menace sous-marine protégé par des frégates péruviennes5(*).
Par ailleurs, le Pérou souhaite actuellement renouveler son aviation de chasse en remplaçant ses onze Mirage 2000P, ses dix MiG-29A Fulcrum et ses quelques Sukhoi Su-25 Frogfoot, et en acquérant vingt-quatre avions plus récents. Dassault avec le Rafale était en concurrence avec Saab qui propose le Gripen et Lockheed Martin le F-16. Le Pérou a finalement décidé d'acquérir le Gripen.
Plus généralement, en Amérique du Sud, la nécessité pour plusieurs des pays du continent de moderniser leurs équipements, l'attitude agressive ou imprévisible des États-Unis qui met en valeur par contraste des partenaires plus respectueux, l'image très positive de notre pays au Brésil, au Pérou ou ailleurs, suscitent et vont susciter à l'avenir des opportunités. La France doit donc cultiver davantage ses relations bilatérales avec les pays sud-américains.
Plusieurs pays sud-américains offriront à l'avenir des opportunités de partenariats, notamment dans le domaine de la défense, qui devront être explorés
* 3 Le Pérou n'est pas mentionné dans la stratégie indopacifique française.
* 4 Le shiprinding consiste à patrouiller dans les eaux territoriales et les zones économiques exclusives d'un État tiers, en embarquant un officier du pays concerné, pour faciliter le déclenchement d'une procédure judiciaire.
* 5 Enfin une conférence « Gouvernance des océans : perspectives française et péruvienne dans le Pacifique » a été organisée, également en juin 2024, à l'Académie navale de Callao par l'Ambassade de France, l'IRD, l'AFD et l'Académie Navale du Pérou, pour faire le point sur plusieurs questions clés liées à la gouvernance des océans (lutte contre la pêche illégale, liberté de navigation, lutte contre la pollution plastique, protection de la biodiversité marine, dans la perspective de la troisième Conférence des Nations Unies sur les Océans (UNOC-3), de Nice de juin 2025).