CHAPITRE 3 - FISCALITÉ ET FINANCEMENTS PUBLICS SUR LE LITTORAL84 ( * )
1. Certains transferts de l'État concernent plus particulièrement les communes du littoral
Les communes du littoral, et dans certains cas leur groupements, bénéficient au même titre que les autres communes françaises de l'ensemble des transferts de l'État 85 ( * ) . Certains concours financiers les concernent, néanmoins, plus particulièrement. Ce sont ceux qui introduisent dans leurs critères d'éligibilité des aspects liés à la vocation touristique des sites ou à la présence d'espaces naturels à préserver :
- la DGF à travers deux composantes : la Dotation Touristique et la Dotation de Solidarité Rurale (DSR),
- le Fonds National de Péréquation de la TP, avec la Dotation de Développement Rural (DDR).
Les exploitations demandées à la Direction Générale des Collectivités Locales (DGCL) ont permis de déterminer le montant de la dotation touristique perçue par les communes du littoral. Il n'a malheureusement pas été possible d'obtenir la même information pour la DSR et la DDR.
Sur le 1,1 milliard de Dotation touristique versé en 1993, 508 millions, soit 46 %, ont été perçus par les communes du littoral. À titre de comparaison, les communes de montagne ont bénéficié de 485 millions, soit 44 % du total. On voit par là que ces communes sont les principales bénéficiaires du système puisqu' elles ont reçu 90 % des sommes allouées.
Sur les 909 communes du littoral, 471 ont reçu une Dotation touristique soit environ une sur deux.
La dotation touristique des communes du littoral est de 267 francs en moyenne par habitant permanent, soit 5 % de plus que la moyenne nationale, (254 francs par habitant). Elle représente 30 % du produit de Taxe d'habitation ou 24 % du produit de Taxe professionnelle perçu par les communes du littoral.
Si en moyenne, la Dotation forfaitaire de la DGF constitue donc une recette non négligeable, son rendement par habitant est toutefois très différent d'une commune à l'autre. Par exemple, Ouistreham a perçu une dotation de 84 francs par habitant contre 2 905 francs pour le Mont Saint Michel ou 4 270 francs pour Le Barcarès.
La répartition régionale montre une forte concentration sur la façade méditerranéenne, (Languedoc-Roussillon : 22 %, PACA : 19 %, Corse : 6 %) et sur la façade atlantique, (Pays de Loire : 19 %, Bretagne : 15 %, Aquitaine : 12 %).
Dotation touristique en 1993
Dotation touristique 1993 en MF |
Dotation touristique 1993 en F/Hab. |
Nombre de communes concernées |
|
pourcentage du total |
508,2 46 % |
267 |
471 15 % |
|
602,0 |
244 |
2 731 |
pourcentage du total |
54 % |
85 % |
|
Ensemble des communes pourcentage du total |
1 110,1 100 % |
254 |
3 202 100 % |
Concernant la DSR et la DDR, à défaut de connaître les montants perçus par les communes du littoral, les enveloppes nationales pour 1997 donnent une indication des masses en jeu : la DSR, 1,58 milliard et la DDR, 0,65 milliard.
En préambule à l'analyse, il convient de préciser que la réforme de la DGF du 31 décembre 1993 a marqué une évolution importante des transferts de l'État, notamment pour les trois dotations qui intéressent les communes du littoral.
Elle a notamment décidé du gel de la dotation touristique. Il s'agit d'un gel et non d'une disparition, ce qui signifie que :
- les communes bénéficiaires avant la réforme ont « depuis » leur dotation reconduite chaque année (une indexation est appliquée dans les mêmes conditions que la dotation forfaitaire, part principale de la DGF) ;
- les communes, qui n'étaient pas éligibles avant la réforme mais qui le seraient devenues depuis, ne peuvent plus en bénéficier.
La réforme de la DGF a également modifié profondément la DDR, en mettant en place un système déconcentré de répartition des crédits au niveau des préfets et en élargissant les critères d'éligibilité.
Enfin, les critères de répartition de la DSR ont été modifiés. Des notions nouvelles comme le potentiel fiscal rapporté à la superficie de la commune et non plus, comme auparavant, à la population, ont été introduites et se révèlent assez favorables aux communes du littoral.
1.1 Des transferts orientés vers le soutien au développement touristique des communes
Le législateur a le souci, depuis les années 60, d'apporter un soutien financier aux communes qui se tournent vers le tourisme, assimilé à l'immobilier, aux hébergements. Cette préoccupation s'inscrit dans une politique plus générale, qui dépasse le simple cadre des collectivités locales, de développement des activités touristiques en France.
Cette préoccupation se manifeste de deux façons :
- la prise en compte des résidences secondaires dans le calcul de la population retenue pour les différentes dotations qui composent la DGF (la population qui résulte des recensements est augmentée d'un habitant par résidence secondaire) 86 ( * ) . Cet avantage se traduit par une majoration directe des dotations perçues. L'avantage global est très difficile à estimer selon la DGCL. Il peut être néanmoins approché en rappelant qu'en moyenne la population prise en compte au titre des résidences secondaires représente 21 % de la population des communes touristiques contre seulement 4,6 % pour les autres communes ;
- l'introduction, dans les critères d'éligibilité à certaines dotations de l'État, de paramètres spécifiques aux communes touristiques.
Cette préoccupation se retrouvait, de façon très évidente, dans la dotation touristique d'avant 1993. Bien que gelé, le système antérieur dicte toujours la dotation actuelle.
La dotation supplémentaire aux communes touristiques, principale part de la dotation touristique, était fondée sur la notion de « capacité d'accueil » des communes. Cette notion servait à déterminer les communes éligibles, mais aussi à répartir la dotation entre les communes bénéficiaires. La capacité d'accueil était calculée par les préfectures, en additionnant le nombre de chambres dans les hôtels, les places dans les villages de vacances classés, les gîtes de France... En moyenne, la dotation supplémentaire était de 210 francs par habitant.
La dotation particulière aux petites communes à forte fréquentation touristique journalière, seconde part de la dotation touristique, était bâtie sur la population touristique journalière, établie à partir des emplacements publics aménagés pour l'accueil des touristes (emplacements pour les voitures et les autocars). En moyenne, la dotation particulière était de 44 francs par habitant.
La volonté de soutenir les communes touristiques se retrouve également dans la DDR. Elle repose sur un mécanisme innovant de répartition des dotations de l'État puisqu'à la différence des autres dotations, elle est attribuée de façon déconcentrée au niveau des préfectures. Surtout, elle est accordée sur présentation de projets par les collectivités locales (les trois quarts des crédits DDR sont réservés aux groupements, un quart est affecté aux communes).
La loi laisse une assez grande latitude aux préfets et à la commission d'élus qui l'assiste pour choisir les projets à subventionner. Elle précise uniquement que ces projets doivent offrir des perspectives en matière de création d'emplois ou d'accroissement des bases fiscales. Une attention particulière est portée aux projets de développement touristique et aux actions en faveur des espaces naturels. Parmi les projets des groupements subventionnés en 1995, 20 % concernent le développement touristique.
* 84 Annexes 9 à 16
* 85 Les transferts de l'État aux collectivités représentent 243 milliards de francs en 1997. Il ne nous a pas été possible d'obtenir une clé de répartition rigoureuse de cette somme, permettant d'évaluer le littoral.
* 86 Cet avantage a été maintenu par la réforme de la DGF de 1993