3. Une volonté réelle d'ouverture

La mission sénatoriale a pu constater la politique d'ouverture dont fait preuve le Kazakhstan . Si celle-ci demeure encore insuffisante, elle est néanmoins révélatrice de la volonté des autorités d'une transition rapide vers une économie de marché.

a) Le développement des investissements étrangers au Kazakhstan

La crédibilité financière de ce pays tend à rassurer les investisseurs privés et institutionnels. Ainsi, le Kazakhstan a attiré en 1996 un quart de tous les investissements de la CEI . La formation du prochain consortium pour le bassin caspien pourrait, en outre, représenter 150 milliards de dollars d'investissements, dont 10 milliards pour la seule phase exploratoire les cinq premières années.

Sur la période 1992-1997, les contrats réalisés pour l'exploitation des champs pétroliers représentent un total cumulé de 32,3 milliards de dollars, dont 3,24 milliards effectivement investis dans le pays depuis 1994.

Le nombre total des investisseurs est estimé à environ 800, mais les 7 premiers totalisent 2,9 milliards de dollars, soit 91,2 % du total.

BILAN DE L'INVESTISSEMENT DIRECT ETRANGER (IDE) AU KAZAKHSTAN

Flux des investissements (en millions de dollars)

1992 et 1993 : (p. 882)

1994 : (p. 635)

1995 : (p. 723)

1996 : (p. près d'1 milliard de dollars)

Origines (en moyenne, de 1992 à 1996)

USA : (p. 66 % du total)

Corée du sud : (p. 9 %)

Royaume-Uni : (p. 6 %)

France : (p. 4 %)

Inde : (p. 4 %)

Turquie : (p. 3,9 %)

Principaux investissements (en millions de dollars)

Mobil (USA) : (p. 1 100)

Chevron (USA) : (p. 700)

Ispat (Inde) : (p. 308)

Philip Morris (USA) (p. 240)

KCS (Consortium international) : (p. 225)

Elf (France) : (p. 210)

Hurricance (USA) : (p. 120)

Japan Chrome (Iles Vierges des Caraïbes) : (p. 67)

Répartition par secteur

Le pétrole et le gaz représentent 73 % des investissements directs étrangers et l'agro-alimentaire 8 %.

b) La mise en place d'un cadre juridique favorable aux investisseurs

Ce succès de l'investissement direct étranger s'explique non seulement par la stabilité politique du pays, mais aussi par l'existence d'un cadre juridique favorable aux investisseurs, notamment la loi sur les contrats de partage de production pour les hydrocarbures.

La première loi sur l'investissement étranger date de décembre 1994 . Ce cadre législatif a entraîné une vente des actifs de grandes sociétés kazakhstanaises sous diverses formes : appels d'offres, ventes de gré à gré, contrats de gestion avec ou sans options de rachat des actions. De nombreux grands combinats ont bénéficié de ces contrats de gestion qui obligent le repreneur à élaborer un plan de restructuration aboutissant à une privatisation.

On note, dans ce domaine, l'activité soutenue de la Kazkommerzbank, qui intervient comme consultant sur les privatisations. Le poids politique de cette banque en fait un point de passage obligé pour les grands projets, tous secteurs confondus. Ainsi elle pilote la gestion de JSC KazZinc, Kazaktelecom, Air Kazakhstan, les chemins de fer, et elle est devenue le conseiller financier du holding KazatomProm en charge de l'ensemble de la filière nucléaire.

Depuis décembre 1994, 57 contrats de gestion ont été signés. Les conditions d'attribution de ces contrats, d'une durée variable (entre 3 et 5 ans), ont fait l'objet de sévères critiques, notamment parce qu'ils obligeaient les sociétés étrangères :

- à régler l'intégralité du passif de la société kazakhstanaise dont l'endettement est généralement inconnu,

- à accroître le fonds de roulement,

- à payer un " bonus " d'entrée au gouvernement,

- et à apporter un investissement productif.

Depuis le 28 février 1997, une nouvelle loi sur l'investissement direct est venue clarifier une situation qualifiée parfois de confuse.

Cette loi comprend trois points fondamentaux .

Elle régit tout d'abord les garanties légales nécessaires à l'investisseur étranger . Les règles juridiques kazakhstanaises ne prévalent pas sur le droit international. A la différence de la législation de 1994, qui empêchait une société étrangère de détenir la totalité du capital social d'une entreprise de droit local ou qui soumettait à autorisation une prise de participation majoritaire, le nouveau dispositif ne restreint plus l'actionnariat ni le rapatriement des bénéfices et libéralise les mouvements de capitaux. L'Etat kazakhstanais s'engage à ne pas créer de monopoles qui viendraient gêner les activités de l'investisseur, à respecter dans l'ensemble les grandes règles de l'économie de marché et, enfin, à adopter une législation douanière protégeant les investisseurs.

La mise en place d'un système fiscal et juridique préférentiel , ensuite, permet d'accorder éventuellement soit une exonération de la TVA lors de l'acquisition de biens fonciers et immobiliers pendant les 5 premières années, puis une réduction de moitié, soit un dégrèvement total ou partiel des droits douaniers à l'importation en fonction des stocks d'IDE planifiés, du projet et du degré de priorité du secteur.

La création d'un Comité d'Etat pour les Investissements constitue la troisième innovation. Cet organisme est chargé de garantir la sécurité des investissements, de sélectionner les investisseurs, de représenter l'Etat en étant un guichet unique et de simplifier les relations avec les investisseurs.

Ce Comité est placé sous le contrôle direct et la supervision du Président Nazarbaev. M. Akhmetjan Essimov -qui occupe, par ailleurs, les fonctions de premier vice-premier ministre- en assure la présidence.

Directeur exécutif

Direction des évaluations de projets et des négociations

Direction des relations publiques et de la coordination

Direction administrative

Enregistrement et contrôle

Direction de la Recherche, de la Planification et de l'Information

Le bilan de l'intense activité législative de ces deux dernières années paraît largement positif . Bien entendu, des problèmes demeurent. Certains d'entre eux seront résolus par le biais d'amendements apportés à ces lois. La législation qui sera adoptée au cours des prochains mois réservera, très probablement, des surprises aux entrepreneurs étrangers. Il ne fait aucun doute cependant que ce régime juridique évoluera rapidement vers une plus grande maturité, et qu'il fournira, en temps voulu, une base plus stable aux investissements étrangers en République du Kazakhstan.

Les chefs d'entreprises rencontrés par la mission d'information du Sénat ont souligné que la définition des conditions d'un projet devait faire l'objet de négociations strictes, en conformité avec la législation existante, en gardant à l'esprit, d'une part, les restrictions prévues par la loi en matière de garanties fournies par le Gouvernement et d'exonérations fiscales et, d'autre part, l'évolution probable de la législation pendant la durée du projet. Les avantages spéciaux, qui ne sont pas conformes aux lois existantes, sont susceptibles d'être invalidés ou bien annulés à une date ultérieure. Les investisseurs étrangers doivent ainsi se protéger autant que possible au moyen de clauses contractuelles soigneusement élaborées , notamment en matière d'arbitrage, de changements défavorables, de force majeure, d'immunité de l'Etat souverain, grâce à des financements extérieurs, des garanties commerciales, ou en souscrivant une assurance contre les risques politiques et de non-convertibilité.

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