M. le président. Je suis saisi de deux amendements faisant l'objet d'une discussion commune.
L'amendement n° 51 rectifié, présenté par MM. Grosvalet et Bilhac, Mme Briante Guillemont, MM. Cabanel et Gold, Mme Jouve, M. Masset et Mme Pantel, est ainsi libellé :
Alinéa 5
Supprimer cet alinéa.
La parole est à M. Philippe Grosvalet.
M. Philippe Grosvalet. Je propose de supprimer l'alinéa 5 de l'article.
Les exceptions à la réalisation d'une évaluation environnementale sont déjà encadrées, notamment par l'annexe 2 de la directive 2001/42/CE du Parlement européen et du Conseil du 27 juin 2001 relative à l'évaluation des incidences de certains plans et programmes sur l'environnement. Celle-ci dispose que ces exceptions dépendent des caractéristiques, des incidences et de la zone susceptible d'être touchée, notamment au regard de leur probabilité, de leur durée, de leur fréquence, de leur caractère réversible ou cumulatif et des risques pour la santé humaine ou pour l'environnement.
Or, tous les projets n'étant pas identiques, la non-réalisation systématique d'une évaluation environnementale lors des procédures de modification d'un plan local d'urbanisme, quelle qu'en soit la cause, d'ailleurs, ne peut être sacralisée légalement, tant leur incidence peut différer.
Plutôt que de simplifier en amont, cette disposition risque de créer plus de complexité juridique en aval.
M. le président. L'amendement n° 163 rectifié, présenté par MM. Delcros, Menonville, Bitz, J.-M. Arnaud et Canévet, Mmes Gacquerre, Housseau, Patru et Perrot et MM. Kern, Folliot et Duffourg, est ainsi libellé :
I. – Alinéa 5
Remplacer cet alinéa par un alinéa ainsi rédigé :
...° Le 3° de l'article L. 153-41 est abrogé ;
II. – Après l'alinéa 41
Insérer un alinéa ainsi rédigé :
« … ° Dans les cas de réduction de la surface d'une zone urbaine ou à urbaniser ;
La parole est à M. Bernard Delcros.
M. Bernard Delcros. Cet amendement a pour objet une mesure de simplification.
Il s'agit de répondre à un problème qui a été rencontré par un maire de mon département. Celui-ci a voulu changer la destination d'une zone urbanisée pour en faire une zone agricole ou naturelle. À cette fin, il a dû suivre une procédure de droit commun assez lourde, avec tout ce que cela implique : une enquête publique, des délais à allonger, des dossiers à constituer et, au bout du compte, une charge financière plus importante et un retard dans la mise en œuvre du projet.
Aussi, je propose qu'il soit possible de recourir à la procédure simplifiée pour changer la destination d'une zone urbanisée en zone agricole ou naturelle.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
Mme Sylviane Noël, rapporteure. En ce qui concerne l'amendement n° 51 rectifié, la commission souhaite rester à droit constant.
Cet alinéa ne constitue en aucun cas un recul environnemental. Il s'agit au contraire d'empêcher le règlement de devenir un jour plus contraignant, sans que le Parlement puisse vérifier qu'il ne s'agit pas d'une surtransposition de la directive, déjà très protectrice pour l'environnement.
La commission émet donc un avis défavorable sur cet amendement.
Pour ce qui est de l'amendement n° 163 rectifié, la loi Climat et Résilience prévoit déjà que la procédure de modification simplifiée peut être employée pour introduire plus rapidement des objectifs de lutte contre l'artificialisation dans les documents d'urbanisme.
Les associations d'élus nous ont clairement signifié leur attachement à ne pas supprimer trop hâtivement les procédures de consultation du public, surtout lorsque les évolutions envisagées risquent d'avoir des incidences importantes sur le cadre de vie des habitants. Tel est précisément le cas des réductions de la surface de zones urbaines ou à urbaniser, qui emportent des conséquences immédiates sur la capacité de production de logements.
La commission émet donc également un avis défavorable sur cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. le président. Je suis saisi de deux amendements identiques.
L'amendement n° 106 est présenté par Mme Artigalas, M. Redon-Sarrazy, Mme Linkenheld, MM. Bouad, Cardon, Mérillou, Michau, Montaugé, Pla, Stanzione, Tissot, Ros, Uzenat, Kanner et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.
L'amendement n° 176 est présenté par MM. Jadot, Benarroche, G. Blanc et Dantec, Mme de Marco, MM. Dossus, Fernique et Gontard, Mme Guhl, M. Mellouli, Mmes Ollivier et Poncet Monge, M. Salmon et Mmes Senée, Souyris et M. Vogel.
Ces deux amendements sont ainsi libellés :
Alinéas 6 à 8, 12 à 18, 26 à 30, 36 à 40 et 46 à 48
Supprimer ces alinéas.
La parole est à M. Christian Redon-Sarrazy, pour présenter l'amendement n° 106.
M. Christian Redon-Sarrazy. Le texte de la commission permet d'organiser une participation du public par voie électronique, en lieu et place de l'enquête publique, lors des procédures d'élaboration ou de révision des schémas de cohérence territoriale (Scot), des plans locaux d'urbanisme (PLU) et des cartes communales.
Les élus du groupe socialiste n'y sont pas favorables, compte tenu du rôle de planification et d'organisation de ces documents d'urbanisme et de l'intérêt pour les habitants d'être associés, aussi étroitement que possible, à l'avenir de leur territoire.
L'enquête publique est un instrument de démocratie participative locale. Elle répond aux besoins d'offrir la plus grande transparence possible sur les projets et d'associer les citoyens à la prise de décision publique.
De telles mesures, qui éloignent les habitants des décisions publiques, ne constituent certainement pas un bon signal politique, à l'heure où la parole publique et les responsables politiques subissent une défiance manifeste. Nos concitoyens ont le sentiment de ne plus être écoutés, et la participation par voie électronique a plutôt tendance à les éloigner encore de la prise de décision.
Au contraire, nous devons nous efforcer de mieux recueillir leur parole. Je pense tout particulièrement à ceux qui subissent les effets de la triple fracture sociale, culturelle et numérique.
En conséquence, cet amendement tend à supprimer les alinéas qui restreignent le champ de l'enquête publique lorsqu'il s'agit de l'élaboration ou de la modification des documents d'urbanisme.
M. le président. La parole est à M. Yannick Jadot, pour présenter l'amendement n° 176.
M. Yannick Jadot. Les deux types de concertation dont traite cet article ne sont clairement pas de nature équivalente.
Le dialogue concret avec le commissaire enquêteur facilite l'accès à l'information pour des dossiers souvent très techniques. Cette procédure permet, par exemple, à des personnes peu à l'aise avec l'écrit de formuler des observations orales, lesquelles seront couchées sur le papier par le commissaire enquêteur.
De plus, les fonctions de commissaire enquêteur présentent des garanties d'indépendance et d'impartialité.
Au terme de son travail, le commissaire enquêteur doit remettre deux documents : premièrement, un rapport objectif sur le déroulement de l'enquête publique ; deuxièmement, un avis personnel et motivé.
En revanche, pour la consultation par voie électronique, on doit se contenter d'un cadre réglementaire minimaliste. Non seulement les modalités d'affichage obligatoire ne font l'objet d'aucun contrôle, mais il est impossible de vérifier la complétude du dossier. Quant aux modalités techniques, elles rendent impossible la production de pièces jointes utiles au débat.
Enfin, au terme de la procédure, c'est à l'autorité chargée d'accepter ou non le projet de rédiger « la synthèse des observations et propositions du public ». Ladite autorité n'est pas soumise aux exigences d'indépendance et d'impartialité qui s'imposent aux commissaires enquêteurs.
Pour l'ensemble de ces raisons, nous souhaitons nous aussi la suppression de ces alinéas.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
Mme Sylviane Noël, rapporteure. La commission ne souhaite évidemment pas limiter la consultation du public.
Elle a permis à l'autorité compétente d'employer la procédure de participation du public par voie électronique (PPVE) en lieu et place de l'enquête publique. Cette procédure permet en effet un gain de temps certain par rapport à l'enquête publique, ce qui sera précieux pour rendre ces documents plus agiles.
En outre, le recours à la PPVE ne sera pas obligatoire. L'autorité compétente ne pourra retenir cette procédure que si elle estime que les conditions sont, localement, réunies pour le faire.
De plus, la commission a précisé qu'un dossier papier devrait automatiquement être mis à disposition en mairie. Ce faisant, on évitera d'exclure les populations les moins familières du numérique.
Pour l'ensemble de ces raisons, la commission est défavorable à ces deux amendements identiques.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Valérie Létard, ministre. J'abonde dans le sens de Mme la rapporteure : le recours à la PPVE est bel et bien une faculté. La collectivité territoriale ne sera pas tenue de mettre en œuvre cette procédure. Elle aura toujours le choix de recourir à l'enquête publique, si elle l'estime utile.
Cela étant, cette disposition sera source d'une plus grande flexibilité dans la mise en œuvre des obligations de participation du public, selon des modalités déjà employées dans d'autres cadres et qui offrent toutes les garanties nécessaires.
J'y insiste, il s'agit là d'une procédure éprouvée. De surcroît, comme l'a rappelé Mme la rapporteure, la mise à disposition du dossier papier reste possible si la collectivité territoriale le juge nécessaire.
Aussi, le Gouvernement émet à son tour un avis défavorable sur ces amendements identiques.
M. le président. Je mets aux voix les amendements identiques nos 106 et 176.
(Les amendements ne sont pas adoptés.)
M. le président. L'amendement n° 50 rectifié bis, présenté par MM. P. Vidal, Delia, J.-B. Blanc et Panunzi, Mmes Belrhiti et Di Folco, MM. Burgoa et J.P. Vogel, Mme Hybert, M. Klinger, Mmes Gosselin et Micouleau, M. Bruyen, Mme Gruny, MM. Bouchet, Perrin et Lefèvre, Mme Evren, MM. Piednoir et Genet, Mme Josende et M. Saury, est ainsi libellé :
Après l'alinéa 23
Insérer deux alinéas ainsi rédigés :
... L'article L. 151-19 est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Les servitudes de mixité sociale et de création d'espaces verts ne sont pas opposables aux opérations de réhabilitation d'immeubles existants en centre-ville, sauf dispositions contraires du plan local d'urbanisme. » ;
La parole est à M. Paul Vidal.
M. Paul Vidal. Les opérations de réhabilitation d'immeubles de centre-ville sont souvent assujetties à de fortes contraintes techniques et architecturales.
En outre, l'application automatique des servitudes de mixité sociale et de création d'espaces verts peut rendre certains projets irréalisables ou excessivement coûteux. La revitalisation des centres-villes s'en trouve encore freinée.
Une telle rigidité va à l'encontre de l'objectif de lutte contre la vacance et l'obsolescence du parc immobilier urbain.
Aussi, nous proposons de créer une exception : en ajoutant les termes « sauf dispositions contraires du plan local d'urbanisme », on permet à la collectivité territoriale compétente d'adapter la règle à ses priorités et aux réalités locales, en maintenant la possibilité d'imposer ces servitudes si elle l'estime pertinent.
Dans la logique même du présent texte, qui vise à simplifier le droit de l'urbanisme et du logement, ces dispositions apportent de la souplesse et de la sécurité juridique aux porteurs de projets de réhabilitation, sans remettre en cause les objectifs que les collectivités territoriales se sont assignés, qu'il s'agisse de la mixité sociale ou de la nature en ville.
Dès lors, nous respecterons le libre choix des collectivités territoriales, auquel je suis particulièrement attaché.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
Mme Sylviane Noël, rapporteure. L'application automatique de cette dérogation aux règles de mixité sociale et de création d'espaces verts risque de vider les PLU de leur substance. Or on estime que 80 % de la ville de demain est déjà bâtie. Ainsi, de plus en plus d'opérations seront conduites dans le cadre de rénovations urbaines.
Un tel choix semble d'autant plus dommageable que la mixité sociale, la création et la préservation des espaces verts sont des enjeux importants au regard des impératifs de cohésion sociale et d'adaptation au changement climatique.
Il ne me semble donc pas opportun d'en exempter d'office toutes les opérations de réhabilitation avant d'avoir déterminé si les obligations fixées dans le PLU pouvaient s'y appliquer sans les déséquilibrer excessivement.
Pour ces raisons, la commission émet un avis défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Valérie Létard, ministre. Monsieur le sénateur, les servitudes de mixité sociale et les obligations de création d'espaces verts constituent en général des outils du PLU ; ce sont les élus locaux qui décident d'y recourir ou non, en fonction du diagnostic qu'ils établissent dans leur commune. Ils peuvent donc exclure, en vertu du PLU, les opérations de réhabilitation.
Toutefois, il existe des cas où la servitude est imposée par la norme nationale, ainsi que des situations où il est difficile de faire évoluer le PLU concomitamment au projet de réhabilitation.
Dans ces cas, une dérogation relative au projet peut se justifier. Ce choix permet de faciliter la réhabilitation des immeubles, si les élus ne souhaitent pas, en parallèle, engager de transformation structurante dans le peuplement ou l'aménagement.
Enfin, si votre amendement était adopté, la notion de centre-ville devrait être précisée d'ici à l'adoption définitive du présent texte : pour l'heure, elle ne figure pas dans la loi.
Pour l'ensemble de ces raisons, le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.
M. le président. Je suis saisi de trois amendements faisant l'objet d'une discussion commune.
L'amendement n° 85 rectifié bis, présenté par M. Parigi, Mmes O. Richard et Perrot et M. Kern, est ainsi libellé :
Alinéas 31 et 32
Supprimer ces alinéas.
La parole est à M. Paul Toussaint Parigi.
M. Paul Toussaint Parigi. Cet amendement tend à supprimer les alinéas 31 et 32, afin de maintenir la rédaction actuelle de l'article L. 153-31 du code de l'urbanisme.
En l'état du droit, ledit article impose explicitement la révision du plan local d'urbanisme, dès lors qu'une collectivité territoriale souhaite réduire un espace boisé classé, une zone agricole ou une zone naturelle et forestière.
Or, dans sa rédaction actuelle, le présent texte ne mentionne à ce titre que le changement des orientations définies par le projet d'aménagement et de développement durables (PADD).
Cette omission introduit une ambiguïté de nature à fragiliser la protection des espaces agricoles, naturels et forestiers. Pour prévenir toute interprétation restrictive et tout contournement des règles de protection, il est nécessaire de supprimer les alinéa 31 et 32.
M. le président. Les deux amendements suivants sont identiques.
L'amendement n° 166 est présenté par Mme Margaté, MM. Gay, Lahellec et les membres du groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste – Kanaky.
L'amendement n° 168 rectifié est présenté par M. Redon-Sarrazy, Mme Artigalas, MM. Bouad, Cardon, Mérillou, Michau, Montaugé, Pla, Stanzione, Tissot et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.
Ces deux amendements sont ainsi libellés :
Alinéa 32
Compléter cet alinéa par les mots :
ou lorsque le projet a pour effet de réduire une zone agricole ou une zone naturelle et forestière
La parole est à Mme Marianne Margaté, pour présenter l'amendement n° 166.
Mme Marianne Margaté. L'article 1er A permet de privilégier les simples procédures de modification du PLU, au détriment des révisions. Ces dernières sont certes plus longues, mais elles laissent aux différents acteurs davantage de temps pour examiner les évolutions proposées.
Les changements sont toujours mieux acceptés quand ils font l'objet d'une concertation. Quant au PLU, c'est un document qui fait foi et permet d'encadrer rigoureusement les constructions.
Nous proposons donc de conserver la procédure de révision dès que les changements visant le PLU concernent des zones agricoles, naturelles ou forestières.
C'est un enjeu écologique, à l'heure où l'on prétend réduire l'artificialisation des sols, préserver notre agriculture et notre planète. C'est aussi un enjeu démocratique, car tous les acteurs, notamment les chambres d'agriculture, doivent pouvoir émettre un avis sur les changements proposés.
M. le président. La parole est à M. Christian Redon-Sarrazy, pour présenter l'amendement n° 168 rectifié.
M. Christian Redon-Sarrazy. Cet amendement vise à renforcer la protection des zones agricoles, naturelles et forestières en exigeant une révision du plan local d'urbanisme lors de toute modification de leur affectation.
Par la procédure de révision, les personnes publiques associées, dont les chambres d'agriculture, ont l'assurance de prendre véritablement part à l'élaboration du projet. À l'inverse, la procédure de modification ne garantit pas une véritable consultation avant enquête publique.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
Mme Sylviane Noël, rapporteure. En pratique, si de telles dispositions étaient adoptées, la révision du PLU serait nécessaire dès lors qu'une zone est ouverte à l'urbanisation, grignotant ainsi sur des espaces agricoles, naturels et forestiers.
La révision d'un PLU peut prendre plusieurs années. Or, dans certains cas, il peut être urgent d'ouvrir une zone à l'urbanisation, par exemple pour mener à bien un projet de logements ou d'équipements publics. L'accélération des procédures est alors nécessaire : c'est pourquoi le maintien du droit en vigueur ne me semble pas pertinent.
De plus, dans les cas de modification, y compris simplifiée, du PLU, les personnes publiques associées, dont les chambres d'agriculture, sont consultées, tout comme la population.
En conséquence, la commission est défavorable à ces trois amendements.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Valérie Létard, ministre. Mesdames, messieurs les sénateurs, je vous l'ai dit, je souhaite engager une refonte globale des documents d'urbanisme : c'est le sens de la demande d'habilitation que je vous présenterai dans un instant.
Nous entendons travailler en ce sens avec les élus locaux et, plus largement, avec l'ensemble des acteurs, pour trouver un bon équilibre.
Ainsi, je fais mien le souhait de réserver la procédure de révision aux évolutions les plus structurantes du PLU. Mais nous n'en devons pas moins veiller à la protection de nos terres naturelles et agricoles.
C'est pourquoi le Gouvernement sollicite le retrait des amendements identiques nos 166 et 168 rectifié au profit de l'amendement n° 85 rectifié bis de M. Parigi, dont la rédaction semble plus adaptée.
M. le président. Je mets aux voix les amendements identiques nos 166 et 168 rectifié.
(Les amendements ne sont pas adoptés.)
M. le président. L'amendement n° 162 rectifié, présenté par MM. Delcros, Menonville, Bitz, J.-M. Arnaud et Canévet, Mmes Gacquerre, Housseau, Patru et Perrot et MM. Kern, Folliot et Duffourg, est ainsi libellé :
Après l'alinéa 40
Insérer un alinéa ainsi rédigé :
... Le 1° de l'article L. 153-45 est complété par les mots : « à l‘exception du 1° du même article lorsque la majoration des possibilités de construction résulte d‘un projet répondant aux destinations prévues au 1° de l‘article L. 102-1 » ;
La parole est à M. Bernard Delcros.
M. Bernard Delcros. Cet amendement vise à simplifier les procédures de modification du PLU, dans le cas de projets d'extension relevant de l'intérêt général.
Cette demande fait écho à une difficulté que j'ai pu constater moi-même dans le département dont je suis l'élu. Je pense à une commune qui souhaitait construire dix-sept logements dans une zone à urbaniser : au total, dans le cadre du programme Petites Villes de demain, le projet a été réorienté vers l'habitat inclusif, ce qui supposait une extension. Il s'agit bel et bien d'un projet d'intérêt général – l'accompagnement assuré à ce titre par l'État en témoigne.
Le recours à la procédure de notification simplifiée éviterait des lourdeurs administratives – je pense notamment aux délais qu'entraîne la multiplication des études –, donc des coûts supplémentaires.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
Mme Sylviane Noël, rapporteure. Lorsqu'il faut modifier un document d'urbanisme pour mener à bien un projet d'intérêt général, on peut recourir à des procédures spécifiques de mise en compatibilité.
Les dispositions dont il s'agit visent précisément à accélérer l'évolution des documents d'urbanisme : dans une logique de simplification, il ne paraît pas opportun d'ajouter une nouvelle procédure dans ce cas.
En outre, les collectivités territoriales nous ont alertés face au risque d'une suppression de la consultation du public lorsqu'il s'agit d'augmenter les droits à construire sur une zone donnée. En effet, de telles modifications peuvent être lourdes de conséquences.
Aussi, la commission vous prie de bien vouloir retirer votre amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Valérie Létard, ministre. Monsieur le sénateur, je vous le confirme, le droit existant contient déjà des modalités d'évolution simplifiée. Les projets que vous évoquez bénéficient ainsi de la procédure de modification simplifiée la plus légère définie par le code de l'urbanisme, avec mise en compatibilité.
En outre, par son article 1er, cette proposition de loi étend le champ d'application de la modification simplifiée jusqu'à 30 % de majoration de constructibilité : il me semble que c'est précisément votre intention.
Aussi, je vous prie à mon tour de bien vouloir retirer votre amendement.
M. le président. Monsieur Delcros, l'amendement n° 162 rectifié est-il maintenu ?
M. Bernard Delcros. Madame la ministre, je proposais pour ma part d'aller un peu au-delà de 30 %, mais j'admets qu'un tel taux offre déjà de belles possibilités d'extension.
Je retire donc mon amendement, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 162 rectifié est retiré.
L'amendement n° 211, présenté par Mme Noël et M. Cambier, au nom de la commission des affaires économiques, est ainsi libellé :
Alinéa 41
Remplacer cet alinéa par trois alinéas ainsi rédigés :
7° L'article L. 153-45 est ainsi modifié :
a) Le 4° est abrogé ;
b) Après le même 4°, sont insérés deux alinéas ainsi rédigés :
La parole est à Mme la rapporteure.
Mme Sylviane Noël, rapporteure. Il s'agit d'un amendement de coordination juridique, monsieur le président.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. le président. L'amendement n° 140, présenté par le Gouvernement, est ainsi libellé :
Compléter cet article par un paragraphe ainsi rédigé :
... - Pour répondre aux difficultés des collectivités territoriales liées aux lourdeurs de l'élaboration et de l'évolution des documents de planification, le Gouvernement est autorisé, dans les conditions prévues à l'article 38 de la Constitution, à prendre, par voie d'ordonnance, dans un délai de dix-huit mois à compter de la promulgation de la présente loi, toute mesure de nature législative :
1° Permettant d'alléger, de simplifier et de clarifier les procédures d'élaboration et d'évolution des documents d'urbanisme, en réduisant leur nombre, en redéfinissant leur champ d'application et en modifiant les règles définissant les formalités et modalités qui leur sont applicables ;
2° Permettant de simplifier et de clarifier les procédures de mise en compatibilité des documents d'urbanisme et des documents de planification avec un projet revêtant un caractère d'intérêt général ou d'utilité publique, en réduisant leur nombre, en redéfinissant leur champ d'application et en adaptant les formalités et modalités qui leur sont applicables.
Pour chaque ordonnance prévue aux 1° et 2°, un projet de loi de ratification est déposé devant le Parlement dans un délai de trois mois à compter de la publication de l'ordonnance.
La parole est à Mme la ministre.
Mme Valérie Létard, ministre. Mesdames, messieurs les sénateurs, nos débats démontrent à la fois la complexité des procédures actuellement appliquées aux documents d'urbanisme et la difficulté que nous éprouvons, en la matière, à trouver un équilibre satisfaisant et opérationnel.
Nous devons agir avec prudence pour ce qui concerne ces procédures, qui sont le quotidien des collectivités territoriales. Mais, nous le savons aussi, ces dernières dénoncent aujourd'hui leur lourdeur et les risques juridiques auxquels elles les exposent. En témoignent, dans la période récente, de nombreuses annulations de PLU et de Scot.
Nous devons donc à la fois alléger ces procédures et les sécuriser, ce qui suppose un travail de fond précis et proportionné : il faut modifier près de 100 articles de code pour atteindre cet objectif. Les associations représentant les élus locaux, que j'ai consultées, expriment d'ailleurs la même vigilance.
C'est ce travail de fond que je souhaite engager avec vous, afin de mener à bien la refonte des procédures dans le cadre clairement établi et délimité d'une habilitation à légiférer par ordonnance.
Je sais combien le Sénat est vigilant, à juste titre, quand il s'agit du recours aux ordonnances. Vous remarquerez que je n'en sollicite qu'une seule dans le cadre de ce texte : vous ne m'avez d'ailleurs jamais entendu parler d'autres ordonnances, bien que ces sujets soient éminemment techniques.
Avec Mme et M. les rapporteurs, nous avons déjà pu avancer sur le front législatif pour traiter d'autres sujets. Mais, dans ce cas précis, une telle habilitation est aujourd'hui indispensable à une simplification structurelle. Nous ne saurons pas faire sans, en tout cas dans un horizon proche.
Évidemment, cette ordonnance sera construite avec les parlementaires – je m'en porte garante – et avec l'ensemble des acteurs, afin de donner aux élus un cadre clair et simplifié, d'ici à l'entrée en fonction des prochains conseils municipaux.
Cette habilitation, que je vous invite bien sûr à voter, permettra de mener une simplification en profondeur.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
Mme Sylviane Noël, rapporteure. Madame la ministre, pour répondre aux difficultés que cause la lourdeur des procédures d'urbanisme, mieux vaut déposer un projet de loi que demander une telle habilitation au Parlement…
Opter pour une ordonnance revient à laisser l'administration travailler en chambre, avant de soumettre aux assemblées un texte sur lequel elles n'auront guère de prise. Ce n'est pas l'idée que nous nous faisons du débat parlementaire, encore moins lorsqu'il s'agit du cœur de compétence des collectivités territoriales.
Votre ordonnance rendrait nul et non avenu tout le travail accompli à l'Assemblée nationale et au Sénat, en commission comme en séance, sur l'article 1er A. Nous ne pouvons l'accepter.
La commission émet donc un avis défavorable.