Mme la présidente. Je mets aux voix les amendements identiques nos 1258 rectifié ter, 126 rectifié septies et 715 rectifié.

J’ai été saisie d’une demande de scrutin public émanant du groupe Les Républicains.

Je rappelle que l’avis de la commission est favorable et que le Gouvernement s’en remet à la sagesse du Sénat.

Il va être procédé au scrutin dans les conditions fixées par l’article 56 du règlement.

Le scrutin est ouvert.

(Le scrutin a lieu.)

Mme la présidente. Personne ne demande plus à voter ?…

Le scrutin est clos.

Voici, compte tenu de l’ensemble des délégations de vote accordées par les sénateurs aux groupes politiques et notifiées à la présidence, le résultat du scrutin n° 57 :

Nombre de votants 343
Nombre de suffrages exprimés 318
Pour l’adoption 198
Contre 120

Le Sénat a adopté.

En conséquence, l’article 44 est rétabli dans cette rédaction, et les amendements nos 1491 rectifié bis et 1629 rectifié bis n’ont plus d’objet.

Article 44
Dossier législatif : projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2026
Après l’article 45

Article 45

I. – Le code des pensions civiles et militaires de retraite est ainsi modifié :

1° (nouveau) Après le b bis de l’article L. 12, il est inséré un b ter ainsi rédigé :

« b ter) Bonification d’un trimestre pour chacun de leurs enfants nés à compter du 1er janvier 2004, pour les femmes fonctionnaires ou militaires, ayant accouché postérieurement à leur recrutement ; »

2° (nouveau) L’article L. 12 bis est complété par les mots : « , dont l’un est pris en compte au titre de la bonification prévue au b ter de l’article L. 12. » ;

3° L’article L. 25 bis est ainsi modifié :

a) À la première phrase, les mots : « et dans des conditions déterminés par décret et ont accompli » sont remplacés par les mots : « dans des conditions déterminées par décret et qui justifient d’ » ;

b) La seconde phrase est supprimée ;

c) Sont ajoutés cinq alinéas ainsi rédigés :

« Ce décret précise notamment les conditions dans lesquelles peuvent être réputés avoir donné lieu au versement de cotisations à la charge de l’assuré tout ou partie :

« 1° Des périodes de service national ;

« 2° Des périodes pendant lesquelles les fonctionnaires ont été placés en congé de maladie statutaire ainsi que des périodes comptées comme périodes d’assurance dans un ou plusieurs autres régimes obligatoires au titre de la maladie, de la maternité et de l’incapacité temporaire ;

« 3° Des périodes d’assurance validées en application des articles L. 381-1 et L. 381-2 du code de la sécurité sociale et des périodes pendant lesquelles les fonctionnaires, les magistrats et les militaires remplissaient les conditions d’affiliation à l’assurance vieillesse du régime général mentionnées aux mêmes articles L. 381-1 et L. 381-2, mais étaient affiliés à un régime spécial ;

« 4° Des trimestres de bonification ou de majoration de durée d’assurance attribués en application du b de l’article L. 12 et de l’article L. 12 bis du présent code, des articles L. 351-4 et L. 351-5 du code de la sécurité sociale ou de dispositions légales ou réglementaires ayant le même objet, applicables à des régimes obligatoires de base d’assurance vieillesse, selon les conditions propres à chacun de ces régimes. »

II. – Après l’article L. 781-29 du code rural et de la pêche maritime, il est inséré un article L. 781-29-1 ainsi rédigé :

« Art. L. 781-29-1. – S’agissant de la retraite anticipée pour carrière longue prévue à l’article L. 732-18-1, dans sa rédaction antérieure à la loi n° 2025-199 du 28 février 2025 de financement de la sécurité sociale pour 2025, les droits à pension sont appréciés dans les conditions prévues à l’article L. 351-1-1 du code de la sécurité sociale dans sa rédaction résultant de la loi n° … du … de financement de la sécurité sociale pour 2026. »

III. – Le code de la sécurité sociale est ainsi modifié :

1° L’article L. 351-1-1 est ainsi modifié :

a) À la première phrase, les mots : « et dans des conditions déterminés par décret et ont accompli » sont remplacés par les mots : « dans des conditions déterminées par décret et qui justifient d’ » ;

b) La seconde phrase est supprimée ;

c) Sont ajoutés quatre alinéas ainsi rédigés :

« Ce décret précise notamment les conditions dans lesquelles peuvent être réputés avoir donné lieu au versement de cotisations à la charge de l’assuré tout ou partie :

« 1° De certaines périodes d’assurance validées en application de l’article L. 351-3 ou de dispositions légales ou réglementaires ayant le même objet, applicables à des régimes obligatoires de base d’assurance vieillesse, selon les conditions propres à chacun de ces régimes ;

« 2° Des périodes d’assurance validées en application des articles L. 381-1 et L. 381-2 et des périodes pendant lesquelles les fonctionnaires, les magistrats et les militaires vérifiaient les conditions d’affiliation à l’assurance vieillesse du régime général mentionnées aux mêmes articles L. 381-1 et L. 381-2, mais étaient affiliés à un régime spécial ;

« 3° Des trimestres de bonification ou de majoration de durée d’assurance attribués en application des articles L. 351-4 et L. 351-5 du présent code, du b de l’article L. 12 et de l’article L. 12 bis du code des pensions civiles et militaires de retraite ou de dispositions légales ou réglementaires ayant le même objet, applicables à des régimes obligatoires de base d’assurance vieillesse, selon les conditions propres à chacun de ces régimes. » ;

2° Le IX de l’article L. 351-4 est abrogé ;

3° Le II de l’article L. 643-3 est ainsi rédigé :

« II. – L’âge prévu au premier alinéa du I est abaissé dans les conditions définies à l’article L. 351-1-1, les références au régime général étant remplacées par celles au régime d’assurance vieillesse de base des professions libérales. » ;

4° Le II de l’article L. 653-2 est ainsi rédigé :

« II. – L’âge prévu au premier alinéa du I est abaissé dans les conditions définies à l’article L. 351-1-1, les références au régime général étant remplacées par celles au régime d’assurance vieillesse de base des avocats. »

IV. – Le B du VIII de l’article 87 de la loi n° 2025-199 du 28 février 2025 de financement de la sécurité sociale pour 2025 est complété par un alinéa ainsi rédigé :

« S’agissant de la retraite anticipée pour carrière longue prévue à l’article L. 732-18-1 du code rural et de la pêche maritime, dans sa rédaction antérieure à la présente loi, les droits à pension sont appréciés, pour les pensions prenant effet à compter du 1er septembre 2026, dans les conditions prévues à l’article L. 351-1-1 du code de la sécurité sociale dans sa rédaction résultant de la loi n° … du … de financement de la sécurité sociale pour 2026. »

V. – Le présent article s’applique aux pensions prenant effet à compter du 1er septembre 2026. Le I est applicable à la même date aux assurés relevant de la Caisse nationale de retraites des agents des collectivités locales ainsi qu’à ceux relevant du régime des pensions des ouvriers des établissements industriels de l’État, dans des conditions déterminées par décret en Conseil d’État.

Mme la présidente. La parole est à Mme Monique Lubin, sur l’article.

Mme Monique Lubin. Cet article vise à réduire les inégalités entre les femmes et les hommes au moment de la retraite.

Lors des débats sur la réforme des retraites de 2023, nous avons souvent déploré, à gauche, que la situation des femmes n’était pas prise en compte dans la nouvelle réforme. Nous avions notamment souligné que, en raison du report de deux ans de l’âge légal du départ à la retraite, les trimestres acquis par les mères de famille finiraient par ne plus rien rapporter à celles qui avaient une carrière complète.

À l’occasion de ce projet de loi de financement de la sécurité sociale, deux mesures intéressantes – je dois le reconnaître – sont annoncées : l’octroi de deux trimestres de bonification pour enfant pour les carrières longues et le calcul des retraites des femmes sur les vingt-trois meilleures années, au lieu de vingt-cinq. Ce sont des mesures positives.

Toutefois, il convient de rappeler que la situation professionnelle des femmes est toujours beaucoup moins intéressante, si je puis dire, que celle des hommes : elles subissent des différences de salaire, inexpliquées et inexplicables, dont elles pâtissent au moment de la retraite.

Nous aurions aimé que ces questions aient pu être traitées en amont de la discussion de la réforme de 2023. Malheureusement, comme nous l’avions regretté à l’époque, nous avons parlé de tout, sauf du travail, et en particulier du travail des femmes. (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)

Mme la présidente. La parole est à Mme Annick Girardin, sur l’article. (Applaudissements sur les travées du groupe RDSE.)

Mme Annick Girardin. Permettez-moi, mes chers collègues, de prendre deux minutes pour évoquer un amendement portant article additionnel après l’article 45, que je souhaitais déposer afin de corriger un oubli.

Les mesures de la réforme des retraites de 2023 ont, en effet, presque toutes été étendues au régime social particulier de l’archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon, à l’exception de l’abaissement de l’âge légal de départ à la retraite pour les personnes souffrant d’une invalidité d’origine professionnelle.

Mon amendement avait donc pour objet de corriger cette erreur. Malheureusement, il a été déclaré irrecevable en application de l’article 40 de la Constitution. C’est la règle.

Compte tenu de la population de l’archipel, le nombre de personnes concernées serait pourtant minime, limité à quelques personnes dans les années à venir. Voilà qui ne saurait mettre en péril le budget.

En revanche, les assurés qui ne peuvent pas bénéficier, de manière totalement injuste, de cette mesure garderont en mémoire, si nous n’agissons pas, l’inégalité de traitement dont ils auront été victimes par rapport à leurs concitoyens de l’Hexagone ou des autres départements et régions d’outre-mer (Drom).

Monsieur le ministre, il était possible, à l’occasion de l’examen de ce PLFSS, de corriger cette erreur, qui est devenue un irritant, avec rapidité et efficacité. J’aurais ainsi souhaité que le Gouvernement reprenne mon amendement pour le déposer aujourd’hui, compte tenu de la modicité de son coût.

Voilà exactement le type d’action qui aurait permis de marquer la volonté de rupture du Gouvernement et du Premier ministre, qui avait annoncé, lors de son arrivée à Matignon, sa volonté de mettre fin au décalage entre la vie politique et les attentes légitimes de nos concitoyens dans leur vie quotidienne.

Monsieur le ministre, votre réponse sera très écoutée.

Mme la présidente. La parole est à Mme Anne Souyris, sur l’article.

Mme Anne Souyris. C’est aujourd’hui, le 25 novembre, la journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes.

Nous pensons d’abord, bien sûr, aux violences les plus visibles, les plus graves, celles qui frappent les corps et les vies.

Mais il existe aussi d’autres violences, plus discrètes, plus sournoises, qu’on laisse parfois s’installer comme si elles étaient normales. Je veux parler des inégalités au travail et surtout de celles qui rattrapent les femmes au moment de la retraite.

En effet, une carrière interrompue pour élever des enfants, un temps partiel pour s’occuper d’un parent âgé, un salaire plus bas dès le départ, tout cela finit par se traduire par une pension plus faible, dans des proportions parfois très importantes. Voilà une violence silencieuse, mais bien réelle, une violence économique, sociale, qui dure toute une vie.

L’article 45 va dans le bon sens. Il reconnaît enfin que les trimestres liés à la maternité et à l’éducation des enfants doivent compter dans les carrières longues et que les meilleures années des mères ne doivent plus être amputées par des périodes de temps partiel ou d’interruption de carrière.

C’est une façon de dire que cette charge, cette responsabilité, ce travail – car c’en est un ! – doit être enfin reconnu.

Ce n’est toutefois qu’un début. Si nous voulons vraiment lutter contre les violences faites aux femmes, nous devons aussi nous attaquer aux violences invisibles, telles que celles de l’inégalité salariale, des carrières brisées ou encore des petites retraites, qui condamnent trop de femmes à vivre moins bien, plus longtemps.

Aujourd’hui, rappelons-le, l’égalité n’est pas un slogan, c’est un droit – un droit que nous devons faire vivre jusqu’à la retraite, jusque dans les modalités de calcul de la pension.

Mme la présidente. L’amendement n° 1844, présenté par Mme Gruny, au nom de la commission des affaires sociales, est ainsi libellé :

I. – Après l’alinéa 13

Insérer une phrase ainsi rédigée :

« Les périodes d’assurance validées par les fonctionnaires non titulaires ne sont pas réputées avoir donné lieu au versement de cotisations à la charge de l’assuré. »

II. – Après l’alinéa 24, insérer une phrase ainsi rédigée :

« Les périodes d’assurance validées au terme de contrats à durée déterminée inférieurs à trois mois ne sont pas réputées avoir donné lieu au versement de cotisations à la charge de l’assuré. »

La parole est à Mme le rapporteur.

Mme Pascale Gruny, rapporteur. Cet amendement d’appel vise à ouvrir le débat sur une nécessaire réforme du dispositif de retraite anticipée pour carrière longue.

Ce dispositif permet aux assurés ayant commencé leur carrière entre 16 et 21 ans et validé la durée minimale d’assurance requise de partir à la retraite à taux plein avant l’âge légal d’ouverture des droits.

L’idée de ce dispositif est de compenser l’usure professionnelle. Les assurés ayant commencé à travailler tôt peuvent partir plus tôt à la retraite, car il est présupposé qu’ils auraient une espérance de vie moindre que celle de leurs concitoyens.

Or, comme l’a relevé la Cour des comptes, ce dispositif bénéficie également à des cadres, qui continuent ensuite à exercer une activité, grâce aux possibilités de cumul emploi-retraite. Cela ne correspond pas à la philosophie initiale du dispositif.

Aussi nous paraît-il nécessaire d’ouvrir un débat qui n’a pas abouti lors des travaux de la délégation paritaire permanente des retraites et de prendre en compte la pénibilité dans le dispositif de carrière longue.

Mme la présidente. Quel est l’avis du Gouvernement ?

M. Jean-Pierre Farandou, ministre. Permettez-moi de commencer par un propos général sur cet amendement important, puisqu’il traite des retraites des femmes et de la question des carrières longues. Ce sujet mérite d’être développé, même si je sais, mesdames, messieurs les sénateurs, que vous êtes tous impatients, tout comme moi, d’évoquer la question de la réforme des retraites – morceau de choix de l’ordre du jour de l’après-midi…

Cet article vise à réduire l’écart structurel entre les pensions perçues par les femmes et celles perçues par les hommes. Cet écart est important. Les pensions des femmes au régime général sont en moyenne inférieures de 38 % à celles des hommes.

Les causes de cette situation sont profondes et connues ; elles tiennent notamment à l’écart salarial entre les femmes et les hommes – même si nous essayons de le réduire, il est encore important – et au fait que les carrières des femmes sont plus hachées, marquées souvent par le recours au temps partiel, pour assurer la garde des enfants ou pour d’autres raisons familiales.

Un certain nombre de mesures ont été prises ces dernières années. Je songe à l’index de l’égalité femmes-hommes, créé par Mme Pénicaud, qui m’a précédé dans ce poste ministériel et que je tiens à saluer. La mise en œuvre de cet indicateur a permis de progresser. On a observé en effet une réelle sensibilisation des entreprises sur ces questions ; je peux en témoigner, ayant été président d’entreprise. Des progrès sont donc effectués.

Je songe aussi à la directive européenne sur la transparence salariale, que nous devons transposer d’ici au mois de juin 2026. Cela permettra, là encore, de jeter les bases d’une plus grande transparence en ce qui concerne la rémunération entre les femmes et les hommes. Le texte servira de point d’appui pour progresser sur ces sujets.

Je rappelle aussi que la réforme des retraites de 2023, dont nous allons parler juste après, se donnait pour objectif d’atteindre une égalité de pension femmes-hommes d’ici à 2050, avec un point intermédiaire, me semble-t-il, en 2037. Il y avait donc bien cet objectif de travailler structurellement sur une égalité dans la durée entre les femmes et les hommes.

Cet article 45 s’inscrit dans cet état d’esprit, puisqu’il tend à prendre en compte des trimestres de majoration de durée d’assurance dans les carrières longues, ce qui permettra à davantage de mères de profiter d’une retraite anticipée.

Il renvoie également à la voie réglementaire, en l’explicitant, le principe du calcul de la retraite sur les vingt-trois ou vingt-quatre meilleures années pour les femmes ayant eu des enfants. Plus de la moitié des femmes connaîtront donc une amélioration du montant de leur pension. C’est une mesure de très forte portée.

Je précise que c’est le dialogue social – vous savez que j’en suis un fervent partisan –, qui a permis de faire émerger ces idées, que nous nous permettons de proposer à la faveur de cet article.

Le Gouvernement a également déposé, par effet de miroir, un amendement en faveur des droits à la retraite des femmes fonctionnaires et militaires ayant eu des enfants après leur recrutement.

Vous le voyez, beaucoup de travail a déjà été fait en matière d’égalité femmes-hommes et cet article, je le redis, nous fera encore progresser sur ce chemin important.

Pour en revenir à l’amendement proposé, il s’agit d’un amendement d’appel. Le sujet est important : qui a droit à quoi ? En effet, une clarification est nécessaire, d’autant que ce sujet croise celui de la pénibilité, un sujet sensible qui a été beaucoup évoqué à l’occasion du conclave. Malheureusement, nous n’avons pas pu conclure, mais nous n’en étions pas si loin. Nous allons remettre ce thème dans le débat. Vous savez que j’ai lancé, avec l’aval des partenaires sociaux, une conférence sociale sur le travail et les retraites, qui va démarrer au Conseil économique, social et environnemental (Cese) le 5 décembre, et qui reviendra bien évidemment sur ces sujets. Vous appelez de vos vœux une suite à ce débat : soyez rassurée, madame le rapporteur, ce sera le cas.

Dans ces conditions, je vous demanderai de bien vouloir retirer votre amendement, sinon j’y serai défavorable.

Mme la présidente. La parole est à Mme Cathy Apourceau-Poly, pour explication de vote.

Mme Cathy Apourceau-Poly. Très franchement, je vous le dis comme je le sens, cet amendement est une arnaque de plus. À force, nous y sommes habitués : voilà neuf jours que vous déposez des amendements qui relèvent de la même philosophie.

Cet amendement « a pour objet d’exclure des trimestres réputés cotisés avant l’âge de 21 ans, la scolarité des normaliens et des polytechniciens, ainsi que les jobs d’été étudiants ».

Je rappelle tout de même que, sous couvert de cet amendement, vous attaquez tous ces jeunes qui ont besoin de travailler l’été, qui ont travaillé avant 21 ans, qui ont été serveurs ou serveuses dans des emplois saisonniers, qui ont travaillé dans des supermarchés, qui ont animé dans nos communes nos centres de loisirs, qui ont encadré des colonies de vacances et qui ont cotisé. J’y insiste, ils ont bel et bien cotisé pour ces trimestres. Si tel n’était pas le cas, nous pourrions en discuter.

Vous proposez donc cette arnaque supplémentaire qui consiste à faire en sorte qu’ils ne puissent pas bénéficier de ces trimestres pour lequel ils ont cotisé.

C’est une sacrée remise en cause que vous êtes en train d’opérer par cet amendement. Vous savez, lorsque l’on est un gamin issu d’une famille populaire et que l’on est serveur pendant deux ou trois mois dans un restaurant, ce n’est pas par plaisir. C’est aussi parce que l’on en a besoin et qu’il faut aider la famille à payer ses propres études. Je trouve vraiment que vous poussez le bouchon un peu loin. Nous y étions habitués, mais cet amendement déposé à la dernière minute nous révolte un peu. Vous êtes prêts à tout pour faire payer toujours les mêmes.

Mme la présidente. La parole est à Mme Monique Lubin, pour explication de vote.

Mme Monique Lubin. Je pourrais reprendre une partie des propos de ma collègue Cathy Apourceau-Poly. Si nous prenons le cas des étudiants, certains travaillent plus que l’été, et parfois à mi-temps durant leur temps d’études. Il n’y a donc absolument aucune raison pour que les trimestres ne soient pas pris en compte.

Cet amendement me fait dire que, décidément, nous n’avons pas travaillé sur les retraites en 2023 – j’en parlerai un peu plus tout à l’heure – et que nous devons impérativement avoir au Parlement, monsieur le ministre, un grand débat sur les retraites.

Vous parlez des partenaires sociaux. Bien évidemment, nous sommes attachés au paritarisme et les partenaires sociaux feront ce qu’ils ont à faire. Cependant, j’y insiste : nous voulons un débat au Parlement sur les retraites, parce que la représentation parlementaire a aussi des choses à dire. In fine, c’est tout de même nous qui voterons.

Je voudrais aussi revenir sur les femmes. L’article 45 a un intérêt, certes, mais pour les mères de famille. Or on est d’abord une femme avant d’être une mère de famille.

Mme Monique Lubin. Pour que les femmes aient des carrières complètes et des retraites décentes, il faut que nous les considérions comme des salariées à part entière, ce qui n’est pas encore tout à fait le cas. Je rappelle également que l’une des clés de la résorption du déficit des retraites est l’emploi des seniors et des femmes.

Monsieur le ministre, je sais que beaucoup de choses ont déjà été discutées et réalisées, mais, avant d’aller plus loin pour régler définitivement le problème de l’emploi des femmes et des inégalités salariales, il faut que nous ayons, en amont, des négociations avec le patronat, et notamment avec le Medef, qui a fait échouer le fameux conclave dont vous parlez. (Applaudissements sur les travées du groupe SER. – Mme Cathy Apourceau-Poly applaudit également.)

Mme la présidente. La parole est à Mme Raymonde Poncet Monge, pour explication de vote.

Mme Raymonde Poncet Monge. Effectivement, nous avions prévu les dérives liées au cumul emploi-retraite, mais vous ne nous avez pas écoutés. Vous en faites le constat aujourd’hui.

Je voudrais, moi aussi, revenir sur ce que l’on appelle un job étudiant. Il s’agit tout d’abord d’un travail salarié. Comme tout travail salarié, il ouvre des droits sociaux – ou alors il faut l’exonérer de cotisations… – et participe, comme l’exige la philosophie de notre système par répartition, au financement des retraites actuelles. Exclure ces activités salariées reviendrait à ouvrir une brèche dans le système de solidarité.

Un job d’été n’est pas toujours recherché pour de l’argent de poche. Il faut rappeler que beaucoup d’étudiants sont contraints de travailler. Lorsque vous revaloriserez les bourses ou que vous accepterez de mettre en place l’allocation d’autonomie universelle d’études, que nous vous avons proposée via une proposition de loi inscrite à notre ordre du jour réservé, nous pourrons peut-être en reparler.

Quand on a eu des jobs d’été, on ne sera pas forcément cadre à la retraite et, partant, on ne sera pas concerné par ce cumul. Faut-il rappeler que, selon l’Insee, près d’un jeune sur quatre sorti de formation depuis quatre ans est au chômage, en sous-emploi ou dans le halo du chômage ?

Pour nous, et nous l’avions dit au moment où ce dispositif a été mis en place, la solution réside dans un recentrage des efforts sur la retraite progressive. En effet, selon la Cour des comptes elle-même, le cumul emploi-retraite fait doublon avec celle-ci. On peut même dire qu’il la cannibalise. Ce qui est certain, c’est que la retraite progressive est moins attractive, étant donné qu’elle ne permet pas de recevoir l’entièreté de sa pension et que les employeurs sont assez frileux à l’égard de ce dispositif. Pourtant, ses effets d’aubaine sont très limités,…

Mme Raymonde Poncet Monge. … voire inexistants, ce qui n’est pas le cas du cumul emploi-retraite.

Mme la présidente. La parole est à M. Martin Lévrier, pour explication de vote.

M. Martin Lévrier. Je serai très rapide.

Je n’aime pas trop parler de moi, mais sachez que, depuis l’âge de 17 ans, j’ai fait des jobs d’été non pas pour avoir de l’argent de poche, mais pour pouvoir payer mes études.

J’ai donc cotisé pour permettre à des retraités de l’époque de toucher leur pension.

M. Martin Lévrier. Il ne faut pas tout mélanger. Un job d’été est un travail avant tout. Cet amendement dans le cadre d’un PLFSS me laisse pantois. (Très bien ! sur les travées du groupe CRCE-K.)

Mme la présidente. Je mets aux voix l’amendement n° 1844.

(Lamendement nest pas adopté.) – (Applaudissements sur les travées des groupes CRCE-K, SER et GEST.)

Mme la présidente. Je mets aux voix l’article 45.

(Larticle 45 est adopté.)

Article 45
Dossier législatif : projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2026
Article 45 bis

Après l’article 45

Mme la présidente. L’amendement n° 1236 rectifié, présenté par Mmes Apourceau-Poly, Brulin, Silvani, Cukierman et les membres du groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste – Kanaky, est ainsi libellé :

Après l’article 45

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Dans un délai de six mois à compter de la promulgation de la présente loi, le Gouvernement remet au Parlement un rapport d’évaluation sur les conséquences de la réforme des retraites de 2023 notamment sur l’âge de départ en retraite, sur le montant de la pension, la réduction des inégalités entre les femmes et les hommes.

La parole est à Mme Cathy Apourceau-Poly.

Mme Cathy Apourceau-Poly. Ce dernier vote m’a fait du bien !

Le 5 juin dernier, le groupe communiste de l’Assemblée nationale a inscrit à l’ordre du jour de sa niche parlementaire une proposition de résolution exigeant l’abrogation de la réforme des retraites de 2023. Le résultat fut sans appel : 198 voix en faveur de l’abrogation et seulement 35 contre. Ce vote illustre l’opposition majoritaire, dans notre pays et à l’Assemblée nationale, à cette réforme injuste.

La société est restée fragmentée à cause du passage en force du Président de la République et du gouvernement de l’époque sur la réforme des retraites. La brutalité des décisions prises n’a eu d’égale que la brutalité des reculs imposés aux travailleurs de notre pays. Avec le passage à 64 ans, on troque les deux meilleures années de la retraite contre les deux pires années de travail, car plus un salarié part tard, moins il a d’espérance de vie en bonne santé. Il y a donc ceux qui vont être obligés de travailler plus tard et ceux qui ne pourront pas le faire et iront deux ans de plus pointer au chômage.

Avant d’examiner l’article 45 bis, il nous semble utile de rappeler les effets désastreux de la réforme des retraites Borne-Macron. Celle-ci, comme nous l’avions dénoncé dans cet hémicycle en 2023, a aggravé les inégalités entre les cadres, les ouvriers et les employés. Elle a également creusé les inégalités entre les femmes et les hommes. C’est d’ailleurs la raison d’être de l’article 45 du présent PLFSS. Elle a contribué à augmenter le nombre de personnes ni en emploi ni au chômage. Enfin, elle a participé à détériorer la santé des travailleurs en fin de carrière.

Avant d’examiner l’article 45 bis, nous demandons au Gouvernement un rapport d’évaluation de cette réforme de 2023, que nous avons vivement combattue et à laquelle nous demeurons opposés. (Applaudissements sur les travées du groupe CRCE-K et des travées du groupe SER.)