M. le président. La parole est à Mme Florence Blatrix Contat, pour explication de vote.

Mme Florence Blatrix Contat. Ce soir, nous avons la réponse à nos questions, celle-là même que nous redoutions déjà depuis deux jours : l’effort portera bien sur les classes moyennes et populaires.

Depuis deux jours, en effet, on a vidé la taxe sur les holdings de 800 millions d’euros ; l’impôt sur la fortune immobilière, qui a été rebaptisé, l’a été de 600 millions d’euros ; on a renoncé à la surtaxe de l’impôt sur les sociétés, qui aurait rapporté 4,5 milliards d’euros…

On a beaucoup évoqué, hier, les niches fiscales relatives aux entreprises.

La niche Copé ? On n’y touche pas !

La niche du pacte Dutreil ? On n’y touche pas !

M. Olivier Rietmann. Ce n’est pas une niche !

Mme Florence Blatrix Contat. On ne touche pas non plus au crédit d’impôt recherche.

Mme Christine Lavarde. Le disque est rayé…

Mme Florence Blatrix Contat. En revanche, lorsque des niches fiscales bénéficient à des particuliers, par exemple celle sur les frais de scolarité – on sait pourtant combien de familles ont des difficultés financières –, on les supprime !

Concernant les ALD, mes collègues ont déjà largement exposé la situation pénible dans laquelle se trouvent ces personnes ; pour autant, vous supprimez l’avantage fiscal qui leur est destiné.

M. le ministre nous dit que le coût de celui-ci a augmenté et qu’il s’élève aujourd’hui à 600 millions d’euros. Et le pacte Dutreil, alors ? Son coût est passé de 500 millions à 5,5 milliards d’euros, sans que personne ne s’en émeuve !

La majorité sénatoriale a encore aggravé la copie du Gouvernement, en faisant peser l’effort encore davantage sur les classes moyennes et les classes populaires.

M. le président. La parole est à M. Grégory Blanc, pour explication de vote.

M. Grégory Blanc. Depuis que le ministre de l’économie participe à nos débats, on nous explique qu’il ne faut absolument rien changer. Depuis le début de l’après-midi, rien n’a bougé !

La majorité sénatoriale cherche à durcir ce projet de loi de finances – tout le monde l’a compris –, afin que l’on ne puisse pas aboutir à un compromis acceptable entre les deux chambres, lequel permettrait pourtant d’avoir un budget et de rendre de la stabilité au pays. (M. le rapporteur général et Mme Christine Lavarde sexclament.)

Pour ce qui vous concerne, monsieur le ministre, on peut s’interroger… Vous proposez d’augmenter la fiscalité qui pèse sur des personnes en difficulté. Je souhaite obtenir une réponse claire du Gouvernement sur ce sujet !

Cette mesure posera tout de même des difficultés entre les deux assemblées lors de l’atterrissage final du texte…

Mme Sophie Primas. Oh là là, une menace !…

M. le président. La parole est à M. le ministre.

M. Roland Lescure, ministre. Reprenez tous les avis que j’ai émis aujourd’hui : il m’est arrivé d’être en accord avec la majorité sénatoriale, mais il m’est aussi arrivé d’être en désaccord avec elle et en accord avec la minorité, laquelle a vu ses amendements rejetés, même lorsque je la soutenais de tout mon cœur…

En l’occurrence, concernant les personnes souffrant d’une ALD, j’ai émis un avis favorable sur l’amendement de compromis visant à fiscaliser à hauteur de 50 % les indemnités journalières de ces personnes.

Certaines des remarques que j’ai pu entendre suscitent toutefois en moi une petite prévention : on laisse entendre que l’impôt sur le revenu est une sorte de punition pesant sur nos concitoyens. L’impôt sur le revenu est une contribution ! On peut débattre de qui doit l’acquitter, à partir de quel revenu et sur la base de quels types de revenus… C’est un bon débat. Mais donner l’impression que l’on va punir des gens qui perçoivent un revenu de remplacement parce qu’une partie de ceux-ci sera fiscalisée, et ce afin de financer les services publics, c’est une vision de l’impôt contre laquelle je m’inscris en faux !

Mme Raymonde Poncet Monge. Et les heures supplémentaires ?

M. Roland Lescure, ministre. On peut débattre du taux : 50 %, 0 % ou 100 %…

M. Grégory Blanc. Il y a une hausse de la fiscalité !

M. Roland Lescure, ministre. Le Gouvernement propose un compromis, en tout cas de son point de vue, en acceptant ce taux à 50 %. Mais l’impôt sur le revenu, que nos concitoyens ont la volonté forte de payer, doit être respecté comme une manière de financer la dépense publique, et non pas considéré comme un moyen de punir les Français.

M. le président. La parole est à M. Guillaume Gontard, pour explication de vote.

M. Guillaume Gontard. Monsieur le ministre, je ne peux pas entendre ce que vous dites !

M. Roland Lescure, ministre. C’est bien le problème !

M. Guillaume Gontard. Depuis le début de l’examen de ce projet de budget, on nous dit que rien n’est possible, ou que ce n’est pas le moment, ou qu’il faut faire ceci et pas cela… Résultat : 6 milliards, voire 7 milliards d’euros de recettes possibles ont été perdus ! Ces recettes auraient pu provenir de taxes sur les plus hauts revenus, sur les plus grandes entreprises, mais vous avez à chaque fois refusé nos amendements en ce sens.

Certes, vous aviez des arguments : ce n’était pas possible, ou c’était trop compliqué, ou les services de l’État n’auraient pas su faire…

M. Roland Lescure, ministre. Ce n’est pas vrai.

M. Guillaume Gontard. À un moment donné, ça suffit ! Assumez vos choix politiques !

Ce que vous faites ici – fiscaliser des personnes atteintes d’une maladie de longue durée, alors que vous avez refusé de taxer les plus grandes entreprises –, c’est indécent ! Ce n’est ni possible ni entendable quand le pays connaît cette situation, celle dans laquelle vous l’avez mis. En effet, il y a tout de même un bilan qui explique pourquoi nous sommes dans cette situation, et il faudrait le rappeler.

Il n’est pas acceptable d’entendre ces propos. Je ne comprends pas comment votre position, vos choix politiques pourraient être compris par nos concitoyens.

Nous avons des propositions pour prendre l’argent là où il est, chez ceux qui ont les moyens de participer à l’effort national. C’est là qu’il faut chercher !

Encore une fois, assumez vos choix politiques ! Pour notre part, nous ne les partageons pas.

Rappel au règlement

M. le président. La parole est à M. Michel Canévet, pour un rappel au règlement.

M. Michel Canévet. Mon rappel au règlement est fondé sur son article 35 bis.

Nous avons déjà dû supporter des dépassements réguliers de temps de parole lors de l’examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale. Compte tenu des demandes formulées par le président de la commission des finances, je demande à chacun de respecter scrupuleusement son temps de parole.

M. le président. Me rappelleriez-vous à mes obligations, monsieur Canévet ? (Sourires.)

M. Michel Canévet. Non, je m’adressais à nos collègues !

M. le président. Acte est donné de votre rappel au règlement, mon cher collègue.

Article 5
Dossier législatif : projet de loi de finances pour 2026
Après l’article 5

Article 5 (suite)

M. le président. La parole est à M. Gérard Lahellec, pour explication de vote.

M. Gérard Lahellec. Mes chers collègues, j’ai essayé de présenter notre amendement dans des termes qui ne choquent personne ; j’espère avoir réussi cet exercice.

À ce stade de nos échanges, je veux vous faire part de mon inquiétude. Il me semble que le discernement a complètement disparu de notre vie publique.

Nous faisons des comptes, encore et encore. Nous ne savons plus ce qu’est une ALD, un mort ou une morte, la perspective du deuil dans une famille. Nous nous contentons de faire des comptes. On dit d’un malade ou d’un vieux qu’il coûte cher d’un point de vue comptable.

Certains me répondront que nous ne sommes pas là pour faire du sentiment.

M. Olivier Rietmann. Qui a dit cela ?

M. Gérard Lahellec. Mais nous sommes là pour faire de l’humain. C’est notre raison d’être. Or ces considérations ne vous intéressent pas.

Je suis choqué qu’il ait été possible d’écrire dans le texte, un peu comme si on le gravait dans le marbre, qu’il faut mettre à contribution les ALD. J’y insiste, cela me choque ! Je ne fais pas la morale (Marques dironie sur les travées du groupe Les Républicains.), je vous invite simplement à faire preuve d’humanité dans vos propos. C’est aussi cela, faire de la politique. (Applaudissements sur les travées des groupes CRCE-K et GEST ainsi que sur des travées du groupe SER.)

M. le président. La parole est à M. Victorin Lurel, pour explication de vote.

M. Victorin Lurel. Monsieur le ministre, j’ai entendu votre argument, un peu capillotracté, quant à la suppression de la réduction d’impôt pour frais de scolarité.

À vous entendre, cette disposition visait à inciter les jeunes à passer le baccalauréat et, à l’heure actuelle, pour les classes d’âge concernées, elle n’est plus incitative. Il me semble pourtant que tel n’était pas l’objet de cette réduction d’impôt ; il s’agissait d’alléger les charges pesant sur les familles.

Au motif que le dispositif profiterait davantage aux classes supérieures, vous le supprimez pour les classes populaires et les classes moyennes. Je vous l’avoue, j’ai du mal à comprendre cette logique.

Je souscris aux propos de notre collègue Gérard Lahellec. Nous sommes dans le cercle de la raison raisonnante ; tout se réduit à des comptes. Je veux bien que les calculs aient leur importance et qu’il faille être réaliste, mais, en l’occurrence, vous avez développé une véritable culture politique, une idéologie, que vous cherchez à imposer.

Je suis également d’accord avec Grégory Blanc : tout est fait pour qu’aucun compromis n’émerge au terme du processus.

M. le président. Je mets aux voix l’amendement n° I-862.

(Lamendement nest pas adopté.)

M. le président. Je mets aux voix les amendements identiques nos I-1004 rectifié, I-1085 rectifié et I-1432 rectifié.

J’ai été saisi d’une demande de scrutin public émanant du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.

Je rappelle que la commission a demandé le retrait de ces amendements et que l’avis du Gouvernement est défavorable.

Il va être procédé au scrutin dans les conditions fixées par l’article 56 du règlement.

Le scrutin est ouvert.

(Le scrutin a lieu.)

M. le président. Personne ne demande plus à voter ?…

Le scrutin est clos.

Voici, compte tenu de l’ensemble des délégations de vote accordées par les sénateurs aux groupes politiques et notifiées à la présidence, le résultat du scrutin n° 70 :

Nombre de votants 344
Nombre de suffrages exprimés 337
Pour l’adoption 127
Contre 210

Le Sénat n’a pas adopté.

Je mets aux voix l’amendement n° I-1369.

(Lamendement est adopté.)

M. le président. Je mets aux voix les amendements identiques nos I-58 rectifié et I-168 rectifié bis.

(Les amendements sont adoptés.)

M. le président. Je mets aux voix l’amendement n° I-1905.

(Lamendement nest pas adopté.)

M. le président. Je mets aux voix les amendements identiques nos I-347 rectifié quater, I-923, I-1698 rectifié sexies et I-1996.

(Les amendements ne sont pas adoptés.)

M. le président. Je mets aux voix l’amendement n° I-1433.

(Lamendement nest pas adopté.)

M. le président. Je mets aux voix les amendements identiques nos I-750 et I-2215.

(Les amendements ne sont pas adoptés.)

M. le président. Je mets aux voix l’amendement n° I-2699.

(Lamendement est adopté.)

M. le président. Je mets aux voix l’amendement n° I-885.

(Lamendement nest pas adopté.)

M. le président. La parole est à M. Stéphane Piednoir, pour explication de vote.

M. Stéphane Piednoir. Je souhaite formuler quelques observations sur ces différents amendements, qui ont pour objet la fiscalité des biocarburants.

Je me suis efforcé de faire preuve de modération, suivant la consigne de M. le rapporteur général, en proposant simplement la suppression des alinéas 33 à 37. Or M. le rapporteur général lui-même est allé beaucoup plus loin : il suggère de supprimer les alinéas 32 à 38. Je m’incline devant l’ampleur des suppressions qu’il envisage.

Si les biocarburants sont globalement couverts, je n’ai pas obtenu d’éclaircissement sur le HVO100.

M. le rapporteur général a demandé le retrait de l’amendement visant à instaurer pour le HVO100 une fiscalité identique à celle des autres biocarburants, sans apporter de précision supplémentaire. Comme je n’ai pas saisi la raison de cette position, je souhaiterais obtenir davantage d’explications, si c’est possible.

Je retire mes amendements, monsieur le président.

M. le président. Les amendements nos I-1183 rectifié bis, I-1185 rectifié bis, I-1184 rectifié bis sont retirés.

La parole est à M. le rapporteur général.

M. Jean-François Husson, rapporteur général de la commission des finances. Le HVO100, d’origine finlandaise, est issu du traitement des produits de la mer. Nous évoquerons ce point lors de l’examen des amendements tendant à insérer des articles additionnels après l’article 5.

M. le président. Je mets aux voix les amendements identiques nos I-3, I-36 rectifié quater, I-147, I-212 rectifié bis, I-329 rectifié ter, I-524 rectifié ter, I-534 rectifié bis, I-581 rectifié ter, I-788 rectifié bis, I-1005, I-1434 et I-2524 rectifié ter.

(Les amendements sont adoptés.)

M. le président. En conséquence, les amendements identiques nos I-265 rectifié ter, I-831 rectifié bis et I-1738 rectifié bis, ainsi que les amendements identiques nos I-198 rectifié ter, I-266 rectifié ter et I-832 rectifié bis, n’ont plus d’objet.

Je suis saisi de deux amendements faisant l’objet d’une discussion commune.

L’amendement n° I-1574 rectifié, présenté par M. Rietmann, Mme Lavarde, MM. Rapin, de Legge, Mandelli, Perrin et Anglars, Mmes de Cidrac, P. Martin et Josende, M. Brisson, Mme Malet, MM. Daubresse, Henno, Sol et Szpiner, Mme Gosselin, MM. H. Leroy et Bacci, Mme Billon, MM. J.B. Blanc et Chauvet, Mmes Ventalon et Dumont, MM. Fargeot, Séné, Cambon et Burgoa, Mme Gruny, MM. Levi et Genet, Mmes Bellamy et Lassarade, MM. Saury, Grosperrin et Belin, Mme Di Folco, MM. Klinger, Gremillet et Sido, Mme Romagny, M. Michallet et Mme Imbert, est ainsi libellé :

I. – Alinéa 19

Supprimer cet alinéa.

II. – Alinéa 24

Rédiger ainsi cet alinéa :

21° Au IV de l’article 244 quater M, l’année : « 2024 » est remplacé par l’année : « 2026 » ;

II. – Pour compenser la perte de recettes résultant des I et II, compléter cet article par un paragraphe ainsi rédigé :

… – La perte de recettes résultant pour l’État du présent article est compensée, à due concurrence, par la création d’une taxe additionnelle à l’accise sur les tabacs prévue au chapitre IV du titre Ier du livre III du code des impositions sur les biens et services.

La parole est à M. Olivier Rietmann.

M. Olivier Rietmann. Cet amendement vise à maintenir deux dépenses fiscales pour accompagner le développement des plus petites entreprises.

Il s’agit, d’une part, de conserver le crédit d’impôt relatif au rachat d’entreprise par les salariés – nous sommes tous d’accord, me semble-t-il, pour faciliter la transmission des entreprises, notamment les plus petites d’entre elles – et, d’autre part, de prolonger jusqu’au 31 décembre 2026 le crédit d’impôt au titre des dépenses engagées pour la formation du chef d’entreprise.

M. le président. L’amendement n° I-1301 rectifié ter, présenté par MM. Capus, Malhuret et Laménie, Mmes Paoli-Gagin et Bourcier, MM. Grand, V. Louault et Brault, Mme L. Darcos, MM. Chevalier, Chasseing, A. Marc et Wattebled, Mme Lermytte et MM. Levi et Pointereau, est ainsi libellé :

I. – Alinéa 19

Supprimer cet alinéa.

II. – Pour compenser la perte de recettes résultant du I, compléter cet article par un paragraphe ainsi rédigé :

… – La perte de recettes résultant pour l’État du présent article est compensée, à due concurrence, par la création d’une taxe additionnelle à l’accise sur les tabacs prévue au chapitre IV du titre Ier du livre III du code des impositions sur les biens et services.

La parole est à M. Vincent Louault.

M. Vincent Louault. Il est défendu !

M. le président. Quel est l’avis de la commission ?

M. Jean-François Husson, rapporteur général de la commission des finances. Monsieur Rietmann, une erreur s’est nécessairement glissée dans ces dispositions : le crédit d’impôt relatif au rachat par les salariés n’existe plus depuis 1987. (Sourires.)

Mme Sophie Primas. Il n’était pas né ! (Nouveaux sourires.)

M. Jean-François Husson, rapporteur général de la commission des finances. La commission demande le retrait de ces deux amendements ; à défaut, elle émettra un avis défavorable.

M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ?

M. Roland Lescure, ministre. Je suggère le retrait de l’amendement n° I-1574 rectifié pour les raisons que vient de mentionner M. le rapporteur général : ce crédit d’impôt ne s’applique qu’aux demandes d’agrément antérieures au 15 avril 1987.

Quant à la suppression du dispositif relatif aux dépenses de formation des dirigeants d’entreprise, elle s’inscrit dans la droite ligne des travaux qui ont précédé l’adoption de la loi de finances pour 2025, à l’occasion desquels aucun amendement de prorogation du dispositif n’a été déposé. Les dirigeants d’entreprise continuent évidemment d’être accompagnés par plusieurs dispositifs permettant de soutenir leur formation. Je demande donc également le retrait de l’amendement n° I-1301 rectifié ter.

M. le président. Monsieur Rietmann, l’amendement n° I-1574 rectifié est-il maintenu ?

M. Olivier Rietmann. Non, je le retire, monsieur le président.

M. le président. L’amendement n° I-1574 rectifié est retiré.

Je mets aux voix l’amendement n° I-1301 rectifié ter.

(Lamendement nest pas adopté.)

M. le président. L’amendement n° I-2214, présenté par MM. Dossus et G. Blanc, Mme Senée, MM. Benarroche, Dantec, Fernique et Gontard, Mme Guhl, M. Jadot, Mme de Marco, M. Mellouli, Mmes Ollivier et Poncet Monge, M. Salmon et Mmes Souyris et M. Vogel, est ainsi libellé :

Après l’alinéa 31

Insérer deux alinéas ainsi rédigés :

..° L’article L. 312-58 est complété par un alinéa ainsi rédigé :

« Ce tarif réduit n’est pas applicable aux produits mentionnés au premier alinéa lorsque le déplacement s’effectue par voie aérienne en provenance et à destination de la France métropolitaine, à l’exclusion de la Corse. Ce tarif réduit demeure applicable aux déplacements s’effectuant par voie aérienne en provenance ou à destination de la Corse ou de l’un des territoires mentionnés aux deuxième à cinquième alinéas de L. 422-16 du code des impositions sur les biens et services, à l’article L. 112-4 du même code, ou à l’article 74 de la Constitution, ainsi qu’aux déplacements entre ces mêmes territoires et à l’intérieur de la Corse ».

La parole est à M. Thomas Dossus.

M. Thomas Dossus. Cet amendement vise à supprimer l’exemption de taxation du kérosène dès 2026 pour les vols domestiques, à l’exception de ceux à destination ou en provenance des territoires d’outre-mer ou de la Corse.

Il s’agit à la fois d’une mesure de justice fiscale et d’un signal fort dans la lutte contre le dérèglement climatique.

Nous entendons mettre fin à une anomalie flagrante de notre fiscalité énergétique, le kérosène continuant d’échapper à toute taxation. Cette exemption est d’autant plus difficile à justifier qu’elle est socialement injuste. Les vols domestiques, hors outre-mer et Corse, je le répète, sont majoritairement empruntés par les classes sociales les plus aisées. Maintenir ces privilèges est une aberration face aux efforts demandés à l’ensemble de nos concitoyens.

En outre, il s’agit d’une application du principe du pollueur-payeur.

M. le président. Quel est l’avis de la commission ?

M. Jean-François Husson, rapporteur général de la commission des finances. La commission a émis un avis défavorable sur l’amendement n° I-2214. En effet, la fiscalité aérienne a déjà considérablement augmenté en 2025 ; le temps n’est pas venu de l’aggraver encore, au regard notamment de la crise que connaissent les lignes intérieures, ainsi que nos aéroports les plus modestes.

M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ?

M. Roland Lescure, ministre. L’année dernière, nous avons suivi une autre logique en fixant des objectifs d’incorporation des carburants d’aviation durables, qui participent à la décarbonation du secteur.

Monsieur le sénateur, je comprends votre volonté de taxer davantage le kérosène et de renforcer, ce faisant, la fiscalité environnementale. Toutefois – vous le savez –, ce choix risque de favoriser les aéroports situés hors de France, tant pour les vols long-courriers que pour les transferts. Londres, Francfort, Bruxelles, Amsterdam ou d’autres villes encore seraient ainsi préférées à Paris.

Une telle mesure affaiblirait d’autant les aéroports parisiens sur les liaisons long-courriers, ainsi que les compagnies nationales qui ont tendance à faire le plein à Paris.

Je sollicite donc le retrait de votre amendement, même si je comprends la volonté qui le sous-tend.

M. le président. Monsieur Dossus, l’amendement n° I-2214 est-il maintenu ?

M. Thomas Dossus. Oui, monsieur le président.

S’agissant des SAF (Sustainable Aviation Fuels) ou des carburants alternatifs, quel est l’état exact de la situation ?

Monsieur le ministre, nous avons voté des dispositions et un certain nombre d’obligations européennes s’appliquent. Au-delà des grands principes, les choses avancent-elles ?

M. le président. Je mets aux voix l’amendement n° I-2214.

(Lamendement nest pas adopté.)

M. le président. Je mets aux voix l’article 5, modifié.

(Larticle 5 est adopté.)

Article 5 (suite)
Dossier législatif : projet de loi de finances pour 2026
Article 6

Après l’article 5

M. le président. L’amendement n° I-322 rectifié bis, présenté par MM. Sautarel, H. Leroy et J.B. Blanc, Mmes Dumont, Gosselin, Drexler et de Cidrac, M. Saury, Mmes P. Martin et Canayer, MM. Belin, Grosperrin, Genet et Michallet, Mme Imbert, M. Rojouan et Mme Demas, est ainsi libellé :

Après l’article 5

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

I. – Le code général des impôts est ainsi modifié :

Sont abrogés :

- Les m et o du 1° du I de l’article 31 ;

- L’article 39 quinquies FA ;

- L’article 39 decies ;

- L’article 39 decies B ;

- L’article 39 decies D ;

- L’article 39 decies E ;

- L’article 39 decies G ;

- L’article 44 sexies A ;

- L’article 44 sexies-0 A ;

- L’article 44 quindecies ;

- L’article 46 quater-O YZD ;

- Le septième alinéa de l’article 50-0 ;

- L’article 80 bis ;

- L’article 80 quinquies ;

- L’article 80 quaterdecies ;

- L’article 92 DA ;

- Le 1 du II de l’article 150-0 A ;

- Le 8 de l’article 150-0 D ;

- L’article 154 bis A

- Le I bis et le 2° du II de l’article 156 ;

- L’article 163 bis C ;

- L’article 199 terdecies-0 B ;

- L’article 199 quater B ;

- L’article 199 novovicies ;

- Les 6 et 6 bis de l’article 200 A ;

- Le 5 de l’article 206 ;

- L’article 210 undecies ;

- L’article 220 N ;

- Le m du 1 de l’article 223 O ;

- Le 4° du 2 de l’article 793 ;

- L’article 793 ter ;

- L’article 1388 ter ;

- L’article 1464 G ;

- L’article 1465 A ;

- Le I septies de l’article 1466 A ;

- L’article 1466 F ;

- Le I sexies de l’article 1466 A ;

- L’article 1586 ter ;

- Les III et IV de l’article 1586 nonies ;

- L’article 1655 bis ;

II. – Les articles 27 et 140 de la loi n° 2020-1721 du 29 décembre 2020 de finances pour 2021 sont abrogés.

III. – L’article 51 de la loi n° 2022-1726 du 30 décembre 2022 de finances pour 2023 est abrogé.

IV. – Les articles 70 et 76 de la loi n° 2023-1322 du 29 décembre 2023 de finances pour 2024 sont abrogés.

La parole est à M. Stéphane Sautarel.

M. Stéphane Sautarel. Le coût total des 465 dispositifs fiscaux dérogatoires classés comme dépenses fiscales est estimé à plus de 94 milliards d’euros par la Cour des comptes. C’est l’équivalent de 30 % des recettes fiscales nettes de l’État. J’ajoute que ce coût a augmenté de 16 % en dix ans.

Mes chers collègues, je vous présente le seul survivant des neuf amendements que j’avais déposés sur le sujet : l’amendement n° I-322 rectifié bis, qui vise à supprimer un certain nombre de niches fiscales.

Il semblerait que les données officielles soient aujourd’hui sous-estimées. J’en veux pour preuve le dernier rapport de l’inspection générale des finances (IGF) portant sur ce sujet, travail rendu en 2011, soit il y a plus de quatorze ans.

Dans ce rapport, qui couvrait 315 niches fiscales – je vous rappelle qu’il en existe aujourd’hui 465 –, l’IGF avait jugé ces dispositifs inefficients ou peu efficients.

Au-delà de leur coût, ces niches fiscales accroissent la complexité et le risque d’iniquité, voire de fraude importante.

Au travers de cet amendement, je suggère donc d’aller plus loin que le Gouvernement. Ce dernier nous invite à supprimer douze niches fiscales dont le fait générateur est éteint. Je propose, pour ma part, d’aller jusqu’à quarante-sept.

M. le président. Quel est l’avis de la commission ?

M. Jean-François Husson, rapporteur général de la commission des finances. Je demande l’avis du Gouvernement pour savoir où en est la réflexion sur le sujet.

M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ?

M. Roland Lescure, ministre. Il faut faire attention : ce n’est pas parce que le fait générateur d’une taxe est échu que la pertinence de la taxe elle-même a disparu. Nous effectuons donc un travail de nettoyage des niches – je vous citerai quelques exemples –, qui nous permet, année après année, de formuler des propositions dans le cadre du projet de loi de finances pour supprimer les « petites » taxes ayant perdu de leur intérêt.

Toutefois, monsieur le sénateur, en proposant une voiture-balai pour supprimer d’un seul coup toutes les taxes dont le fait générateur est éteint, vous risquez de supprimer des dispositifs encore utiles.

Je pense, par exemple, à la protection des personnes face au risque de l’amiante. Bien que le risque soit aujourd’hui faible et que les faits générateurs de ce type d’exonération fiscale aient disparu, les bénéficiaires de la niche fiscale sont encore là, et heureusement. On pourrait en dire autant de la niche relative aux travaux d’adaptation pour les personnes en situation de handicap.

Je ne dispose pas de la liste exacte des petites taxes supprimées cette année ; nous en comptons environ une dizaine. Depuis trois ans, le chiffre est évidemment bien plus élevé, et nous poursuivrons ce travail de nettoyage en coordination systématique avec le Parlement.