M. Pierre Ouzoulias. Très bien !
Mme la présidente. La parole est à M. Dany Wattebled. (Applaudissements sur les travées des groupes INDEP et UC. – M. Patrick Kanner applaudit également.)
M. Dany Wattebled. Madame la présidente, madame la ministre, mes chers collègues, la mission « Sport, jeunesse et vie associative » est essentielle en matière de lien social et de cohésion. Les crédits qui lui sont affectés permettent de soutenir nos associations, le monde du sport, mais aussi des politiques nécessaires pour notre jeunesse.
C’est donc avec une attention particulière que nous examinons chaque année cette mission. Je tiens d’ailleurs à saluer le travail mené par les rapporteurs au Sénat et à l’Assemblée nationale.
Les programmes consacrés au sport, à la jeunesse et à la vie associative ont fait l’objet d’avis défavorables de la part de la commission de la culture, de l’éducation, de la communication et du sport. Et pour cause : ils voient leurs crédits baisser.
Ainsi, pour 2026, les crédits du programme « Sport » diminuent de 6,5 % par rapport à 2025.
Ceux du programme « Jeunesse et vie associative » baissent de 221 millions d’euros. Cette baisse est liée à différents facteurs. On note une diminution des crédits affectés à des politiques comme le service civique ou le plan « 1 jeune, 1 mentor ». Mais c’est surtout la suppression du service national universel qui explique la baisse importante des crédits affectés au programme. Pour rappel, celui-ci avait mobilisé 65 millions d’euros pour l’exercice 2025.
Lors de l’examen de la mission au sein de la commission de la culture, nombre de nos collègues, dont le rapporteur pour avis lui-même, ont déploré que ces crédits n’aient pas été réaffectés à d’autres actions du programme. À mon sens, le principal problème n’est pas celui-là. Nous devons réaliser des économies, c’est un fait et il faut le dire. La suppression d’un dispositif est toujours une occasion de le faire, et il n’y a pas lieu d’en rougir. De plus, la mise en place prochaine du service militaire volontaire nécessitera forcément le déploiement de nouveaux moyens.
En revanche, je regrette la diminution de 15 %, par rapport à 2025, des montants affectés au plan « 1 jeune, 1 mentor ». Ce plan est passé de 72 000 à 135 000 jeunes accompagnés entre 2021 et 2024. Il a notamment bénéficié à plusieurs milliers de jeunes relevant de l’aide sociale à l’enfance.
Très concrètement, il répond à des besoins clairs, comme le relève un rapport paru en juin 2025 de l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire. De fait, il me paraît difficile d’en réduire les crédits, mais des économies sont nécessaires et doivent être menées.
Pour en revenir au programme « Sport », celui-ci enregistre une diminution de ses crédits par rapport à 2025.
Plusieurs mesures permettant de faire des économies sont actées dans ce programme. Je pense, entre autres, à la clôture du plan « Génération 2024 », le nombre d’équipements prévu ayant été atteint. Mais les économies résultent aussi de la baisse des montants affectés à deux dispositifs d’aide au développement de la pratique sportive des jeunes : le Pass’Sport et les deux heures supplémentaires de sport au collège. Est-ce cela l’héritage des jeux Olympiques ?
Je suis, par ailleurs, assez circonspect au sujet de la taxe Buffet, dont le rendement sera forcément touché par les évolutions du marché des droits audiovisuels sportifs. Ce rendement n’a cessé de baisser depuis 2021. Il passerait de 59 millions d’euros il y a cinq ans, à 44 millions d’euros pour 2026. Or je tiens à rappeler que la taxe Buffet vise à encourager le sport amateur, qui en a plus que besoin au regard de la situation actuelle et des bénéfices qu’il apporte.
Enfin, la mission « Sport, jeunesse et vie associative » prévoit une montée en puissance nécessaire du programme consacré aux jeux Olympiques et Paralympiques de 2030.
Nous alertons néanmoins sur la nécessité d’associer au mieux les territoires à l’organisation de ce grand moment. Hier, le conseil départemental de Savoie a suspendu sa participation aux réunions d’organisation des Jeux en raison du manque de visibilité et de consultation.
Mes chers collègues, en définitive, même si elles sont difficiles à assumer, le groupe Les Indépendants salue les diminutions de crédits réalisées dans le cadre de cette mission.
Sous réserve des amendements qui pourraient être adoptés durant l’examen de la mission, il votera en faveur de ces crédits. À titre personnel cependant, je soutiens les amendements qui prévoient 40 millions d’euros supplémentaires dans le programme consacré à la jeunesse et à la vie associative pour rehausser le budget affecté au service civique. (Applaudissements sur les travées du groupe INDEP.)
Mme la présidente. La parole est à M. Michel Savin. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. Michel Savin. Madame la présidente, madame la ministre, mes chers collègues, je limiterai mon intervention au programme « Sport », mes collègues Béatrice Gosselin et Anne Ventalon intervenant plus tard sur le programme « Jeunesse et vie associative ».
Après un budget pour 2025 déjà en forte baisse, nous assistons cette année encore à une diminution des crédits en faveur du sport. Le projet de loi de finances pour 2026 présenté par le Gouvernement poursuit sans nuance cette trajectoire descendante. Pourtant, le Président de la République s’était engagé à maintenir les moyens du sport jusqu’à la fin de son quinquennat. L’ambition affichée de faire du sport un enjeu national est définitivement abandonnée.
Nous sommes bien conscients que la situation budgétaire du pays nous impose de faire des efforts, mais ces derniers doivent rester réalistes et proportionnés. L’ampleur de la réduction des crédits du programme 219 « Sport » est incompréhensible, d’autant plus que cette mission ne représente qu’une part infime – 0,09 % ! – du budget général de l’État. Les coupes sont pourtant massives et les prévisions pour les exercices suivants ne font que confirmer cette tendance inquiétante.
La baisse se concentre essentiellement sur l’action n° 01 « Promotion du sport pour le plus grand nombre », dont les crédits diminuent de 50 % en autorisations d’engagement et de 25 % en crédits de paiement. N’oublions pas non plus les gels, surgels et annulations de crédits survenus au cours de l’année 2025 sans débat ni avis du Parlement, pour plus de 140 millions d’euros. Au-delà du désintérêt manifeste de l’exécutif pour le sport, il y a là un mépris démocratique.
Dans cette période d’entre deux jeux Olympiques et Paralympiques, le désengagement de l’État en matière d’équipement sportif et de soutien à la jeunesse envoie un signal profondément préoccupant. L’abandon du plan « Génération 2024 » fragilise encore davantage les collectivités territoriales, qui assument pourtant l’essentiel des charges de construction, de rénovation et d’entretien des équipements. Nos piscines sont vieillissantes, pour ne pas dire dégradées, mais chaque année nous attendons le bilan des noyades pour nous en émouvoir.
Alors que le Président de la République affirmait qu’il est absolument clé d’investir dans les infrastructures sportives, le sport et la formation, les crédits d’investissement structurants sont aujourd’hui tout simplement supprimés. Que vaut encore la parole présidentielle ?
Ce budget porté par le Gouvernement n’est pas une erreur ; c’est un renoncement. Les gymnases, les piscines, les pistes d’athlétisme se détériorent faute de capacités d’investissement suffisantes des collectivités territoriales. L’État doit demeurer un partenaire privilégié de nos territoires afin d’offrir à nos jeunes, à nos associations et aux acteurs du sport une politique ambitieuse en faveur du sport pour le plus grand nombre.
Madame la ministre, le Sénat est une nouvelle fois venu au secours du mouvement sportif en adoptant lors de l’examen de la première partie du budget un amendement que j’ai défendu, qui vise à réinjecter 50 millions d’euros dans le programme « Sport » en faveur de l’investissement dans les équipements sportifs de nos collectivités territoriales.
Toutefois, l’avis défavorable que le Gouvernement a émis sur cet amendement nous inquiète. Madame la ministre, la balle est désormais dans votre camp. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
Mme la présidente. La parole est à M. Dominique Théophile. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)
M. Dominique Théophile. Madame la présidente, madame la ministre, mes chers collègues, dix-huit mois après la clôture de jeux Olympiques et Paralympiques unanimement salués, nous aurions pu et dû mieux capitaliser sur l’élan exceptionnel qu’ils ont suscité. Ce rendez-vous devait être un tremplin durable, mais, hélas ! l’essai n’a pas été pleinement transformé : j’en éprouve un profond regret.
Si le budget des sports ne représente que 0,3 % de celui de l’État, il est l’un de ces petits budgets qui portent de grandes ambitions : celles de nos athlètes, de nos associations, de nos jeunes. C’est précisément parce que ce budget est modeste qu’il doit être calibré avec soin.
Or, cette année, le budget présenté dans le projet de loi de finances ne paraît pas à la hauteur des ambitions sportives que la Nation s’est fixées. Les programmes « Sport » et « Jeunesse et vie associative » voient leurs crédits respectifs diminuer de 6,5 % – soit de 39 millions d’euros – et de 25 %. Bien que ces diminutions s’expliquent en partie par la fin du plan « Génération 2024 », la suppression du service national universel, ou encore la révision du Pass’Sport, elles nous interpellent.
Le Pass’Sport, dispositif essentiel dans les territoires, notamment en outre-mer, voit le montant de son allocation passer de 50 euros à 70 euros, ce qui constitue un signal positif. Toutefois, nous nous interrogeons au sujet de son recentrage sur les 14-17 ans et de la baisse des crédits qui lui sont affectés. Pour préserver ses effets auprès du plus grand nombre et assurer son accessibilité, nous défendrons un amendement visant à maintenir les crédits de l’année dernière.
Le RDPI salue la légère augmentation de la dotation de l’Agence nationale du sport, acteur central du soutien au mouvement sportif, destinée à favoriser l’innovation et l’achat d’équipements de haut niveau. Toutefois, après cinq années de fonctionnement, une réflexion sur l’évolution de cette agence apparaît nécessaire afin d’assurer sa pleine efficacité.
Le programme 385 « Jeux olympiques et paralympiques d’hiver 2030 », pour sa part, accompagne la montée en puissance des Jeux de 2030. Cette perspective importante mérite une planification rigoureuse et continue.
Pour ce qui concerne le programme « Jeunesse et vie associative », la baisse des crédits s’explique en grande partie par la suppression du SNU. Le service civique, appelé à devenir plus formateur et plus exigeant, voit néanmoins son objectif d’accueil réduit à 100 000 volontaires. Nous saluons l’ambition d’améliorer la qualité de ce service, mais, là encore, il semblait possible d’attribuer plus de crédits pour maintenir la quantité de personnes accueillies.
De même, le plan « 1 jeune, 1 mentor », amputé de 15 % de ses crédits, est fragilisé. Notre groupe a déposé un amendement visant à préserver sa dynamique, tant les résultats qu’il a obtenus sont probants.
Nous saluons enfin la stabilisation des crédits dédiés au FDVA, pilier essentiel du tissu associatif local.
Permettez-moi de dire un mot essentiel de l’outre-mer, où le sport constitue un enjeu social, éducatif et presque identitaire. Je tiens à le rappeler, nous attendons l’application concrète des préconisations du rapport sur les politiques publiques du sport dans les outre-mer que j’ai remis à la ministre des sports en juin 2023. Ces préconisations ne doivent pas rester théoriques ; elles constituent une véritable feuille de route pour réduire les fractures territoriales en matière d’accès au sport.
Il est vrai que ce budget comporte des avancées et que nous partageons ses priorités, mais il reste en deçà de l’élan que la France aurait pu entretenir après les jeux Olympiques et Paralympiques. Sous réserve des mesures correctives qu’il défendra, le groupe RDPI votera les crédits de la mission « Sport, jeunesse et vie associative ». Après des jeux Olympiques fortement appréciés dans le monde entier, le sport français mérite bien plus. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)
Mme la présidente. La parole est à Mme Colombe Brossel. (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)
Mme Colombe Brossel. Madame la présidente, madame la ministre, mes chers collègues, investir dans le sport, la jeunesse, l’éducation populaire et l’engagement associatif, ce n’est pas financer des dépenses accessoires ; c’est donner à chaque jeune, à chaque habitant, quel que soit son milieu, les moyens de grandir et de s’engager.
C’est aussi soutenir le tissu associatif qui agit, directement ou indirectement, au bénéfice de tous partout dans le pays. C’est lui qui permet l’émancipation ou compense les fragilités en parvenant à tisser du lien social et en devant, de plus en plus souvent, réparer ce que les politiques publiques n’ont su ni prévenir ni guérir.
De toute évidence, cette mission ne bénéficie pas des moyens qu’elle mérite. Le budget présenté est loin d’être à la hauteur des ambitions parfois affichées en conférence de presse, mais surtout loin des besoins que font remonter les acteurs de terrain.
Que dire des coups de rabot imposés à l’Agence du service civique ? Le Gouvernement propose de priver 40 000 jeunes d’une expérience d’engagement saluée tant par les volontaires que par les organismes et les associations qui les accueillent.
Plusieurs de nos collègues l’ont déjà indiqué, les colos apprenantes lancées en 2020, dont plus de 80 000 enfants souvent issus des milieux populaires bénéficient chaque année, sont purement et simplement annulées. Cette suppression s’inscrit dans un mouvement plus large : les crédits consacrés à la jeunesse et à l’éducation populaire baissent de plus de 23 %. Le recul est massif.
Le désengagement touche également le plan « 1 jeune, 1 mentor ». Aujourd’hui, alors que seul un jeune en ayant besoin sur dix en bénéficie, le Gouvernement propose de réduire de 13 000 le nombre de ses bénéficiaires. Pourtant, il a lancé en 2025 un nouvel appel à projets pour que les associations élargissent leur terrain d’intervention. Celles-ci ont répondu aux attentes et aujourd’hui, en pleine contradiction, en pleine incohérence, le Gouvernement choisit de fragiliser l’ensemble du dispositif.
Madame la ministre, ces coups de rabot ne sont pas anecdotiques. Ils viennent s’additionner à ceux qui ont été décidés l’an passé ou en cours d’exercice. Le 11 octobre dernier, plus de 300 actions ont eu lieu partout en France à l’appel du mouvement associatif pour dénoncer les coupes budgétaires. En 2024, les associations perdaient déjà 2,2 milliards d’euros ; en 2026, elles risquent de perdre 1 milliard d’euros supplémentaires.
Nous refusons de laisser cette dérive budgétaire se poursuivre alors que 90 000 emplois sont en jeu dans le secteur associatif et que les collectivités territoriales, elles-mêmes exsangues, sont obligées de limiter, voire de réduire leurs financements.
La mobilisation du mouvement associatif, le 11 octobre dernier, envoyait un signal d’alerte clair. Manifestement, le Gouvernement n’a pas voulu entendre ce message des salariés et de l’ensemble des bénévoles qui tiennent et font vivre ce pays.
Le groupe socialiste, lui, a décidé de les écouter. Il partage ainsi la position du rapporteur pour avis de la commission de la culture. Il défendra, au cours de l’examen des crédits de la mission, plusieurs amendements ; j’espère que certains au moins seront adoptés, car je sais qu’ils sont largement partagés par d’autres groupes. (Applaudissements sur les travées des groupes SER et CRCE-K.)
Mme la présidente. La parole est à M. Jérémy Bacchi.
M. Jérémy Bacchi. Madame la présidente, madame la ministre, mes chers collègues, nous devions capitaliser sur l’élan sportif du pays, renforcer la jeunesse, soutenir la vie associative, consolider un héritage annoncé. Pourtant, le PLF pour 2026 marque un recul massif des moyens consacrés aux politiques publiques les plus structurantes, qui aura des conséquences immédiates sur les familles, les jeunes, les clubs et les collectivités territoriales.
La mission « Sport, jeunesse et vie associative » est l’une des plus touchées. Les crédits du programme 219 « Sport » diminuent de 18 % en autorisations d’engagement et de 6,5 % en crédits de paiement. La démocratisation sportive, pourtant essentielle, en paie le prix. L’essentiel du retrait est concentré sur l’action n° 01 de ce programme, « Promotion du sport pour le plus grand nombre », qui finance des dispositifs clés comme le Pass’Sport et une partie importante des moyens de l’Agence nationale du sport.
Le Pass’Sport, qui avait permis à 1,6 million de jeunes de pratiquer une activité sportive en 2024, est recentré sur les 14-17 ans. Les enfants de 6 à 13 ans en sont désormais écartés, alors même que cet âge est déterminant pour commencer une pratique sportive.
Dans le même temps, le budget du programme chute pour atteindre 39 millions d’euros, soit près de 36 millions de moins qu’en 2025. Les alertes sont pourtant nombreuses : décrochage attendu des inscriptions, aggravation des inégalités territoriales, fragilisation de la pratique féminine. Toutes les organisations sportives ont exprimé leur inquiétude, parfois dans des termes très fermes.
Le dispositif « deux heures de sport en plus au collège » subit lui aussi un net ralentissement. Ses crédits diminuent de 7 millions d’euros après un recentrage déjà opéré en 2024. Pour nous, seule une augmentation des horaires d’éducation physique et sportive à quatre heures hebdomadaires, réalisées par des enseignants formés et avec des équipements adaptés, permettrait une véritable démocratisation de la pratique sportive. Nous jugeons donc très défavorablement une telle baisse, réalisée une fois de plus sur le dos des collèges en zone prioritaire, autrement dit, sur les plus vulnérables.
L’Agence nationale du sport n’est pas épargnée : elle subit une baisse de près de 89 millions d’euros en autorisations d’engagement. Le plan « Génération 2024 » est interrompu avant son terme, alors qu’il était prévu qu’entre 2024 et 2026 il finance 5 000 équipements sportifs – terrains de proximité, cours d’école actives, piscines ou gymnases. Au lieu des 300 millions d’euros prévus, seuls 157 millions d’euros auront été effectivement affectés. Alors que les besoins demeurent nombreux, l’État interrompt un dispositif qui constituait l’un des rares leviers contre la vétusté des équipements sportifs dans nos territoires.
Les inquiétudes sont tout aussi grandes pour le programme 163 « Jeunesse et vie associative », dont les crédits baissent de 26 %. Ses actions n° 01 « Développement de la vie associative » et n° 02 « Actions en faveur de la jeunesse et de l’éducation populaire » reculent de manière importante.
Le compte d’engagement citoyen et le fonds pour le développement de la vie associative restent stables en euros constants, ce qui revient, compte tenu de l’inflation, à réduire les moyens réels disponibles pour la formation des bénévoles et le soutien aux initiatives associatives.
Plus grave encore, la disparition des colos apprenantes retire 36 millions d’euros à une politique qui avait permis à environ 400 000 enfants, souvent issus de milieux modestes, de bénéficier d’un séjour éducatif. Dans un pays où près de 40 % des enfants ne partent pas en vacances et où les inégalités d’accès aux loisirs sont croissantes, une telle suppression risque d’aggraver la fracture sociale, pourtant déjà très marquée.
En résumé, ce PLF tourne le dos aux territoires, abandonne les familles les plus modestes et renonce à soutenir celles et ceux qui, chaque jour, créent du lien, de l’émancipation et de la solidarité sur nos territoires. Il est non seulement insuffisant, mais véritablement dramatique pour le sport, la jeunesse et la vie associative dans notre pays. Nous voterons donc résolument contre ce budget. (Applaudissements sur les travées du groupe CRCE-K. – Mme Marie-Pierre Monier applaudit également.)
Mme la présidente. La parole est à Mme Mathilde Ollivier. (Applaudissements sur les travées du groupe GEST.)
Mme Mathilde Ollivier. Madame la présidente, madame la ministre, mes chers collègues, en écrivant ce discours, j’ai eu un drôle de sentiment : celui de revivre exactement le même débat que l’année dernière. C’était comme si rien ne changeait, sinon quelques lignes dans un tableau Excel ; comme si le sport, la jeunesse et les associations de ce pays étaient condamnés à subir en boucle le même mauvais scénario – véritablement Un jour sans fin.
Une fois encore, cette mission est la variable d’ajustement du projet d’ensemble du Gouvernement. Pour le deuxième budget qui suit les Jeux de 2024, vous rabotez, vous réduisez, vous coupez.
Une fois encore, les premières victimes sont celles et ceux qui ne défilent pas sous les projecteurs : les jeunes, les clubs, les éducateurs, les pratiquants du quotidien.
Pendant que les crédits consacrés aux grands événements sportifs et au sport de haut niveau continuent d’augmenter, ceux qui concernent le sport du quotidien reculent de 151 millions d’euros, notamment en raison de la suppression du Pass’Sport pour les jeunes de 6 à 13 ans.
Ces décisions ne sont pas dénuées de portée politique. Elles disent tout d’une vision : il faut un sport de vitrine, un sport de performance, mais non pas un sport de proximité, un sport populaire, un sport pour la santé et pour l’égalité.
Mes chers collègues, je dois vous dire ma colère. Alors que des sommes considérables sont investies dans de grands événements sportifs – la construction d’une patinoire à Nice pour les Jeux d’hiver de 2030 coûte 138 millions d’euros –, nos équipements existants sont laissés à l’abandon, se dégradent et ferment. Les piscines, par exemple, où nos enfants apprennent à nager, qui sont des lieux qui sauvent littéralement des vies, tombent en ruine et ferment une à une. Avec le seul budget de cette patinoire, nous aurions pu en rénover une cinquantaine dans nos territoires.
Je demande donc la création d’un plan national d’urgence pour la rénovation de nos piscines. Apprendre à nager n’est pas un luxe, c’est un droit et un enjeu de santé publique. Que ferons-nous demain si une génération entière n’a plus accès à ce service public essentiel ?
Madame la ministre, votre projet ne fragilise pas seulement le sport, mais aussi la jeunesse et le monde associatif. Les associations tirent la sonnette d’alarme depuis maintenant des semaines. Je songe notamment aux structures de vacances et de séjours collectifs, aux mouvements de scoutisme et aux réseaux d’éducation populaire. Alors que près de 5 millions d’enfants ne partent pas en vacances chaque année, vous choisissez de supprimer ou d’affaiblir des dispositifs essentiels à leur départ, tels que les colos apprenantes.
Madame la ministre, j’attends de votre part un discours de vérité. Avez-vous pleinement conscience que votre politique privera des millions d’enfants de la possibilité de partir, de ressentir la joie simple de marcher sur nos plages ou dans nos montagnes ?
Voilà que le Président de la République nous explique que son projet pour notre jeunesse est désormais de répondre à une prétendue soif de service militaire. Pour notre part, nous continuerons à dire que la jeunesse n’est pas en mal d’engagement.
Elle n’a pas besoin que l’on invente pour elle un service militaire à 2 milliards d’euros venu d’en haut pour qu’elle prouve sa solidarité ou fasse nation. En revanche, elle a besoin de lieux pour se rencontrer, débattre, créer, s’émanciper. C’est cela, l’éducation populaire ; c’est cela, un pays qui fait confiance à sa jeunesse.
Le groupe Écologiste – Solidarité et Territoires défendra des amendements visant à changer radicalement ce budget, à restaurer les crédits de la mission, à élargir le Pass’Sport, à financer le sport de proximité plutôt que les Jeux d’hiver de 2030, à soutenir les associations, l’éducation populaire et à garantir le droit aux vacances pour toutes et tous.
Les enjeux de cette mission sont au cœur de la vie quotidienne de nos concitoyennes et de nos concitoyens ; c’est précisément pour cette raison que, en l’état, ce budget ne peut clairement pas être voté. (Applaudissements sur les travées du groupe GEST et sur des travées du groupe SER. – M. Ahmed Laouedj applaudit également.)
Mme la présidente. La parole est à M. Aymeric Durox.
M. Aymeric Durox. Madame la présidente, madame la ministre, mes chers collègues, qu’il est loin le temps des jeux Olympiques et Paralympiques, pendant lequel nos dirigeants annonçaient leur intention de faire de la France une nation sportive, une nation où le sport serait un élément constitutif incontournable des politiques publiques, à l’école ou dans la santé !
Qu’il est loin le temps où le Gouvernement annonçait qu’il nous faudrait réussir l’héritage des Jeux, tant pour inciter à la pratique sportive que pour accompagner nos clubs !
En effet, madame la ministre, les rideaux sont fermés et la triste réalité du manque d’ambition de notre politique sportive se fait jour. Vous proposez un budget en baisse de 17 %, soit une diminution de près de 300 millions d’euros.
Pour soutenir nos associations et encourager nos jeunes à pratiquer une activité sportive, vous n’avez rien trouvé de mieux que de diminuer de 230 millions d’euros les crédits alloués à cette mission. Vous avez notamment exclu les jeunes Français âgés de 6 à 14 ans du dispositif du Pass’Sport, qui constituait pourtant une aide à l’inscription en club pour les plus modestes. Comment pouvez-vous dire qu’il faut que la pratique sportive des plus jeunes augmente dans notre pays tout en assumant une telle décision ? Comment lutter contre la sédentarité de nos jeunes si l’État n’accompagne plus de tels dispositifs ?
Autre mauvaise surprise pour les acteurs du sport, le nombre de conseillers techniques baissera l’année prochaine de 26 équivalents temps plein travaillé (ETPT). Une telle décision est indigne de la réussite collective de notre pays et de nos athlètes durant les jeux Olympiques et Paralympiques de Paris. Préparer les Jeux de Los Angeles en 2028 et réussir les Jeux d’hiver en 2030 implique de mieux orienter les crédits vers nos clubs et nos fédérations qui permettent, grâce aux bénévoles, de développer le sport de masse et de soutenir nos athlètes de haut niveau.
Alors que le sport semble enfin avoir percé le plafond de verre en étant assimilé au mieux-vivre, au bien-être, à la lutte contre les maladies chroniques et la sédentarité, il est fondamental que le Gouvernement s’implique davantage.
Nous devons donner au Comité national olympique et sportif français (CNOSF) les moyens d’assurer son autonomie financière en consolidant ses dotations, et adopter un modèle économique souple et pérenne pour nos fédérations. Il faut poursuivre et amplifier le soutien à nos dirigeants qui se présentent pour intégrer les fédérations internationales, et accueillir davantage de grands événements sportifs internationaux sur notre sol.
Nous devons faire du sport un outil de soft power – de diplomatie d’influence, en bon français – bien plus important, en particulier grâce au réseau France Sport Expertise.
Madame la ministre, bâtir une nation sportive est difficile. Cela prend du temps, encore plus dans notre pays où le sport a longtemps été mal considéré.
Chaque décision gouvernementale a un effet immédiat, comme le montre la baisse des licences dans de nombreuses disciplines sportives, notamment chez les jeunes Français les plus précaires, après le retrait du dispositif Pass’Sport.
En réalité, la seule ligne budgétaire en augmentation est celle qui concerne l’organisation des Jeux d’hiver de 2030, que nous attendons et que nous soutenons tous, bien naturellement – enfin, presque tous. Toutefois, madame la ministre, une question se pose : souhaitez-vous faire de la France une nation sportive, ou bien uniquement une nation qui organise les plus grands événements sportifs ?
Pour toutes ces raisons, nous nous opposerons à ce budget sans ambition pour notre pays.