IV. LA TAXE POUR FRAIS DE CHAMBRES DE MÉTIERS

L'inadaptation des modalités de financement des chambres de métiers est reconnue depuis de nombreuses années, sans qu'au-delà de quelques expédients, aucune ébauche de solution ne se soit dessinée. Elle tient à deux types de causes :

- l'évolution des missions des chambres : à côté des traditionnelles missions de service public (tenue du répertoire des métiers, organisation de l'apprentissage), les actions de développement économique et d'adaptation des entreprises artisanales se sont développées et apparaissent aujourd'hui comme des actions « structurelles » au même titre que les précédentes ;

- une fiscalité complexe, fondée, d'une part, sur une contribution fixe, dont le plafond est voté chaque année dans le cadre de la loi de finances et due par toute entreprise immatriculée, quelles que soient sa taille et sa capacité contributive (630 francs en 2001) et, d'autre part, sur un droit additionnel, un des derniers impôts de répartition subsistant encore en France : son produit est plafonné, chambre par chambre (50 % du produit du droit fixe, limite pouvant être portée à 75 %, à titre exceptionnel, sur décision du préfet), puis réparti proportionnellement aux bases de la taxe professionnelle entre les entreprises artisanales assujetties.

Les inégalités engendrées par ce système se sont aggravées au fil des années, tant entre les entreprises, selon leur implantation, qu'entre les chambres elles-mêmes.

De surcroît, le montant du droit fixe n'évolue pas au rythme de l'évolution des charges des chambres : de 620 à 630 francs, entre 1999 et 2001, soit + 1,61 % alors que la valeur du point des salaires du personnel des chambres s'est accrue de plus de 3 % pendant la même période, sans compter le glissement automatique du même ordre de grandeur et, pour 2001, le coût de l'aménagement de la réduction du temps de travail. Or, les charges salariales représentent environ 70 % du budget des chambres.

La diminution constante des crédits budgétaires consacrés au financement des actions de développement économique est venue récemment renforcer le sentiment de précarité ressenti par de nombreuses chambres.

En outre, les centres de formation d'apprentis des Chambres de métiers, qui forment plus de 100.000 jeunes, voient leur situation tout particulièrement dégradée et, pour certains, leur existence même menacée. Les décisions successives de l'Etat : passage sous statut des personnels enseignants en contrat à durée déterminée, intégration des collaborateurs en contrat à durée déterminée, aménagement et réduction du temps de travail, en ont alourdi sans contrepartie les charges de fonctionnement, tandis que les régions s'avèrent de plus en plus réticentes à prendre en compte ces augmentations de coût dans le calcul de leurs subventions.

Afin d'éviter l'asphyxie financière progressive des Chambres, votre rapporteur pour avis soutient deux propositions :

Réévaluer sensiblement le montant du plafond du droit fixe et l'indexer sur le plafond de la sécurité sociale , qui s'applique déjà à la contribution perçue en vue de financer la formation continue, recouvrée dans les mêmes conditions que la taxe pour frais de chambres de métiers (art. 1601 B du CGI).

Ceci permettrait de redonner à ce « plafond » sa signification d'origine, alors que l'effet de ciseau, produit au fil des ans par l'évolution divergente des charges structurelles et du droit fixe, a conduit la totalité des responsables de Chambres à s'aligner sur le montant fixé chaque année par le Parlement. Les instances élues de chaque Chambre retrouveraient ainsi la possibilité de décider, en toute responsabilité , dans le cadre d'un budget soumis à l'approbation de l'autorité de tutelle, d'ajuster le niveau des prestations fournies et celui de l'imposition pesant sur les artisans. Ceci représente un enjeu individuel ne dépassant pas quelques centaines de francs par entreprise et par an.

En contrepartie de cette liberté en partie retrouvée, la possibilité exceptionnelle de déplafonner le droit additionnel, au-delà de 50 % du produit du droit fixe, serait strictement réservée au financement des investissements.

Conscient de la nécessité de ne pas alourdir les prélèvements obligatoires et les charges des artisans,
votre rapporteur pour avis estime que le plafond du droit fixe ne devrait pas, en tout état de cause, dépasser 0,50 % du montant annuel du plafond de la sécurité sociale.

Exonérer les centres de formation d'apprentis de la taxe sur les salaires

Les établissements d'enseignement du secteur public ne sont pas soumis à une telle imposition
. Ont été successivement exonérées de taxe sur les salaires (art. 231-1 du CGI) l'Etat, « lorsque cette exonération n'entraîne pas de distorsion dans les conditions de concurrence » et les collectivités locales, ainsi que leurs démembrements.

Outre une diminution des prélèvements obligatoires, cette exonération présenterait l'avantage d'éviter que l'Etat continue à se payer, en quelque sorte, des impôts à lui-même ; il est en effet absurde, par exemple, que dans une chambre de métiers gérant un CFA, la taxe d'apprentissage collectée soit, en moyenne, équivalente à la taxe payée sur les salaires.

Le coût d'une telle mesure de bon sens serait limité et son champ parfaitement cerné. Elle viendrait en partie compenser la diminution constante du soutien de l'Etat aux missions de service public assumées par les Chambres, charge reportée sur les artisans eux-mêmes.


*

*



*

Suivant la proposition de son rapporteur, la Commission des Affaires économiques a donné un avis défavorable à l'adoption des crédits consacrés aux PME, au commerce et à l'artisanat, inscrits dans le projet de loi de finances pour 2002.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page