3. Une culture de l'évaluation
Ainsi
qu'il a été dit précédemment (voir I), la culture
de la responsabilité et de l'évaluation doit encore se
développer dans le monde de l'enseignement supérieur. Elle
devrait concerner à la fois les établissements, les enseignements
et les enseignants.
Dans ce domaine également, il serait intéressant de tirer profit
des expériences étrangères, même si toute
réforme doit tenir compte des spécificités et de la
culture du pays qui envisage de la mettre en oeuvre.
C'est ainsi qu'à l'occasion du colloque du 9 octobre
précité, M. François Tavenas, recteur honoraire de
l'université Laval à Québec, a indiqué que les
objectifs
alors affichés par les présidents
d'université français étaient
entrés depuis
longtemps dans la réalité de l'enseignement supérieur
québécois
, qui a ainsi gagné en
crédibilité.
Systématique, l'évaluation y est ainsi organisée :
- à partir de pratiques harmonisées, chaque
université assure son auto-évaluation, un contrôle a
posteriori de sa qualité et de sa régularité étant
assuré par des organismes indépendants ;
- les programmes ou formations font l'objet d'une évaluation
périodique (tous les 7 ans). Y participent, sous le contrôle des
enseignants, les étudiants, les partenaires économiques et des
experts indépendants ;
- les étudiants renseignent, pour chaque matière, un
questionnaire comportant un volet général (défini par
l'université) et un volet propre à cette discipline (fixé
par le département). Les questionnaires sont utilisés par les
instances dirigeantes tant pour l'évolution des programmes que la
gestion des carrières (rémunération, promotion...) ;
- des centres d'accompagnement ont été créés,
dans le but de faire bénéficier les enseignants dont
l'évaluation est plutôt négative de conseils de nature
à améliorer leur pédagogie.
Le bilan de ce dispositif s'avère très positif en termes de
qualité, de performance, de souplesse, d'autonomie, de saine gestion des
finances publiques et de transparence.
Votre rapporteur ajoute qu'au-delà des enseignements, les services
apportés par les établissements aux étudiants pourraient
également utilement faire l'objet d'évaluations (orientation,
insertion professionnelle, vie étudiante...).
Le résultat des évaluations doit servir pour l'orientation de
l'offre de formation. On ne saurait, comme c'est le cas aujourd'hui, se
contenter du caractère facultatif d'une évaluation dont les
résultats sont, en outre, réservés au seul enseignant
concerné.
Il faudrait résoudre le paradoxe qui veut que les emplois soient
attribués aux universités en fonction de leurs besoins en termes
d'enseignement, mais que le déroulement de la carrière des
enseignants-chercheurs s'opère sur des critères qui
privilégient la recherche. Il ne faut alors pas s'étonner que
ceux-ci privilégient ces mêmes critères dans le
déroulement de leurs activités.
Il conviendrait, par conséquent, de mieux prendre en compte
l'activité d'enseignement dans leurs carrières et donc
également de mieux l'évaluer.