3. Une évaluation insuffisante
a) La faible place accordée à l'évaluation
La
création du Comité national d'évaluation (CNE) en 1984, a
ouvert la voie à l'évaluation de l'enseignement supérieur.
Ses missions et son champ d'investigation sont très larges puisqu'il est
chargé d'évaluer, tous les quatre ans, tous les
établissements publics relevant de sa compétence.
Les moyens, en particulier humains, dont il dispose, ne lui permettent
cependant pas de faire face à l'ampleur de sa tâche.
La Cour des comptes, dans son rapport précité, relève que
«
les efforts du CNE pour développer la culture de
l'évaluation sont d'autant plus appréciables qu'il est le seul
organisme en France à s'être pleinement investi dans cette
perspective.
Au sein même des établissements universitaires, il n'existe que
très rarement une instance spécifique, permanente et distincte
des organes de direction pédagogique ou administrative, qui soit
chargée de l'évaluation. Dans certains pays européens,
(Finlande, Allemagne, Italie), la constitution de telles instances est parfois
recommandée par l'Etat, parfois même prévue par la loi. La
production de tableaux de bord demeure, dans les universités
françaises, embryonnaire et les outils de gestion y sont, au mieux,
récents.
Ces lacunes éclairent les difficultés que rencontre le CNE pour
inciter les établissements à opérer leur
auto-évaluation en préalable au travail de ses experts. Elles
expliquent également, en partie, l'absence d'évaluation par le
ministère et les établissements des contrats qu'ils ont
signés. Ces contrats quadriennaux ne font au demeurant qu'une place
très réduite à l'évaluation. Dans le meilleur des
cas, ils se contentent d'exprimer l'intention de créer une structure
d'évaluation de la recherche ou de mettre en place quelques
procédures. L'administration n'a pas encore atteint son objectif de
déterminer une série d'indicateurs dits
« partagés » avec les établissements. De
plus, ceux qui existent ne sont pas réellement contraignants et
l'absence des autres n'est assortie d'aucune sanction. »
b) La faiblesse des pratiques d'évaluation
Si
l'évaluation des écoles fait davantage partie de leur culture,
tel n'est pas en revanche le cas des universités où, en dehors du
domaine de la recherche, les autres formes d'évaluation existent peu.
Bien que la réforme de 1997 fasse de l'évaluation des enseignants
une obligation, les pratiques sont en fait très variables selon les
établissements. Ceux-ci rencontrent en outre des difficultés
méthodologiques, mais mutualisent peu leurs pratiques et leurs
expériences.
La Cour des comptes souligne à juste titre que :
«
l'évaluation des formations et des enseignements
paraît indissociable de celle de l'activité d'enseignement des
enseignants eux-mêmes
» et qu'il faudra bien
développer celle-ci si l'on veut mieux prendre en compte
l'activité d'enseignement dans le déroulement de la
carrière des enseignants-chercheurs.
D'une façon générale, la nation peut-elle accepter que
l'enseignement supérieur mette en oeuvre des moyens dont elle ignore
assez largement les coûts ?
Il paraît normal que
l'enseignement supérieur s'adapte aux exigences actuelles de la gestion
publique (préciser ses objectifs, mieux maîtriser l'emploi de ses
moyens, compléter l'évaluation de ses résultats).