C. LA NÉCESSAIRE ADAPTATION DES AIDES SOCIALES ET PRESTATIONS À L'ÉVOLUTION DE LA VIE ÉTUDIANTE
Votre rapporteur ayant développé ce sujet assez largement à l'occasion de l'examen du projet de loi de finances pour 2003 -qui marquait le terme du « plan social étudiant » quadriennal lancé à la rentrée 1998 et dont les objectifs ont été atteints- évoquera essentiellement dans le présent rapport les problèmes, d'ailleurs partiellement liés, du logement étudiant et de l'accueil des étudiants étrangers.
1. Le logement étudiant
a) Une situation critique
Outre le
parc locatif privé, les logements destinés aux étudiants
sont répartis dans deux types de résidences : les
traditionnelles cités universitaires, construites pour la plupart dans
les années 1960 avec des subventions de l'Etat, représentent
63 % du parc (soit près de 95 000 chambres de 9 à
10 m
2
) ; le reste du parc est composé de nouvelles
résidences construites à partir de 1985 par des organismes HLM
(environ 55 000 studios de 18 à 23 m
2
). Les centres
régionaux d'oeuvres universitaires et scolaires (CROUS) gèrent
l'ensemble de ces 150 000 lits et répondent ainsi à une
vocation sociale : 59 % des chambres sont occupées par des
boursiers.
D'importants besoins -tant quantitatifs que qualitatifs- restent cependant
à satisfaire.
• Les besoins quantitatifs
en matière de
construction
, les besoins sont
évalués sur 10 ans à 50 000 logements (y compris
les résidences internationales destinées à l'accueil des
étudiants étrangers) : 15 000 logements pour compenser
les pertes de chambres dues aux réhabilitations des résidences
actuelles, 20 000 chambres pour améliorer l'offre dans les
académies les plus déficitaires au regard de l'accueil des
boursiers, en particulier en Ile-de-France, et 15 000 chambres pour
accueillir des étudiants étrangers ;
en matière de
rénovation
, environ 71 000
chambres en résidences traditionnelles restent à
réhabiliter. Le coût de réhabilitation est estimé
à environ 1,06 milliard d'euros, à raison de 15 000
euros par chambre.
• Les besoins qualitatifs
S'agissant des constructions nouvelles, les analyses en cours retiennent le
principe d'un produit d'une surface comprise entre 12 et 18 m². Ces
nouveaux logements, dotés d'équipements adaptés aux
exigences du confort moderne (isolation phonique, sanitaires et kitchenette
intégrés, connexions téléphoniques et
informatiques...) devraient être intégrés dans des
bâtiments incluant des locaux de vie collective (salle de travail, de
révisions, locaux pour les activités culturelles...).
b) Le projet de loi relatif aux responsabilités locales
• Vers un transfert de compétence
L'Etat étant dans l'incapacité de faire face à l'ensemble
de ces besoins, l'article 51 du projet de loi relatif aux
responsabilités locales, en cours d'examen par le Parlement, vise
à transférer
aux communes ou aux établissements publics
de coopération intercommunale
, la charge des opérations de
construction, d'extension, de grosses réparations et d'équipement
des locaux destinés au logement des étudiants, ainsi que la
propriété des résidences universitaires appartenant
à l'Etat et celle des logements sociaux étudiants des organismes
publics d'habitation à loyer modéré ou des
sociétés d'économie mixte (pour ces derniers, au plus tard
au terme des conventions qui les régissent).
Le dispositif proposé vise à répondre à une forte
demande des agglomérations et l'échelon désigné va
dans le sens des conclusions de la mission d'information précitée
de votre commission sur le patrimoine immobilier universitaire, dont
j'étais le rapporteur. Nous avons alors estimé que
«
les agglomérations auraient sans doute vocation à
étendre leurs compétences en matière de logement
étudiant, et que celles-ci pourraient être appelées
à jouer en ce domaine un rôle de chef de file, en mobilisant les
financements de toutes les collectivités
». L'objectif est
en effet d'inscrire le logement social étudiant dans une
logique de
site
, à l'échelon des grandes villes. Cela permettrait, d'une
part, d'assurer l'articulation avec la gestion des transports, d'autre part, de
favoriser l'accueil de la population étudiante (qui peut
représenter près de 30 % de la population, comme à
Rennes ou Montpellier) et ainsi de contribuer à accroître
l'attractivité de l'agglomération.
Il faut rappeler que ces collectivités territoriales sont
déjà fortement impliquées dans le financement des
programmes de réhabilitation du parc immobilier des résidences
universitaires, engagés dès la fin des années 1990. Des
financements croisés sont ainsi mobilisés dans le cadre des
contrats de plan Etat-Régions signés pour la période
2000-2006, pour rénover les chambres traditionnelles et construire de
nouveaux logements. En outre, les contrats quadriennaux des universités
comprennent un volet « vie étudiante » étendu
aux collectivités.
En confiant aux communes ou à leurs groupements la responsabilité
en matière de logement social étudiant, le projet de loi
renforce le partenariat triangulaire
université-CROUS-collectivités dans le domaine de la vie
étudiante
. Cette synergie doit s'appuyer sur la dynamique des
acteurs locaux pour améliorer les capacités et la qualité
de l'accueil des étudiants, et mobiliser des modes de financement
diversifiés.
Il n'en reste pas moins que, compte tenu de l'état parfois très
dégradé des logements concernés et de l'importance des
investissements que le transfert de compétence peut induire pour les
collectivités,
le Sénat
-sur la proposition des trois
commissions saisies, dont votre commission, saisie pour avis-,
a
adopté des amendements visant à
laisser celles-ci choisir
d'assumer ou non cette nouvelle compétence
et prévoyant que,
dans ce cas, le transfert serait réalisé à titre gratuit.
Par ailleurs, il a prévu que la convention conclue entre la commune ou
l'EPCI et le CROUS devra dresser un
diagnostic
de l'état des
logements sociaux étudiants et établir un programme des travaux.
• Des dispositions spécifiques pour la région
Ile-de-France
La politique du logement social étudiant en
région
Ile-de-France
répond à une situation particulière. En
effet, la ville de Paris n'offre que 7 000 unités d'habitation
gérées par les CROUS, pour une population de 300 000
étudiants, dont 10 % de boursiers. Aussi, nombre d'entre eux sont
logés en dehors de la capitale, ce qui suppose une articulation avec
l'ensemble du réseau de transport en Ile-de-France. A l'échelon
régional, 25 000 jeunes sont logés en cités U ou en
foyers (pour 550 000 étudiants dont 60 000 boursiers). Au contrat
de plan Etat-région 2000-2006, est inscrite la construction de
3 000 lits supplémentaires, ainsi qu'un plan de
réhabilitation.
Pour prendre en compte cette situation spécifique :
- le Sénat a donné à la région Ile-de-France
la possibilité de demander le transfert de la compétence en
matière de logement étudiant lorsque les communes y auront
renoncé dans un délai d'un an ;
- le projet de loi prévoit que la politique du logement social
étudiant s'inscrit dans le cadre d'un schéma
élaboré par le conseil régional ;
- Par ailleurs, pour les
autres régions
, il prévoit
qu'une telle coordination ne serait que facultative. Elle prendrait la forme
d'une convention avec les collectivités territoriales et leurs
groupements. Cette disposition a cependant été supprimée
par le Sénat, car inutile.