C. LA MOBILISATION RÉUSSIE EN FAVEUR DE L'ACCUEIL DES ÉTUDIANTS INTERNATIONAUX, DANS LE CONTEXTE DE CRISE MONDIALE

Dans ses conclusions publiées au printemps dernier 1 ( * ) , le groupe de travail de la commission chargé du suivi de la gestion de la crise sanitaire pour le secteur de l'enseignement supérieur avait alerté sur les répercussions de la crise sanitaire mondiale sur l'accueil des étudiants internationaux au sein des établissements d'enseignement supérieur français .

À l'occasion de l'examen du projet de budget pour 2021, le rapporteur pour avis a souhaité faire le point sur ce dossier, qui conditionne le rayonnement et l'attractivité du système français à l'international.

Selon la directrice générale de Campus France qu'il a auditionnée, le travail collaboratif mis en place par les ministères de l'enseignement supérieur, des affaires étrangères et de l'intérieur, dans le cadre du comité de suivi de la stratégie « Bienvenue en France », a eu pour objectif central d' éviter une « année blanche » .

Plusieurs actions ont été menées en ce sens par Campus France :

- élaboration, avec 120 établissements d'enseignement supérieur, d'un catalogue en ligne recensant 700 formations ;

- lancement d'une campagne de communication « Étudier en France ou à distance », dont les vidéos en ligne ont connu un grand succès (150 000 vues) ;

- mobilisation autour de la démarche de labellisation en matière d'accueil des étudiants internationaux, sur laquelle 180 établissements se sont engagés à ce jour, parmi lesquels 100 ont obtenu la labellisation.

La circulaire du ministère du 17 août 2020 , exemptant les étudiants internationaux de l'interdiction d'accès au territoire national, a également constitué un signal fort en leur direction.

Au 6 novembre 2020, 68 000 visas leur avaient été délivrés. Certes, ce chiffre marque une baisse de 25 % par rapport à celui enregistré l'année dernière à la même date, mais au regard du contexte inédit et en comparaison d'autres pays d'accueil, ce résultat est positif . La France est en effet l'un des seul pays à avoir accueilli des étudiants internationaux en présentiel . Des pays généralement très prisés comme les États-Unis, le Canada, l'Australie ou la Grande-Bretagne sont restés fermés. L'Allemagne a, de son côté, cité la politique française d'accueil en exemple.

Le rapporteur pour avis souligne que cette réussite tient aussi beaucoup à l'engagement des établissements qui , malgré les très nombreux problèmes qu'ils ont eu à gérer du fait de la crise (organisation des examens à distance, préparation de la rentrée en système « mixte »), sont restés mobilisés sur le dossier de l'accueil des étudiants internationaux . Les effectifs de ces derniers ne semblent ainsi pas avoir connu de baisse notable à la rentrée universitaire 2020. La ministre a précisé, lors de son audition par la commission, qu'une « certaine hausse » était même observée au niveau des inscriptions. En revanche, la présence physique des étudiants internationaux est en diminution de 30 %.

Ce satisfecit général ne doit cependant pas faire oublier les interrogations et difficultés qui demeurent dans le contexte de prolongation de la crise : diversité des situations selon les zones géographiques (très forte baisse, par exemple, du nombre d'étudiants asiatiques et indiens ; effets collatéraux d'une offre de formation uniquement en distanciel (risque de comportements opportunistes de la part de certains étudiants s'inscrivant uniquement en raison de la cote des établissements) ; conditions d'organisation des examens pour les étudiants internationaux restés dans leur pays ; conséquence du décalage de certaines inscriptions sur l'organisation de la prochaine rentrée ; risque de « rupture » dans les futurs flux...

Le rapporteur pour avis a par ailleurs été alerté par la directrice générale de Campus France sur la sous-consommation récurrente des crédits destinés aux bourses versées aux étudiants étrangers . Sur les 75 millions d'euros votés à ce titre en loi de finances initiale pour 2020, près de 30 millions d'euros ne se retrouvent pas en exécution. Cet écart s'explique, certes, cette année, par des facteurs conjoncturels liés à la crise (baisse du nombre étudiants étrangers accueillis en France), mais aussi par des facteurs qui, au fil des ans, sont devenus structurels. Aussi, le rapporteur pour avis estime impératif que la gestion des bourses fasse enfin l'objet d'une remise à plat .


* 1 Constats et recommandations du groupe de travail « enseignement supérieur » sur la gestion de la crise sanitaire, rapport d'information n° 667 « Culture, éducation, recherche, sport et communication : penser l'avenir malgré la crise sanitaire », 22 juillet 2020.

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