II. LE LABEL « CITÉS ÉDUCATIVES », UNE DÉMARCHE POUR COORDONNER LES DISPOSITIFS DE POLITIQUE DE LA VILLE, UNE MÉTHODE QUI FAIT SES PREUVES

A. UNE DÉMARCHE DE COOPÉRATION À PLUSIEURS NIVEAUX

À la fois label, zonage et démarche, la Cité éducative est née d'une expérimentation à Grigny en 2017 et d'une réflexion lancée par le rapport Borloo de 2018. Elle fournit un cadre de coopération à l'ensemble des acteurs de la communauté éducative afin d'améliorer la prise en charge sociale et la réussite éducative des jeunes de 0 à 25 ans. Au croisement de la politique de la ville et des politiques scolaires, la démarche « cités éducatives » coordonne des dispositifs souvent mis en oeuvre de manière étanche et non concertée, parmi lesquels les Cordées de la réussite, le Programme de réussite éducative et les adultes-relais.

Pour décloisonner questions éducatives et questions territoriales, le programme repose sur un pilotage national partagé par le ministère de l'Éducation nationale et le ministère chargé de la Ville, réunis au sein d'un secrétariat permanent commun à l'Agence nationale des collectivités territoriales (ANCT) et à la Direction générale de l'enseignement scolaire (DGESCO). Depuis leur lancement en 2019, 250 cités éducatives ont été labellisées, dont 39 en 2025. Les cités recouvrent 260 communes et 600 QPV, et elles bénéficient à 1,5 million de jeunes.

Depuis 2019, les cités éducatives ont reçu un financement total de 300 millions d'euros, majoritairement au titre du programme 147 « Politique de la ville », mais aussi, dans une moindre mesure, du programme 230 « Vie de l'élève ». Chaque cité éducative perçoit de la part de l'État une dotation annuelle de l'ordre de 120 000 à 650 000 euros, afin de financer le fonctionnement des cités et des actions ayant trait à la culture, à la citoyenneté, au sport ou encore à la santé, en grande partie portées par le tissu associatif local.

Cette articulation de la politique de la ville et des politiques éducatives se traduit également dans la gouvernance locale des cités puisque la prise de décision est assurée par une « Troïka » composée d'un représentant de la collectivité (le maire), d'un représentant de l'État (le préfet) et d'un représentant de l'Éducation nationale (le directeur académique), appuyée par un chef de projet opérationnel. Le programme conduit ainsi à faire travailler ensemble dans ses déclinaisons territoriales les établissements scolaires, les associations, les entreprises, les services sociaux, les collectivités, les jeunes et leurs parents.

Source : Agence nationale des collectivités territoriales (ANCT)

La cité éducative est une stratégie globale qui entend dépasser le seul cadre scolaire, pour penser la réussite et l'émancipation des jeunes à tous les âges et dans toutes les sphères de leur vie sociale. Les actions de la cité éducative englobent ainsi les temps scolaire, périscolaire et extrascolaire. L'objectif est en effet de maintenir dans le giron de la politique de la ville l'ensemble des jeunes, y compris ceux sortis du système scolaire, et de travailler à leur insertion professionnelle.

La rapporteure note cependant un angle mort dans cette démarche. Elle regrette que les tranches d'âge non « captives » de l'enseignement scolaire, à savoir les 0-3 ans et les 16-25 ans, soient sous-investies par les actions des cités éducatives, et appelle à une plus grande ouverture du programme aux enjeux de la petite enfance et de l'insertion professionnelle, en mettant par exemple en place un réseau étudiant à destination des jeunes arrivés dans le monde universitaire, comme c'est le cas à Gennevilliers.

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