II. RENSEIGNEMENT : LA « SURMARCHE » BUDGÉTAIRE INTÉGRÉE DÈS 2026 EN RAISON D'UN CONTEXTE DE CONFLICTUALITÉ ÉLEVÉ TOUS AZIMUTS
A. DES CRÉDITS DE PAIEMENTS EN AUGMENTATION DE 13 % POUR 2026
Au titre du programme 144, les crédits de paiements prévus pour 2026 sont en augmentation de 13 % pour s'établir à 579 millions d'euros, répartis entre 549 M€ pour la DGSE et 30 M€ pour la DRSD. Il s'agit d'une anticipation, liée à l'intégration de la surmarche dès 2026, sur un niveau de crédits qui ne devait être atteint qu'en 2028 notamment en ce qui concerne la DRSD dont le nouveau siège a été mis en service en 2025. Les priorités pour 2026 vont porter sur la modernisation de l'environnement numérique de travail et le déploiement d'une nouvelle base de souveraineté, dénommée « système d'information de renseignement et de contre ingérence de défense » (SIRCID), qui vise à optimiser le cycle du renseignement.
S'agissant des menaces extérieures, les services relatent la permanence d'un haut niveau de pression, tant par le contexte de conflictualité élevée tous azimut (flanc oriental de l'OTAN, Moyen-Orient et, toujours, la zone sahélienne), que par la réévaluation du risque de prolifération nucléaire et par la mutation des foyers de menace terroriste (Asie centrale, zone afghano-pakistanaise). Ces axes d'effort du renseignement confirment les constats établis par le rapport de la délégation parlementaire au renseignement pour l'année 2024 dont la thématique principale traitait des mutations du renseignement en Afrique et de la bascule d'effort des services vers l'Europe de l'Est et l'Indopacifique1(*). S'y ajoutent de nouveaux axes de contribution du renseignement en matière de flux migratoires clandestins (canal du Mozambique, Mayotte) et de lutte contre la criminalité organisée.
Au total avec les crédits de personnel du programme 212 ce sont près d'1,3 milliard d'euros qui seront consacrés à la DGSE (1,14 Md€) et la DRSD (174 M€).
Avec 6 453 ETPT pour 2026, le plafond d'emplois de la DGSE continuera à progresser (contre 6 123 ETPT en 2025 et 5987 ETPT en 2024) hors service action.
En revanche, les moyens en personnel de la DRSD vont rester en 2026 en deçà de l'épure de la LPM, et même baisser (le plafond d'emploi passant de 1 691 ETPT en 2025 à 1 609 ETPT pour 2026), ce qui est préjudiciable alors même que la sécurité des TPE, PME et ETI de l'industrie de défense française est devenu un enjeu de souveraineté crucial. Comme dans le cyber, ce ne sont pas les grands groupes qui sont les plus vulnérables aux attaques mais toute la chaîne des entreprises sous-traitantes.
* 1 Rapport n° 211 (2024-2025) relatif à l'activité de la délégation parlementaire au renseignement pour l'année 2023-2024, présenté par M. Cédric Perrin, président.