II. LES MATÉRIELS : « D'UN MCO DE CONTRAT À UN MCO DE COMBAT »
A. DES CRÉDITS QUI PROGRESSENT POUR METTRE NOS ARMÉES DANS LES MEILLEURES CONDITIONS
Utilisée lors de son audition devant la commission le 5 novembre par le chef d'État-major de l'armée de l'Air et de l'Espace Jérôme Bellanger, la formule « D'un MCO de contrat à un MCO de combat » traduit l'évolution en cours dans les trois armées autour de la disponibilité opérationnelle des matériels.
Les crédits d'entretien programmé des matériels (EPM) progressent de 9 % en 2026, et de 28 % depuis 2023. Cette hausse est cohérente avec l'extension du parc, mais également avec les conditions d'emploi plus dure que les armées doivent se préparer à affronter.
B. LES PRIORITÉS DES TROIS ARMÉES
La protection du secret de la défense nationale ne permet pas de livrer dans des documents publics le niveau de disponibilité des matériels.
Les actions menées sont différenciées en fonction des armées.
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Les crédits d'EPM de l'armée de Terre progressent de 13 % en 2026 pour s'établir à 1,6 milliard d'euros. |
L'entretien des matériels terrestre représente 967 millions d'euros en 2026. Elle est assurée par la Structure intégrée du maintien en condition opérationnelle des matériels terrestres (SIMMT). La hausse des crédits doit permettre le soutien des parcs SCORPION, suite aux livraisons de 2026, la transition entre les parcs d'ancienne et de nouvelle génération, ainsi que la poursuite des opérations de pérennisation du char LECLERC. Pour autant, le décalage des livraisons de véhicules Jaguar va entrainer un surcoût de l'ordre de 15 millions d'euros pour l'entretien du parc d'AMX 10RC, afin d'éviter un trou capacitaire.
Pour l'EPM aéroterrestre, confié à la Direction de la maintenance aéronautique, les crédits s'élèvent à 666 millions d'euros. Ils doivent prendre en compte la hausse significative des coûts de maintenance et permettre de conforter le niveau d'activité de 2025, tout en consolidant l'effort « drones » défini par la loi de programmation militaire.
Le MCO des forces navales de l'Armée de Terre représente 8 millions d'euros et est assuré par le Service de soutien de la flotte. Il permet de conforter le niveau d'activité, tout en prenant en compte le besoin MCO des embarcations fluviales particulièrement sollicitées en Guyane.
La pérennisation des chars Leclerc
Char de 3ème génération entré en service en 1993, le Leclerc constitue le principal levier de supériorité français en milieu terrestre, par sa capacité à exercer une grande puissance de feu tout en protégeant ses équipages et les troupes d'accompagnement. Les conditions de combat ont cependant considérablement évolué, tout comme les technologies. À l'horizon 2045, le Leclerc pourrait être remplacé par le Main Ground Combat System (MGCS).
Dans cette attente, et afin d'éviter les trous capacitaires, l'Armée doit maintenir la disponibilité et l'opérabilité du Leclerc. Ses obsolescences portent principalement sur les turbomachines (composants du moteur) et les viseurs optroniques. Elles sont traitées dans le cadre de l'opération d'investissement « Rénovation à mi-vie du Leclerc » (RMV LECLERC). Cette opération ainsi que les opérations de pérennisation doivent permettre de prolonger ce parc jusqu'à l'arrivée progressive du MGCS.
Dans le cadre de la préparation à la haute intensité, l'année 2024 a initié une transformation contractuelle priorisant la finalité opérationnelle et la montée en puissance. Elle s'inscrit dans le plan stratégique Ambition MCO-T 2030 et dans la nouvelle politique d'achat de la SIMMT. 2025 a été marquée par la notification de marchés majeurs couvrant les besoins en pièces de rechange qui donnent une meilleure garantie de sécurité d'approvisionnement.
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Les crédits de l'EPM pour la Marine nationale s'élèvent à 2,8 milliards d'euros, en progression de 6 %. |
L'EPM de la Marine est essentiellement concentrée sur les navires (1,9 milliard d'euros) et le milieu aérien (910 millions d'euros). L'entretien de bâtiments est assuré par le Service de soutien de Flotte (SSF), qui assure également l'entretien de l'ensemble des bâtiments des deux autres Armées. Les crédits ont pour objectif de renforcer la disponibilité des forces et de couvrir les arrêts techniques majeurs des FREMM, la montée en puissance des flottes intérimaires d'hélicoptères et les surcoûts caractérisés notamment par la prolongation de moyens anciens ou le traitement d'obsolescence des équipements de certains bâtiments (PHA par exemple).
Le SSF a lancé un plan d'action pour augmenter les stocks de fonctionnement et l'engagement afin de pallier aux problématiques pouvant impacter les moyens de production. Dans la perspective de la haute intensité, le ralliement des stocks objectifs pour les matériels se poursuit et est suivi mensuellement. Le renforcement de la résilience passe également par l'optimisation du positionnement des stocks et une adaptation des ressources embarquées sur les navires.
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Les crédits d'EPM de l'Armée de l'Air et de l'Espace s'établissent à 2,6 milliards d'euros, en hausse de 9,6 %. |
Les crédits affectés à l'entretien de l'Armée de l'Air et de l'Espace sont en quasi-totalité dédiés à la flotte aérienne, qui comprend aussi des éléments liés à la dissuasion.
La montée en puissance de flottes comme l'A400M impose de consolider la logistique associée afin d'être prêts à faire face à un conflit de haute intensité et d'augmenter l'activité sur les exercices ultérieurs. De plus, la décision des États-Unis et du Royaume-Uni de retirer du service leurs appareils de modèle E-3F, nécessite l'acquisition dès 2025 d'importants lots de pièces détachées pour maintenir l'activité de cet avion dont le retrait de service, en France, n'est prévu actuellement qu'en 2035.
Des progrès notables ont été enregistrés dans la gestion des pièces détachées. Ainsi, le délai moyen de mise à disposition des rechanges en métropole, s'établissait à 6,57 jours en 2024, et à 3,84 jours au premier trimestre 2025. Enfin, la disponibilité des commandes à partir du stock progresse chaque année, passant de 84,5 % à 90,9 % au premier trimestre 2025.



