III. LES HOMMES : DURCIR L'ENTRAINEMENT POUR PRÉPARER LE CHOC
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L'année 2026 est celle de la préparation à la haute intensité. Ce terme s'est imposé dans le débat public avec le conflit ukrainien et domine maintenant la pensée stratégique et la politique de nos armées. Alors qu'il figurait à trois reprises dans la Revue nationale stratégique (RNS) de 2017, il y est fait mention 20 fois en 2025, signe d'un changement complet de cap. |
Si l'évolution des contrats de MCO participe directement de la préparation à la haute intensité, les trois armées ont également pour objectif de durcir les conditions d'entrainement des hommes afin de les préparer le mieux possible au conflit.
A. UNE STABILISATION PRÉVUE DES CRÉDITS D'ENTRAINEMENT
a) Les crédits de préparation progressent
La LPM prévoit un pallier d'activité 2024-2027 dans la préparation opérationnelle, avant une montée en puissance entre 2028- 2030. En conséquence, l'opération stratégique (OS) « activités opérationnelles » (AOP), qui regroupe l'ensemble des crédits destinés à l'entrainement des trois armées, demeure globalement stable, avec une progression de 5 % pour l'armée de Terre et de 3,2 % pour la Marine, et une diminution de 4,3 % dans l'armée de l'Air qui s'explique par la baisse anticipée du prix du carburéacteur, alors même que le volume horaire est en hausse.
b) Des stocks de munition à reconstituer
La protection du secret de la défense nationale ne permet pas de rendre publique le niveau de préparation opérationnelle des forces. Lors de son audition devant la commission le 5 novembre, le CEMA Fabien Mandon a cependant livré ses perspectives : « Je souhaite que les armées tirent davantage, nous allons commander des munitions d'exercice pour que nos artilleurs puissent s'entraîner davantage. Pour les missiles complexes - une torpille, un missile air-air, un missile sol-air comme l'Aster -, même s'ils coûtent très cher, il faut que les gens aient testé leur équipement de A à Z et ne découvrent pas les choses le jour où ils sont engagés en opération. Nos normes d'entrainement ne sont pas satisfaisantes, il faut s'entrainer dans les conditions de combat - on sait d'expérience qu'un pilote d'hélicoptère ou un marin qui ne prend pas la mer pendant cent jours perd ses réflexes, car la situation dans ces milieux n'est pas la même qu'à terre. »
Les différents travaux menés par la commission depuis 18 mois appellent en effet à une véritable accélération dans la reconstitution des stocks de munitions. Un rapport de l'IFRI de janvier 20252(*) estime à trois jours seulement les réserves de munitions de l'armée de l'Air et de l'Espace pour mener un combat de haute intensité. De même, des tensions apparaissent sur certaines munitions spécifiques.
L'actualisation annoncée de la LPM devra être l'occasion de se fixer des objectifs plus ambitieux dans la perspective de la division « bonne de guerre » en 2027.
* 2 « L'avenir de la supériorité aérienne », IFRI, janvier 2025 - https://www.ifri.org/sites/default/files/2025-01/ifri_gorremans_avenir_superiorite_aerienne_2025_0.pdf

