B. LE FLÉCHISSEMENT DU SOUTIEN DE L'ÉTAT AU SECTEUR CULTUREL EN 2026
Au titre de la participation du ministère de la Culture à l'effort de réduction du déficit public, le PLF pour 2026 acte une baisse sensible des crédits de la mission « Culture », qui contraste avec leur relative stabilité entre 2024 et 2025 et leur progression entre 2022 et 2024. Aucun des quatre programmes composant la mission n'est épargné par cette contraction des moyens.
Programme 131 « Création »
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En hausse de 7,7 M€ en autorisations d'engagement (AE) mais en baisse de 33,9 M€ en crédits de paiement (CP) par rapport à la loi de finances initiale (LFI) pour 2025, les crédits du programme s'élèvent à 1 080,3 M€ en AE et à 1 010 M€ en CP. Pour la première fois depuis la crise sanitaire, le soutien du ministère à la création artistique amorce un recul. |
Programme 361 « Transmission des savoirs et démocratisation de la culture »
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Réduits de 73,2 M€ en AE et de 37,3 M€ en CP par rapport à la LFI pour 2025, les crédits du programme s'établissent à 737,6 M€ en AE et à 722,6 M€ en CP. En deux ans, le programme enregistre une baisse de près de 100 millions d'euros, principalement imputable à la réforme du pass Culture. |
C. LA FRAGILISATION DE LA COOPÉRATION PUBLIQUE CULTURELLE
Cette double contraction budgétaire, tant locale que nationale, présente un risque majeur de déstabilisation de l'architecture du financement public des politiques culturelles fondée sur des participations croisées État-collectivités territoriales.
Le baromètre 2025 de l'OPC montre que la coopération publique culturelle s'effrite déjà, le taux de collectivités faisant état d'une baisse des partenariats avec l'État (13 %) et avec d'autres niveaux de collectivités (19 %) ayant doublé par rapport au baromètre 2024. C'est en particulier au niveau des communes de plus de 50 000 habitants et des métropoles que les logiques de coopération sont le plus affectées. Budgétairement moins en recul que les régions et les départements, le bloc local se trouve dans une situation où il est amené à subir plus directement des décisions unilatérales de retrait de la part d'autres partenaires publics, dont certaines sont motivées par des raisons principalement idéologiques.
Ce que les représentants du secteur culturel et le directeur général de la création artistique ont qualifié en audition de « brèche dans le pacte de coopération publique culturelle » semble indiquer que, face aux contraintes budgétaires, le consensus transpartisan autour de la culture perd du terrain au profit, dans certains territoires, d'un réinvestissement politique.
L'édifice de la compétence culturelle partagée est aujourd'hui fissuré aussi bien dans sa dimension financière qu'institutionnelle. Cette évolution que la rapporteure juge préoccupante fait peser une menace sur la diversité de l'offre artistique, l'égal accès à la culture dans les territoires et son ouverture au plus grand nombre.

