B. LA RÉFORME DU MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES

Les modalités de la réorganisation du Ministère des affaires étrangères exposées par le Ministre des affaires étrangères lors de la sixième conférence des ambassadeurs, visent :

- à procéder à des ajustements de l'organisation de l'administration centrale,

- à tirer les conséquences de la fusion affaires étrangères-coopération liée à la réforme de la coopération.

Les modifications prévues concernent :

- la création d'un poste de secrétaire général adjoint, chargé d'assister le secrétaire général du Quai d'Orsay,

- la redéfinition des attributions de la direction générale des affaires politiques et de sécurité, qui comprend désormais une direction de la coopération militaire et de défense, mais qui "perd" le service des affaires francophones et le service des affaires humanitaires,

- le renforcement de la direction générale de l'administration,

- la création d'une structure unique compétente en matière de coopération internationale et de développement,

- le dédoublement de l'ancienne direction générale des affaires européennes et économiques en deux directions autonomes chargées, pour la première, de la coopération européenne et, pour la seconde, des affaires économiques et financières.

1. Modifications de l'organigramme de l'administration centrale

. Le champ d'activité de la direction de la coopération européenne est élargi aux pays concernés par l'élargissement de l'Union, afin d'assurer une meilleure coordination entre le suivi des négociations d'adhésion et les relations entre la France et chaque pays concerné. En conséquence, l'actuelle direction de l'Europe continentale verra ses compétences recentrées sur l'Europe balkanique et sur la région de l'Est de l'Europe.

. Les compétences de la direction des affaires économiques et financières sont étendues aux contacts avec les entreprises, notamment par la création d'une "mission entreprise".

. La réorganisation de la direction générale de l'administration vise à réajuster l'organisation mise en place en 1993, et concerne :

- la création d'une "mission de modernisation" auprès du directeur général,

- le regroupement en un service unique des services destinés à la logistique diplomatique (conférences internationales, voyages officiels, interprétariat et traduction, courrier et valise diplomatique),

- la création d'un service autonome des systèmes d'information et de communication, héritier du service du chiffre, afin de poursuivre la modernisation des moyens techniques du Département,

- la mise en place d'un service de l'équipement autonome, comportant notamment une mission du patrimoine dirigée par un inspecteur des monuments historiques. L'objectif est, d'après les informations transmises à votre rapporteur, d'introduire un "strict professionnalisme dans la gestion des immeubles, des mobiliers historiques et de la décoration". On ne peut que souscrire à ce projet.

Par ailleurs, une sous-direction des moyens des services, rebaptisée sous-direction de la déconcentration , est destinée à accompagner la généralisation de la globalisation des crédits des postes diplomatiques . Notons, sur ce point, que le processus de déconcentration des moyens sera progressivement étendu aux crédits relatifs à la gestion des recrutés locaux et aux frais de voyage entre les postes et la France, ainsi qu'aux frais de représentation . Ceux-ci seront versés non plus en accompagnement des rémunérations, mais sous la forme de crédits mis en place auprès des régies des postes diplomatiques.

Votre rapporteur ne souhaite pas porter de jugement sur les modifications destinées à remettre en cause la réforme administrative de 1993. Il convient néanmoins d'espérer que la réorganisation en cours a été assez préparée de manière à éviter que de nouvelles réformes interviennent dans cinq ans...

2. Conséquences, sur l'organigramme, de la fusion affaires étrangères-coopération

. En ce qui concerne les structures chargées de la coopération internationale , la création de la DGCID (direction générale de la coopération internationale et du développement) répond à une logique fonctionnelle et non plus géographique , ce qui paraît adapté aux enjeux internationaux actuels. La DGCID sera donc compétente pour l'ensemble du monde, ce qui n'était le cas ni de la direction du développement du ministère de la coopération, ni de la direction générale des relations culturelles, scientifiques et techniques du Ministère des affaires étrangères.

La solution retenue en vue de l'organisation des services du Ministère des affaires étrangères rénové repose donc sur une intégration aussi poussée que possible entre les fonctions de l'ancienne DGRCST du Quai d'Orsay et la direction du développement de la rue Monsieur. La solution tendant à la juxtaposition des deux directions, sur la base de compétences géographiques distinctes, n'a, de ce fait, pas été retenue. Cette formule aurait, en effet, selon les explications données lors de la sixième conférence des ambassadeurs par le ministre délégué à la coopération et à la francophonie, conduit à "discriminer entre pays justiciables de l'aide au développement et pays dans lesquels devrait prévaloir une coopération d'influence".

Or l'objectif est, au contraire, de faire prévaloir un "continuum entre pays et développement, pays émergents et partenaires développés, en s'appuyant sur une conception très large de la coopération internationale (échanges universitaires, coopération audiovisuelle, aide au développement, échanges sous forme de prestations de service...). Celle-ci associera la coopération non gouvernementale, à travers la mise en place, auprès du directeur général de la DGCID, d'une mission de la coopération non-gouvernementale.

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En ce qui concerne le secteur spécifique de la coopération militaire et de défense , la formule retenue vise, là encore, à mettre en commun les moyens des affaires étrangères et de la coopération. Ainsi est créée une nouvelle direction de la coopération militaire et de défense au sein de la direction générale des affaires politiques et de sécurité, elle-même réorganisée. Cette nouvelle direction est mise en place à partir de la Mission militaire de coopération de la rue Monsieur et de la sous-direction de l'aide militaire du Quai d'Orsay.

. Le service des affaires francophones est placé sous l'autorité directe du secrétaire général du Quai d'Orsay (cette formule met en évidence la dimension politique de la francophonie, que n'aurait pas souligné l'intégration de ce service à la DGCID). La même solution a été retenue à l'égard du service de l'action humanitaire , fusionné avec la cellule d'urgence humanitaire du quai d'Orsay.

Ces mesures s'inscrivent, comme la réforme des structures de la coopération militaire, dans la réorganisation de la Direction générale des affaires politiques et de la sécurité.

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Les missions d'aide et de coopération sont destinées, sous la dénomination de services de coopération , à devenir des services des ambassades. Intégrées à la chancellerie diplomatique, elles relèveront de ce fait directement de l'autorité des ambassadeurs.

. Par ailleurs est créé un Comité interministériel de la coopération internationale au développement (CICID), dont le rôle est de fédérer, de coordonner et d'animer les actions des différents départements ministériels intervenant en matière de coopération. Le CICID définira le contenu de la zone de solidarité prioritaire (ZSP), sans se référer à des critères géographiques. L'aide au développement sera allouée en fonction de critères économiques, susceptibles de se référer, pour l'essentiel, à la notion de PMA (pays les moins avancés).

Enfin, le Haut conseil de la coopération associera des représentants de la société civile (associations, ONG) et des collectivités locales, ainsi que des représentants des milieux de l'entreprise, et aura pour mission de proposer les grandes orientations de notre politique de coopération.

3. Conséquences de la réforme de la coopération sur les personnels

La fusion affaires étrangères-coopération s'accompagne d'une réflexion approfondie, avec le ministère de la fonction publique et le ministère du budget, sur les conséquences de la réforme dans le domaine de la gestion du personnel. En effet, l'intégration des agents de la coopération dans les corps du ministère des affaires étrangères devrait être effective avant le 31 décembre 2000.

Avant cette date, il conviendra donc de résoudre les problèmes juridiques posés par l'intégration des administrateurs civils de la coopération dans le corps des conseillers et secrétaires des affaires étrangères. Cette intégration pourrait passer par la création d'un corps unique des secrétaires des affaires étrangères. D'autres difficultés statutaires concernent le projet éventuel d'intégration des attachés d'administration centrale dans le corps des secrétaires-ajoints des affaires étrangères.

Les inquiétudes et les réticences suscitées par les conséquences de la fusion sur les statuts des personnels doivent être prises en compte, afin de préserver la motivation de tous les personnels du Ministère des affaires étrangères, très attachés à la spécificité de leur vocation et de leur statut.

Dans le même temps, il est nécessaire que la future organisation des carrières, quel que soit le dispositif retenu afin d'intégrer les personnels de la coopération, s'appuie sur un "juste équilibre des provenances administratives", ainsi que sur "une prise en compte de l'expérience et des savoir-faire de l'autre "maison" 3( * ) .

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