III. L'HARMONISATION EUROPÉENNE DE L'ENVIRONNEMENT ÉCONOMIQUE DES PORTS

La politique portuaire est directement concernée par la politique de concurrence et la politique des transports définies au niveau de l'Union européenne. Ces deux politiques ont d'ailleurs fait l'objet du « livre vert relatif aux ports et aux infrastructures maritimes » présenté le 10 décembre 1997 par la Commission européenne.

- action n° 1 : l'intégration des ports dans le réseau transeuropéen de transport.

- action n° 2 : la connexion du réseau transeuropéen avec les pays limitrophes, dans la perspective de l'élargissement de l'Union européenne.

- action n° 3 : le renforcement des ports comme points de transfert intermodal .

- action n° 4 : le développement du transport maritime à courte distance en Europe.

- action n° 5 : une meilleure prise en compte de la sécurité maritime et de l'environnement .

- action n° 6 : une amélioration de la recherche- développement .

- action n° 7 : la fixation d'un cadre pour les redevances portuaires qui sera inscrit dans une proposition de directive du Conseil.

- action n° 8 : un cadre pour la fixation des redevances portuaires, hors de la zone portuaire.

- action n° 9 : le soutien financier de l'Union Européenne pour le développement des infrastructures.

- action n° 10 : le respect des règles du traité CE pour les services portuaires .

- action n° 11 : un cadre réglementaire pour libéraliser les services portuaires .

Ce document définit les axes de réflexion de la commission en matière de politique portuaire et devrait servir de base à de futures actions, notamment des directives.

Le gouvernement français a fait connaître sa position par un mémorandum, de même que les autres Etats-membres. Suite à cette vaste consultation une conférence s'est tenue à Barcelone en mai 1998 sur les perspectives pour les ports européens.

En ce qui concerne la réalisation éventuelle d'un cadre communautaire en matière de tarification et de financement, la quasi-totalité des délégations s'est montrée favorable à la réalisation, par la Commission, d'un inventaire des aides et des financements, la France insistant pour que cette étude prenne en compte l'ensemble du sujet, au-delà du strict cadre de l'établissement portuaire. Quand au cadre de tarification, la France s'est montrée réservée, estimant que l'intervention de la communauté devait se limiter à remédier aux distorsions de concurrence et à l'élaboration de lignes directrices souples et flexibles, suivant le principe de subsidiarité.

A ce sujet Mme Loyola de Palacio a indiqué, le 26 mai 2000, que les ports ne seraient pas des cas pilotes, et que tout système de tarification des infrastructures se devra d'être général et de couvrir tous les modes de transports. Avant que des propositions concrètes puissent être envisagées la Commission souhaite intégrer le volet social à sa réflexion.

L'inventaire lancé en décembre 1998 par la commission auprès des Etats-membres portait sur les financements et les logiques de facturation, concernant 4 ou 5 ports que l'Etat-membre doit sélectionner pour leur représentativité. Dans son introduction, il est précisé que le champ couvert par cette enquête comporte les mesures fiscales et sociales de niveau national, régional ou local. Le Gouvernement français a répondu à l'été 1999 à l'inventaire de la Commission.

En ce qui concerne la démarche de la Commission sur les services portuaires, la France s'est montrée plus réservée sur les services comme le pilotage et le remorquage, compte tenu des missions de service public et de sécurité qui sont attachées. La Commission a indiqué qu'elle ferait des propositions de cadres réglementaires « flexibles » tenant compte des exigences de service public. Pour cela, elle a lancé une étude début 1999 devant déboucher sur des proposition minima de qualification, formation et équipement.

Résumé des observations sur le livre vert

adoptées par la commission des finances du Sénat le 8 avril 1998

1 - une approbation sur les objectifs poursuivis, à savoir intégrer les ports dans des réseaux transeuropéens et assurer le respect d'une concurrence libre et loyale dans l'Union européenne, dans la mesure où un classement a priori des ports ne contredirait pas ces objectifs.

2 - un accord de principe sur les mesures en faveur de la sécurité et de l'environnement, sous réserve du respect du principe de subsidiarité.

3 - un soutien sans réserve en faveur de la transparence avec le souhait de mettre en oeuvre une séparation comptable entre les services commerciaux et la gestion des infrastructures dans les ports.

4 - des réserves à l'égard d'une application rigide du principe utilisateur-payeur qui ne tiendrait pas compte de la nécessité de financer des investissements sur le long terme, et pourrait bloquer ces projets d'investissement.

5 - le souci de ne pas adopter une approche rigide en matière de redevances portuaires : la politique en la matière ne devra pas être différente de celle existant pour les autres modes de transports, afin de ne pas créer un désavantage compétitif sur ce segment et les ports devraient conserver une liberté de tarification.

6 - un accord pour une libéralisation progressive des services portuaires mais sans remise en cause brutale de leur situation et en tenant compte de leurs obligations et de leurs situations différenciées

Le « paquet » des orientations portuaires, présenté par la Commission le 13 février 2001 comprend deux volets : d'une part, les enseignements tirés de l'enquête effectuée auprès des Etats-membres sur l'accès au marché des services portuaires.

La Commission a obtenu au cours de l'inventaire des financements portuaires des réponses fortement variées et incomplètes : ces réponses portent pour les années 1995 à 1997 sur 52 ports sur les 350 ports identifiés du Réseau Trans Européen (RTE). La Commission a dressé une typologie de la propriété et de la gestion des ports. Elle estime que 90 % du trafic maritime européen s'effectue dans des ports où le financement des infrastructures et la facturation des dépenses sont déterminés ou influencés par les Pouvoirs Publics .

Les données obtenues indiquent que les ports de la façade « mer du Nord » bénéficient de financements publics plus importants que les ports des autres façades, notamment de la façade sud-ouest de l'Europe.

Il convient de noter que la Commission reconnaît à la France une transparence supérieure à la moyenne des Etats-membres . La Commission n'a pas fait part de ses intentions sur les suites à donner aux enseignements qu'elle a énoncés dans le premier volet du « paquet portuaire ».

Dans le second volet constitué du projet de directive concernant l'accès au marché des services portuaires, l'objectif affiché par la Commission est de clarifier le régime des droits exclusifs et/ou des monopoles de droit ou de fait, de nature publique ou privée, pour l'exercice de ces activités . Cependant, la Commission cherche à concilier des exigences de sécurité maritime, de protection de l'environnement et d'obligations de service public. D'où l'affirmation des principes suivants :

- liberté de prestation (d'implantation et de choix de son personnel) ;

- reconnaissance de l'auto-assistance ;

- possibilité pour les autorités compétentes de soumettre les prestataires à des autorisations et de limiter leur nombre.


Le champ d'application de ce projet de directive est fondé sur des seuils de trafic par port maritime (3Mt ou 500.000 passagers) et concerne les services aux navires, à la marchandise (comprenant plusieurs activités : manutention, stockage, groupage) et aux passagers.

A l'heure actuelle, aucun Etat-membre n'a clairement indiqué de position officielle sur ce projet de directive . Les observations françaises concernent, à ce stade, le besoin de fonder ce projet sur des justifications approfondies, ainsi que d'une étude d'impact sérieuse sur les conséquences économiques et sociales des propositions que la Commission formule, la nécessité de clarification de concepts-clé de cette proposition, notamment sur la cohérente des seuils, la notion d'auto-assistance ou le rôle de l'autorité portuaire. Force est de constater que le texte du projet ne contient pas de dispositions pour une harmonisation sociale et des qualifications, dispositions pourtant attendues pour permettre le développement de conditions de concurrence loyale entre les ports.

Le Parlement européen a nommé un rapporteur sur ce dossier qui a présenté son rapport en juin 2001. Les amendements qu'il apporte visent principalement à exclure la manutention et les services aux passagers du champ d'application de la directive ainsi qu'à insérer des dispositions sur la mise en place d'une concurrence loyale entre les ports. La présidence belge du Conseil au second semestre 2001 s'attache pour sa part à conclure l'examen des trois textes du 1 er « paquet Erika » et à poursuivre l'examen du 2 ème paquet. La proposition de directive ne figure ni au projet d'ordre du jour du Conseil Transports d'octobre, ni à celui de décembre 2001.

Le Gouvernement français aborde les échanges sur ce dossier en ayant les objectifs suivants :

- garantir la qualité des prestations des services portuaires, plus particulièrement lorsqu'elles concourent à la bonne exploitation et la sécurité portuaire, ceci devant se traduire par la définition de qualification adaptées ;

- veiller à la solidité juridique du cadre dans lequel s'exercent ces activités, en droit interne comme en droit communautaire ;

- mesurer et anticiper les impacts potentiels en termes sociaux et d'emploi, aussi bien pour la situation actuelle que, dans la durée, pour les besoins futurs de qualifications.

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