3. Les nouveaux risques microbiologiques

Partie rédigée par M. Antoine MONTIEL, membre du Comité de Pilotage de l'étude

Une eau potable est une eau qui ne fait courir aucun risque pour la santé. Pendant très longtemps, l'eau potable était définie comme l'eau de la boisson, de la préparation des aliments et de l'industrie alimentaire. Cette définition limitait l'usage de l'eau à l'alimentation, elle ne devait donc pas conduire à une maladie intestinale.

Le risque microbiologique était donc bien identifié et correspondait à des pathogènes ne pouvant se multiplier que dans le système digestif. Cela avait conduit à toute une stratégie de garantie de qualité microbiologique de l'eau qui utilisait des témoins de contamination fécale ou des indicateurs d'efficacité de traitement.

Avec la modification de la définition de l'eau potable qui est maintenant aussi l'eau des autres usages domestiques dont la toilette corporelle, de nouveaux risques microbiologiques sont à prendre en compte :

- les risques d'inhalation de l'eau : pathogènes du système respiratoire (légionelles, mycobactéries ...)

- les risques de contact avec l'eau : pathogènes de la peau et des muqueuses (staphylocoques, pseudomonas ...)

Avec le changement du point de contrôle de la qualité de l'eau qui est passé du compteur (point de mise à disposition de l'eau chez le consommateur) au robinet du consommateur, les réseaux de distribution privés ont été pris en compte et surtout l'eau chaude qui doit, elle aussi, être conforme à la législation des eaux potables. Les légionelles sont des bactéries qui se développent dans les eaux chaudes à 35-45° C, elles peuvent conduire par inhalation à des maladies (pneumonies). Elles sont donc à prendre en considération.

Le suivi de populations immunodéficientes a permis de mettre en évidence de « nouvelles » maladies d'origines hydriques dues à des parasites : Cryptosporidium, Giardia. Ces germes pathogènes, surtout Cryptosporidium, sont très résistants aux traitements biocides et ne peuvent être éliminés de l'eau que par rétention.

Dès 1992, l'Organisation Mondiale de la Santé a recommandé pour la désinfection des eaux, l'usage de traitements multi barrières pour la garantie microbiologique de l'eau. La garantie de désinfection d'une eau de surface n'est obtenue que par une clarification efficace et d'une étape de désinfection. Au niveau français, cette obligation s'est traduite dans le décret dans l'annexe I.2 (référence de qualité) par une limite de 0.5 NFU sur l'eau filtrée.

Comme certaines eaux souterraines pouvaient, à certaines périodes de l'année, être réalimentées par des eaux de surface mal filtrées par le sol, le Ministère de la Santé a séparé les eaux souterraines en deux catégories :

- D'une part, les eaux souterraines très bien filtrées par le sol qui ne nécessitent soit aucun traitement de désinfection, soit qu'une simple désinfection par un biocide ;

- D'autre part, les eaux souterraines influencées par des eaux de surface, dont la turbidité dépasse de façon périodique 2 NFU, lors d'épisodes pluvieux importants. Ces eaux devront dorénavant, comme les eaux de surface pour être convenablement désinfectées, subir un traitement de clarification (turbidité  0.5 NFU après filtration) et un traitement de désinfection par un biocide.

En conclusion : l'extension de la définition de l'eau potable élargie à l'eau pour les autres usages domestiques, la prise en compte de la qualité de l'eau au robinet du consommateur ont introduit la prise en compte de nouveaux risques microbiologiques : risque d'inhalation, risque de contact. Pour ces deux nouveaux risques, les pathogènes n'ont pas une origine fécale.

Les études épidémiologiques ont mis en évidence des maladies hydriques dont le pathogène était très résistant aux traitements biocides.

La garantie d'efficacité de désinfection n'est aujourd'hui possible que par des chaînes de traitement faisant appel à des multi barrières : traitement de rétention et traitement biocide de transformation (les microorganismes vivants sont transformés en microorganismes morts).

Ces traitements de rétention permettent d'arriver à l'étape ultime de désinfection par biocide avec un nombre très faible de microorganismes ce qui réduit la probabilité d'avoir des organismes qui résistent à ces traitements. « On ne désinfecte que ce qui est propre ».

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