B. LES CARENCES DE L'ÉVALUATION DES ACQUIS DES ÉTUDIANTS

1. Les observations formulées par votre rapporteur spécial en 2001 à la suite de la publication d'une étude du ministère relative aux taux de réussite au DEUG

Le ministère de l'éducation nationale a publié dans sa note d'information n° 01.47 d'octobre 2001 les résultats d'une première étude sur la réussite au DEUG par université.

La méthodologie de cette étude était la suivante :

- en premier lieu, elle calculait le taux de réussite au DEUG par établissement en rapportant le nombre de diplômés d'une université au nombre d'entrants « confirmés » en première année de premier cycle de cette université (c'est à dire ceux qui ont poursuivi leurs études, en premier cycle, un an après leur entrée), les étudiants en double cursus étant éliminés, mais les réorientations étant prises en compte (un étudiant entrant dans une discipline A, mais se réorientant au cours de l'une des deux années suivantes vers la discipline B, étant comptabilisé comme entrant dans la discipline B). Ce taux de réussite était alors décliné sur deux, trois, quatre et cinq ans 105( * ) . Au niveau national, le taux de réussite ainsi obtenu était de 45,5 % en deux ans (la durée normale), de 68,8 % en trois ans et de 79,7 % après cinq ans. Cependant, le taux de réussite en deux ans variait du simple au triple entre Paris-VIII (22 %) et Paris-IX (80 %) ;

- dans un second temps, cette étude s'efforçait d'éliminer l'incidence de certains facteur pour calculer un taux de réussite attendu ou simulé, compte tenu du profil des étudiants entrants à l'université. Les facteurs pris en compte étaient au nombre de trois : la série du baccalauréat (littéraire, économique, scientifique ou technologique), l'âge au baccalauréat selon trois modalités (« à l'heure » ou en avance, en retard d'un an, en retard de plus d'un an) et la discipline d'inscription selon sept modalités (droit, économie, et AES, lettres, langues, sciences humaines, sciences et STAPS). L'écart entre le taux de réussite effectif et le taux de réussite « attendu » correspondait alors à la « valeur ajoutée » de l'université.

Les résultats ainsi obtenus sont reproduits dans les tableaux ci-après.

Taux de réussite réels et simulés à la session 1999 par établissement pour tous bacheliers (hors professionnels) inscrits dans toutes les disciplines du DEUG

ETABLISSEMENT

Taux de réussite au DEUG

Valeur ajoutée

Taux en 2 ans

Valeur ajoutée

Réels

Simulés

Réels

Simulés

 
 
 
 
 
 
 

AIX I

87,5

82,1

5,4

50,4

49,4

1,0

AIX II

88,7

84,7

4,0

49,8

48,1

1,7

AIX III

70,6

73,8

-3,2

37,3

37,8

-0,5

AMIENS

77,0

80,7

-3,7

44,9

46,4

-1,5

ANGERS

85,3

80,0

5,3

53,5

45,7

7,8

ANTILLES-GUYANE

57,6

71,8

-14,2

27,6

38,4

-10,8

ARTOIS

78,1

79,4

-1,3

46,5

45,3

1,2

AVIGNON

99,4

76,6

22,8

55,8

42,5

13,3

BESANCON

81,9

79,1

2,8

49,7

45,0

4,7

BORDEAUX I

79,6

84,2

-4,6

37,1

41,1

-4,0

BORDEAUX II

100,0

84,2

15,8

54,0

51,0

3,0

BORDEAUX III

72,2

82,5

-10,3

41,8

51,4

-9,6

BORDEAUX IV

58,6

70,3

-11,7

29,0

40,1

-11,1

BREST

89,5

79,4

10,1

53,0

45,3

7,7

BRETAGNE SUD

74,5

76,8

-2,3

48,8

43,1

5,7

CAEN

68,9

81,1

-12,2

37,5

46,9

-9,4

CERGY PONTOISE

86,2

76,1

10,1

45,4

40,7

4,7

CHAMBERY

85,0

81,0

4,0

51,4

46,6

4,8

CLERMONT I

72,7

72,7

0,0

42,3

40,2

2,1

CLERMONT II

75,9

84,7

-8,8

48,5

49,7

-1,2

CORSE

84,3

78,2

6,1

47,7

44,4

3,3

DIJON

82,6

82,3

0,3

47,8

47,8

0,0

EVRY VAL D'ESSONNE

81,2

71,4

9,8

49,0

37,3

11,7

GRENOBLE I

67,2

87,6

-20,4

39,7

47,4

-7,7

GRENOBLE II

73,4

76,9

-3,5

42,9

44,3

-1,4

GRENOBLE III

86,2

82,4

3,8

56,3

51,1

5,2

LA REUNION

76,1

78,7

-2,6

40,5

44,5

-4,0

LA ROCHELLE

82,7

78,0

4,7

39,0

41,7

-2,7

LE HAVRE

90,7

75,6

15,1

61,6

42,1

19,5

LE MANS

79,3

82,5

-3,2

47,2

47,8

-0,6

LILLE I

71,0

83,7

-12,7

41,3

44,4

-3,1

LILLE II

60,6

76,1

-15,5

32,3

43,0

-10,7

LILLE III

80,4

80,9

-0,5

48,6

49,6

-1,0

LIMOGES

80,8

81,3

-0,5

40,3

46,6

-6,3

LITTORAL

74,0

77,7

-3,7

45,6

44,1

1,5

LYON I

88,5

83,3

5,2

50,6

42,2

8,4

LYON II

99,7

81,3

18,4

64,1

50,0

14,1

ETABLISSEMENT

Taux de réussite au DEUG

Valeur ajoutée

Taux en 2 ans

Valeur ajoutée

Réels

Simulés

Réels

Simulés

LYON III

84,0

76,6

7,4

49,5

44,2

5,3

MARNE LA VALLEE

80,2

79,1

1,1

42,6

44,6

-2,0

METZ

82,5

79,3

3,2

48,4

45,5

2,9

MONTPELLIER I

70,6

77,5

-6,9

35,0

44,0

-9,0

MONTPELLIER II

84,4

82,6

1,8

36,4

39,9

-3,5

MONTPELLIER III

94,2

81,6

12,6

50,4

50,4

0,0

MULHOUSE

65,8

79,5

-13,7

42,5

45,6

-3,1

NANCY I

83,4

88,1

-4,7

44,1

46,7

-2,6

NANCY II

85,7

78,5

7,2

43,4

46,6

-3,2

NANTES

78,8

82,3

-3,5

45,5

47,8

-2,3

NICE

73,5

79,7

-6,2

41,4

45,5

-4,1

ORLEANS

77,9

80,9

-3,0

42,4

46,3

-3,9

PACIFIQUE

51,7

62,2

-10,5

25,5

31,5

-6,0

PARIS I

85,7

79,1

6,6

51,2

46,6

4,6

PARIS II

71,0

74,3

-3,3

45,0

40,1

4,9

PARIS III

59,2

80,8

-21,6

41,3

49,6

-8,3

PARIS IV

82,0

83,2

-1,2

55,6

52,0

3,6

PARIS IX

99,1

93,4

5,7

80,7

59,4

21,3

PARIS V

84,5

75,1

9,4

40,7

41,8

-1,1

PARIS VI

82,1

83,7

-1,6

38,8

39,1

-0,3

PARIS VII

82,8

80,7

2,1

42,2

44,4

-2,2

PARIS VIII

41,8

69,8

-28,0

22,9

40,5

-17,6

PARIS X

79,8

75,0

4,8

52,9

43,1

9,8

PARIS XI

81,9

79,2

2,7

41,7

40,6

1,1

PARIS XII

86,2

75,8

10,4

43,5

42,3

1,2

PARIS XIII

79,2

67,9

11,3

43,4

36,0

7,4

PAU

81,6

79,5

2,1

43,0

44,8

-1,8

PERPIGNAN

100,0

76,4

23,6

65,1

42,9

22,2

POITIERS

77,9

81,7

-3,8

46,9

47,8

-0,9

REIMS

77,5

79,0

-1,5

39,1

45,2

-6,1

RENNES I

79,8

78,7

1,1

40,4

41,1

-0,7

RENNES II

81,8

82,8

-1,0

57,0

50,8

6,2

ROUEN

84,9

77,6

7,3

41,7

44,4

-2,7

ST-ETIENNE

79,2

81,6

-2,4

49,5

47,7

1,8

STRASBOURG I

82,6

86,2

-3,6

36,7

46,8

-10,1

STRASBOURG II

81,2

87,3

-6,1

44,4

55,4

-11,0

STRASBOURG III

63,9

74,4

-10,5

32,0

40,4

-8,4

TOULON

90,8

77,7

13,1

47,3

43,2

4,1

TOULOUSE I

77,4

72,1

5,3

46,4

39,3

7,1

TOULOUSE II

89,1

81,3

7,8

49,0

49,9

-0,9

TOULOUSE III

89,5

85,9

3,6

38,0

45,0

-7,0

TOURS

86,0

81,7

4,3

49,0

47,7

1,3

VALENCIENNES

72,5

80,7

-8,2

38,6

45,7

-7,1

VERSAILLES

71,0

78,8

-7,8

46,2

42,0

4,2

FRANCE ENTIERE

79,7

 

45,5

 

La publication de cette étude a eu un impact considérable , nombre de présidents d'université étant ainsi sommés par les média de s'expliquer sur les mauvaises performances de leurs établissements.

De fait, les chiffres ci-dessus sont sans aucun doute plus satisfaisants que les chiffres bruts qui sont été collectés et publiés chaque année par un grand hebdomadaire.

Votre rapporteur spécial avait toutefois formulé dans son rapport sur le projet de loi de finances pour 2002 les observations suivantes :

« - les indicateurs proposés sont restrictifs . En effet, l'étude ne porte que sur le seul taux de réussite au DEUG alors que les universités peuvent avoir des pratiques d'évaluation et des performances différenciées selon les niveaux ;

- en outre, cette étude ne fournit aucune explication sur l'origine (pédagogie plus ou moins adaptée, examens plus ou moins sévères, critères d'évaluation différents, etc.) des écarts constatés, alors même que le taux de succès à un examen est un critère très ambigu , puisqu'il peut refléter aussi bien l'efficacité des pratiques pédagogiques qu'un plus ou moins grand laxisme en matière d'évaluation : à la limite, toutes les universités qui le souhaitent pourraient très rapidement délivrer 100 % de DEUG en deux ans. En conséquence, le terme retenu de « valeur ajoutée » est sans doute maladroit ;

- par surcroît, et au contraire de la méthode utilisée pour évaluer la valeur ajoutée des lycées, cette étude ne retient pas le critère de la catégorie sociale des parents pour apprécier la valeur ajoutée des établissements. Or les différences sociales produisent des effets continus bien au delà du bac. De même, l'étude n'élimine pas l'impact des ressources financières des étudiants 106( * ) .

Ces imperfections ne doivent pas conduire à réitérer le précédent de 1997, lorsque la réalisation d'une étude semblable par la direction de la programmation et du développement du ministère de l'Education nationale avait fait long feu, en raison notamment des pressions exercées par des universités mécontentes de leurs résultats.

En effet, la publication d'enquêtes plus frustes encore par des grands média démontre que ce type de données correspond à une demande sociale forte et, au demeurant, légitime .

En outre, ce type d'évaluation peut constituer un puissant levier de modernisation, comme ce fut le cas pour les lycées .

Cependant, les observations précédentes illustrent à certains égards les carences du dispositif d'évaluation de l'enseignement supérieur, et invitent à un approfondissement des méthodes employées, ce qui requiert sans doute des progrès sensibles en matière de systèmes d'information.

En particulier il semble aujourd'hui indispensable de développer les travaux sur les liens entre l'insertion professionnelle des étudiants, leurs acquis, les taux de réussite aux examens, les pratiques pédagogiques et les moyens mis en oeuvre (ces derniers paraissant au premier abord entretenir des liens incertains avec les taux de réussite tels que définis ci-dessus)
».

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