B. LE SUIVI DES CONSÉQUENCES RADIOLOGIQUES

La dissémination des radionucléides dépend de la technique utilisée pour les essais, selon les éléments donnés par le CEA :

- les essais sur barge, réalisés à la surface du lagon, ont émis des radionucléides dans la troposphère (partie basse de l'atmosphère terrestre), ainsi que dans les eaux de mer et les sédiments du lagon ;

- les essais sous ballon ont généré des particules plus fines, éjectées vers la stratosphère (située au-dessus de la troposphère), avec des retombées locales plus limitées.

Dans le cas des essais souterrains, le confinement des matières radioactives au sein des cavités-cheminées limite la diffusion des transferts à la biosphère. Certains radionucléides à période longue pourraient toutefois représenter une source d'émission vers la biosphère, notamment en cas de rupture du confinement.

D'une manière générale, la transmission des radionucléides vers les êtres vivants peut suivre des voies directes (inhalation, irradiation externe) ou indirectes (via la consommation d'eau de pluie ou d'aliments irradiés).

La surveillance radiologique est exercée par l'autorité militaire et le CEA sur le territoire des deux atolls concernés. Sur le reste du territoire de la Polynésie, une mission générale de surveillance est confiée au Laboratoire d'étude et de surveillance de l'environnement (LESE), implanté à Papeete et rattaché à l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) 9 ( * ) .

Le ministère de la défense donne les éléments de bilan suivants 10 ( * ) :

- la surveillance radiologique « montre l'existence d'un bruit de fond significatif pour les différents radionucléides d'origine artificielle provenant des retombées des essais nucléaires réalisés dans l'atmosphère par les États-Unis, l'URSS et le Royaume-Uni, dont certains ont eu lieu dans le Pacifique Sud » ;

- l'influence sur le territoire polynésien des retombées des essais français s'est essentiellement limitée à la période des essais atmosphériques ; toutefois, suite à certains essais, « des retombées supérieures aux niveaux attendus ont été détectées dans l'atmosphère des îles de Mangareva, Tureia et Tahiti »,

- après la fin des essais atmosphériques, les radionucléides à vie courte ont disparu rapidement. Des composants à vie plus longue, tels que le césium 137, ont été stockés dans le sol et diffusés dans les végétaux, mais leur niveau est aujourd'hui à l'état de traces pour l'ensemble des îles polynésiennes ;

- dans le domaine marin, une activité est décelée jusqu'à une dizaine de milles des atolls de Moruroa et Fangataufa ; la radioactivité ajoutée par les eaux des lagons en dehors de ces deux zones n'est pas perceptible dans les eaux océaniques polynésiennes ;

- une activité a été mesurée concernant les grands poissons pélagiques pêchés entre 1967 et 1968 à proximité des centres d'expérimentations, mais a rapidement diminué ensuite.

Le ministère indique ainsi que le séjour de l'homme sur ces atolls ne représente aucun problème sanitaire, ce qui rejoint les conclusions du rapport de l'AIEA en 1998. L'exposition sur les atolls serait même inférieure à celle de Tahiti et plus encore de la région parisienne (en raison d'une radioactivité naturelle faible dans cette région du Pacifique).

Ces explications ne suffisent pas à rassurer certains acteurs locaux , qui font valoir les risques potentiels sur la chaîne alimentaire, les poissons pouvant diffuser les éléments radioactifs à travers le Pacifique, en particulier dans le cas où des mouvements de terrain libéreraient des matières piégées dans le sous-sol des atolls.


* 9 L'IRSN est un établissement public à caractère industriel et commercial placé sous la tutelle conjointe des ministres chargés de l'industrie, de la santé, de la défense, de l'écologie et de la recherche.

* 10 Ministère de la défense, La dimension radiologique des essais nucléaires français en Polynésie , 2006.

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