B. LA CHARGE DE LA DETTE DE L'ÉTAT DEVRAIT QUASIMENT DOUBLER ENTRE 2025 ET 2029, POUR CONSTITUER LE PREMIER POSTE DE DÉPENSES DU BUDGET
1. Un nouveau programme de
financement record en 2026,
à 310 milliards d'euros, alors
que la dette de l'État dépasse désormais
2 700 milliards d'euros
Pour 2026, le besoin de financement de l'État s'établit à 305,7 milliards d'euros, en hausse de + 8,0 milliards d'euros par rapport à 2025.
L'augmentation de ce besoin est principalement portée par les amortissements de titres de moyen et long terme, qui croissent de + 7,8 milliards d'euros, pour atteindre 175,8 milliards d'euros (contre 168,0 milliards d'euros en 2025).
Quant au déficit inscrit au tableau de financement de l'État pour 2026, celui-ci s'élève à 124,4 milliards d'euros (contre 130,5 milliards d'euros pour 2025). Une fois les opérations budgétaires sans impact en trésorerie retraitées22(*), le déficit à financer diminue de 0,2 milliard d'euros.
Les ressources de financement proviennent des émissions nouvelles de dette à moyen et long termes nettes des rachats, pour 310,0 milliards d'euros, alors que l'encours des emprunts de court terme baisse de 2,3 milliards d'euros. Les autres ressources de financement s'établissent à - 2,0 milliards d'euros, en raison de l'hypothèse de primes nettes de décotes à l'émission (-5,0 milliards d'euros) partiellement compensées par l'hypothèse des suppléments d'indexation reçus à la réémission de titres indexés (3,0 milliards d'euros).
À fin septembre 2025, l'encours de la dette négociable de l'État s'élevait déjà à 2 757 milliards d'euros23(*). Quant à la dette publique (toutes administrations publiques confondues), elle s'établissait à 3 416,3 milliards d'euros à la fin du deuxième trimestre 2025, soit 115,6 % du PIB, en augmentation de 111,1 milliards d'euros sur les six premiers mois de l'année24(*).
Évolution du besoin et des ressources de
financement de l'État
entre 2024 et 2026
(en milliards d'euros)
|
Exécution 2024 |
2025 LFI |
2025 révisé |
2026 PLF |
|
|
Besoin de financement |
305,7 |
303,5 |
297,7 |
305,7 |
|
Amortissement de titres d'État à moyen et long terme |
155,1 |
168,2 |
168,0 |
175,8 |
|
Valeur nominale |
151,1 |
166,1 |
166,1 |
173,4 |
|
Suppléments d'indexation dus |
4,0 |
2,1 |
1,9 |
2,4 |
|
Amortissement des autres dettes (dettes reprises, etc.) |
2,7 |
1,1 |
1,1 |
2,5 |
|
Déficit budgétaire |
155,9 |
139,0 |
130,5 |
124,4 |
|
Autres besoins de trésorerie |
- 8,1 |
- 4,8 |
- 1,9 |
3,0 |
|
Ressources de financement |
305,7 |
303,5 |
297,7 |
305,7 |
|
Émissions de titres à moyen et long terme, nettes des rachats |
285,0 |
300,0 |
300,0 |
310,0 |
|
Ressources affectées à la Caisse de la dette publique et consacrées au désendettement |
6,5 |
0 |
0 |
0 |
|
Variation de l'encours de titres à court terme |
31,9 |
0,5 |
5,8 |
- 2,3 |
|
Variation des dépôts des correspondants |
- 5,9 |
0 |
0 |
0 |
|
Variation des disponibilités du Trésor à la Banque de France et des placements de trésorerie de l'État |
- 3,4 |
0 |
0 |
0 |
|
Autres ressources de trésorerie |
- 8,4 |
3,0 |
- 8,1 |
- 2,0 |
Source : Projet annuel de performances « Engagements financiers de l'État » annexé au projet de loi de finances pour 2026
2. Une charge de la dette qui devrait devenir à terme le premier poste de dépenses du budget de l'État
En comptabilité budgétaire, la charge de la dette de l'État devrait connaître une croissance soutenue de + 7,49 % en 2026, à 58,0 milliards d'euros, contre 53,5 milliards d'euros en loi de finances initiale pour 2025 (50,8 milliards d'euros en révisé 2025), soit une augmentation de + 4,5 milliards d'euros par rapport à la LFI 2025 (+ 7,2 milliards d'euros par rapport au révisé 2025).
Par rapport au révisé 2025, la charge de la dette augmenterait de 7,2 milliards d'euros, en lien avec :
- un effet volume de + 4,1 milliards d'euros, lié à l'augmentation de l'encours de la dette négociable ;
- un effet taux de + 2,8 milliards d'euros, essentiellement en lien avec la hausse des taux de long terme (+ 2,6 milliards d'euros) ;
- un effet inflation de + 0,6 milliard d'euros correspondant principalement à un retour de l'inflation française vers des niveaux proches de la cible de la BCE ;
- la variation de la charge due aux effets calendaires sur les opérations de l'année, pour - 0,4 milliard d'euros.
Décomposition de l'évolution de la
charge budgétaire
de la dette négociable de l'État
entre 2022 et 2026
(en milliards d'euros)
Source : Projet annuel de performances « Engagements financiers de l'État » annexé au projet de loi de finances pour 2026
En comptabilité générale, la charge de la dette de l'État devrait s'élever à 60,4 milliards d'euros en 2026, soit une augmentation de 8 milliards d'euros par rapport à 2025.
Ainsi que l'avait souligné le rapporteur spécial dans un précédent rapport de contrôle25(*), la charge de la dette de l'État pourrait à terme, à politique budgétaire inchangée, atteindre la barre des 100 milliards d'euros.
De fait, selon le rapport sur la dette des administrations publiques annexé au projet de loi de finances, la charge de la dette de l'État pourrait dépasser 70 milliards d'euros en 2027 et représenter plus de 90 milliards d'euros en 202926(*). En prolongeant cette trajectoire prévisionnelle, la barre des 100 milliards d'euros pourrait être atteinte autour de 2030.
Trajectoire prévisionnelle
d'évolution de la charge de la dette de l'État
entre
2018 et 2029 (en comptabilité générale)
(en milliards d'euros)
Note : les données indiquées pour les années 2025 à 2029 sont des prévisions.
Source : commission des finances, d'après le rapport sur la dette des administrations publiques annexé au projet de loi de finances pour 2026
D'ici la fin de la décennie, la charge de la dette de l'État pourrait ainsi représenter 2,7 % du PIB, contre 1,4 % en 2023. Quant à la charge de la dette de l'ensemble des administrations publiques, celle-ci atteindrait 3,2 % du PIB, contre 1,9 % en 2023.
Évolution de la charge de la dette publique
et de la dette de l'État
en proportion du PIB entre 2022 et
2029
(en points de PIB)
Note : les données indiquées pour les années 2025 à 2029 sont des prévisions.
Source : commission des finances, d'après le rapport sur la dette des administrations publiques annexé au projet de loi de finances pour 2026
* 22 Dans cette ligne figurent, d'une part, l'annulation de la provision pour indexation (- 5,9 milliards d'euros) et, d'autre part,) l'annulation d'une recette liée à la restitution d'une dotation non consommable (+ 6,9 milliards d'euros).
* 23 Agence France Trésor, Bulletin mensuel n° 425, octobre 2025.
* 24 Insee, Informations rapides n° 244, septembre 2025.
* 25 Rapport d'information n° 719 (2023-2024) de M. Albéric de MONTGOLFIER, fait au nom de la commission des finances, sur les facteurs explicatifs des perspectives d'évolution différentes en matière de charge de la dette entre la France et les principaux États européens, juillet 2024.
* 26 Rapport sur la dette des administrations publiques annexé au projet de loi de finances pour 2026.


