DEUXIÈME PARTIE
PRÉSENTATION DES
CRÉDITS PAR DOTATION
I. LA PRÉSIDENCE DE LA RÉPUBLIQUE
A. DES DÉPENSES EN LÉGÈRE HAUSSE
Le budget 2026 prévoit des dépenses de 126,28 millions d'euros, soit une hausse de 0,54 % (+ 0,68 millions d'euros) par rapport à 2025 (125,60 millions d'euros), dans un contexte de stabilité de la dotation de l'État (à 122,56 millions d'euros) depuis 2024.
Budget présenté dans le projet de loi de finances pour 2026
Source : annexe « Pouvoirs publics » au projet de loi de finances pour 2026
Le cadre budgétaire de la présidence de la République
La présentation du budget décline les crédits sous la forme d'autorisations d'engagement et de crédits de paiement, s'appuyant sur la destination de la dépense qui recouvre deux axes, outre les dépenses de personnel :
- les dépenses liées aux activités présidentielles regroupent les déplacements nationaux et internationaux, ainsi que les activités organisées au Palais de l'Élysée (réceptions, dîners, visites officielles, événements) ;
- l'administration de la présidence (qui concerne les ressources humaines et l'administration générale, la gestion immobilière, les moyens généraux, les télécommunications et l'informatique, la sécurité ainsi que l'action sociale interne) et les dépenses d'investissement.
Source : commission des finances d'après l'annexe « Pouvoirs publics » au projet de loi de finances pour 2026
1. Des dépenses de personnel en augmentation contenue
Les dépenses de personnel, premier poste de charges de la Présidence de la République, sont évaluées à 78 millions d'euros en 2026, soit une hausse de 1,5 % par rapport à la loi de finances initiale pour 2025 et une stabilisation par rapport à l'exécution prévisionnelle pour 2025. Ce niveau repose sur l'hypothèse d'absence de mesures exogènes de revalorisations salariales décidées par le Gouvernement.
Les documents budgétaires précisent que la prévision pour 2026 repose sur la poursuite de la maîtrise des effectifs et sur la refonte du schéma d'emplois, destinée à renforcer l'adéquation entre les missions exercées et les besoins fonctionnels des services de la Présidence. Comme l'a récemment souligné la Cour des comptes20(*), l'évolution naturelle du glissement vieillesse technicité (GVT) constitue en effet un facteur structurel de progression de la masse salariale de la présidence de la République.
Le rapporteur spécial constate que malgré quelques variations des effectifs ces dernières années, le plafond d'emplois fixé à 825 équivalents temps plein (ETP) est respecté en fin d'exercice. Selon les informations recueillies par le rapporteur spécial, l'objectif visé est aujourd'hui de 805 ETP.
Évolution des effectifs de la
présidence de la République
entre 2018 et 2025, en fin
d'année
|
Année |
2018 |
2019 |
2020 |
2021 |
2022 |
2023 |
2024 |
1er sept. 2025 |
|
ETP |
816 |
779 |
799 |
800 |
796 |
817 |
822 |
815 |
Source : annexe « Pouvoirs publics » au projet de loi de finances pour 2026
Alors que les effectifs globaux de la présidence tendent à se réduire récemment, le rapporteur spécial souhaite attirer l'attention sur le nombre de conseillers placés auprès du Président de la République, qui demeure quant à lui élevé, avec une moyenne de 49 équivalents temps plein (ETP) en 202521(*). Alors que la situation politique issue de la dissolution de juin 2024 a conduit à un rééquilibrage des pouvoirs au profit du Parlement et du Gouvernement, le maintien d'un tel niveau d'effectifs interroge. En outre, les effets de la fin des mutualisations entre la Présidence de la République et les services du Premier ministre - dont les conseillers demeuraient au nombre de 75 au 1er juillet 202522(*) - sur l'évolution des effectifs n'ont pas été suffisamment expliqués23(*). En tout état de cause, elle a de facto constitué un frein à la réduction du nombre de conseillers relevant de ces deux institutions.
Une diminution du nombre de conseillers pourrait, ainsi, constituer une source d'économies et participer à une rationalisation des moyens de la Présidence de la République.
Évolution des effectifs moyens annuels de conseillers du président de la République entre 2020 et 2025
(en ETP)
Source : réponses au questionnaire du rapporteur spécial
2. Des dépenses hors activité présidentielle en légère baisse
Les dépenses hors activités présidentielles regroupent le fonctionnement des services (« Administration de la présidence ») et les investissements. Elles s'élèvent à 24,3 millions d'euros en 2026, contre 24,6 millions d'euros dans le budget initial pour 2025, soit une légère baisse de - 1,2 %.
a) Des dépenses de fonctionnement, hors activités présidentielles, en progression limitée
Les dépenses de fonctionnement hors activités présidentielles, prévues à 17,8 millions d'euros, sont en légère progression par rapport au budget initial pour 2025 (17,1 millions d'euros, soit + 3,9 %), et en légère baisse par rapport à l'exécution prévisionnelle 2025 (17,9 millions d'euros).
Ce niveau est présenté comme un seuil minimum par la présidence de la République pour le financement des frais inhérents au fonctionnement de chaque service, la gestion immobilière, les frais de télécommunications, les installations informatiques, la sécurité des personnes et des biens et enfin l'action sociale interne.
b) Un niveau d'investissement qui poursuit sa contraction
Les crédits d'investissement s'établiraient à 6,5 millions d'euros en 2026, soit environ 13,5 % des dépenses hors personnel. Ils se répartissent principalement entre, d'une part, les dépenses liées à la sécurité, aux télécommunications, à l'informatique, au numérique et aux moyens audiovisuels, et, d'autre part, celles consacrées à la gestion immobilière.
Après une année 2024 marquée par la réalisation d'opérations structurantes (géothermie, raccordement au CPCU, Maison Élysée, rénovation des grandes cuisines et des bureaux), la programmation 2026 traduit une nouvelle contraction des investissements, amorcée en 2025. Selon la Présidence de la République, cette diminution tient à l'achèvement de plusieurs grands projets immobiliers inscrits dans le schéma directeur 2023-2027, articulé autour de trois priorités : le développement durable (géothermie, végétalisation, et bornes de recharge électrique), la qualité de vie au travail (aménagement et rénovation des locaux), et la mise aux normes techniques et de sécurité des emprises. Entre l'exécution 2024 et le budget 2026, les dépenses d'investissement diminueraient de 2,9 millions d'euros, soit une réduction de 30 %.
3. Des dépenses liées aux activités présidentielles en léger recul
Les dépenses liées aux activités présidentielles s'élèvent à 24 millions d'euros en 2026, soit un niveau globalement stable depuis 2024 (- 0,7 % par rapport au budget initial de 2025, soit - 0,2 million d'euros). Elles se répartissent entre 20 millions d'euros consacrés aux déplacements officiels, montant stable depuis 2024, et 4 millions d'euros pour les activités dites « palais », en baisse de - 4,3 % par rapport au budget initial de 2025 (4,18 millions d'euros).
S'agissant des déplacements officiels, la stabilité des coûts depuis 2024 s'expliquerait notamment par une baisse du coût moyen par déplacement, tandis que parallèlement était enregistrée une hausse du nombre de déplacements au premier semestre 2025 (39 contre 34 à la même période en 2024, soit + 15 %). Le coût moyen serait passé de 780 000 euros à 545 000 euros par déplacement, traduisant selon l'Élysée les efforts de rationalisation engagés par la Présidence, notamment par la réduction de la taille des délégations et le renforcement du cadrage et de l'anticipation logistique.
Le rapporteur spécial encourage la poursuite et l'approfondissement de ces démarches, en particulier en matière de refacturation des coûts liés aux événements et aux voyages officiels24(*).
Évolution des dépenses de
déplacements
de la présidence de la République
(2008-2026)
(en millions d'euros)
Source : commission des finances
* 20 Les comptes et la gestion des services de la Présidence de la République, exercice 2024.
* 21 Au 1er septembre 2025.
* 22 Source : jaune budgétaire « Personnels affectés dans les cabinets ministériels », annexé au projet de loi de finances pour 2026.
* 23 Selon le rapport de la Cour des comptes sur Les comptes et la gestion des services de la Présidence de la République, exercice 2024, « au 31 décembre 2024, le cabinet du Président de la République [était] composé de 54 membres (48 en 2023 et 46 en 2022). Cette augmentation est liée à la disparition des mutualisations de postes de conseillers avec le cabinet du Premier ministre après la dissolution de juin 2024. Quatorze postes étaient concernés. »
* 24 Voir infra.


